Impact des violences dans les banlieues fin 2005

Quel est l’impact de ces violences qui ont déchaînées les banlieues ? Tout dépend bien sur de leur durée, si ça se calme vraiment ou si ça continue encore…

Mais dans tous les cas on peut en tirer plusieurs conclusions.

Tout d’ abord il me semble que ça marque l’échec de la politique Chirac et de ses deux slogans de campagne : « lutte contre la fracture sociale » et « lutte contre l’insécurité »

La fin se son règne sera difficile, lorsqu’il devra affronter un bilan mitigé, voire mauvais, autant face aux électeurs de gauche, que de ses partisans de droite. Et puis les juges l’attendent…

Pour les autres personnages de droite : De Villepin me semble ne pas s’être trop exposé ; certains lui reprocherons de n’avoir pas été assez présent. Mais sa situation ne semble pas affectée en soi.

Pour Sarkozy… Je pensais au départ des émeutes que cela allait l’affecter, car cela semblait montrer l’insuffisance d’une politique sécuritaire tout en le réduisant à ce rôle. De plus, il a commis plusieurs maladresses… Et face à une situation qui s’étendait, il paraissait impuissant, et critiqué.

Pourtant d’un autre coté, cela recentrait le débat, les préoccupations sur l’insécurité et l’immigration, dans un premier temps. La situation est devenue grave, et cela a favorisé le soutient d’une majorité à sa méthode, à ses actions, sur cette crise. Face à la gravité du problème, la nécessité d’un traitement sécuritaire d’une part, et social et de grande ampleur de l’autre sont apparues. Ainsi il a pu sortir de l’ornière sécuritaire où il était, et aborder tous les sujets : « les gens ne veulent plus de la délinquance et des allocs, mais un travail et de la sécurité ».

Avec les jours qui passent, on voit qu’il est même monté dans les sondages. C’est peut-être parcequ’il a été attaqué maladroitement. Il ne faut pas faire croire que c’est parcequ’il a appellé « racaille » des « racailles » que ça s’est enflammé. Malek Boutih notamment les a déjà qualifié ainsi, sans que ça provoque de remous. Et ils s’appellent eux-même comme ça. Je me souviens d’un sondage dans 20 minutes « comment vous habillez vous ? 15% des jeunes de je sais plus quel âge avaient répondus : « style racaille ».

Par contre, la manière, et le lieu (aller dans les cités la nuit, ça fait un peu je vais au zoo avec des journalistes…), et un personnage pas très aimé déjà. Le « nettoyage au Karcher », j’ai trouvé ça plus limite, puant le démago.

D’autres ont pu en profiter, notamment Borloo, qui a pu dire : »je l’avais dit », ou encore la gauche sécuritaire : « sécurité, mais plus de social.»

Par ailleurs, ça renforce de manière plus globalement la gauche de gouvernement, et finalement De Villepin remet en oeuvre tout ce que Raffarin avait supprimmé: emplois-jeunes, police de proximité, aides aux assoc…

Mais finalement, la secousse a été profonde, et je pense que cela a dépassé les clivages droite-gauche. Ainsi les idées d’un traitement social nécessaire, tout en étant ferme sur la sécurité s’est je pense imposé dans l’opinion, et dans pas mal de politiques.

C’est une autre secousse profonde, après le réferendum, qui avait révélé, pas seulement par le résultat mais par la campagne, une désespérance sociale, et déjà un dépassement des clivages traditionnels.

Donc c’est peut-être une des leçons, face à une crise grave, les dogmes et idéologies sont disqualifiés par les faits. Ainsi, soit des solutions extrêmes sont envisagés. Montées de l’extrême gauche et de l’extrême droite. C’est plausible mais je crois peu probable. Lorsque la situation est extrême, les centristes deviennent extrémistes, et alors les révolutions ont lieu. Ou encore, trouver des combinaisons et des réponses nouvelles. Ainsi la grande coalition allemande, qu’on peut voir en partie sous cet angle. Et peut-être, en France, un vote qui sera plus concret : « que proposez vous concrètement pour régler ça… » Enfin, une troisième voie médiane, est une démarche nouvelle qui s’appuie sur les extrêmes… On voit cette tentation naître, on l’a vu à gauche, on le voit à droite…

De nombreuses autres questions peuvent être posées :

ces chocs peuvent-ils être salutaires (ce qui légitime la violence, mais permet un rebond),

comment réagir à moyen terme, avant que les grands plans ne produisent leurs effets…?

quel est l’état des discriminations raciales en France ? (ma position est que c’est avant tout des disciminations sociales, pas assez de qualifications, des discriminations culturelles : langage « quartier » qui ne permet pas d’être embauché, et des préjugés qui identifient tous les jeunes des quartier à des racailles. Mais il y a aussi du racisme, si 5% des patrons le sont, ça compte, et si à cela on ajoute la pression des clients racistes… Ca fait un poids. Mais la victimisation n’est pas la solution)

dans quelle mesure doit on employer une forme de discrimination positive ?

Est-ce avant tout une révolte sociale ?(oui, mais…)

Comment apaiser les relations avec la police ? (aux Etats-Unis, des enquêtes ont montré que les flics noirs font autant de contrôle au faciès que leurs collègues blancs: ils intègrent les préjugés, ou font par déduction probabiliste : il y a plus de délinquant dans la pop noire, il faut donc plus contrôler les noirs…)

est-ce que les tours sont à l’origine des problèmes ?(facteur agravant, mais dans les autres pays, souvent les quartiers difficiles sont dans des rues pourries mais pas dans des tours..)…

Tout cela n’est pas facile… Mais je suis plutôt optimiste, réaliste, noir mais pas désespéré. Dans d’autres domaines je n’aurai pas le même diagnostic, mais je pense que le problême de la ségrégation sociale et ethnique, les banlieues, seront moins aigus dans 20 ans.

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