Et maintenant.. Plusieurs simulations et projections pour les législatives.

La première étape était difficile, il faut maintenant logiquement la confirmer en gagnant le second tour pour Macron.
Mais il y a surtout une deuxième étape à préparer dès maintenant : gagner les législatives !

En effet, la première étapes est indispensable, mais cette année les législatives sont toutes aussi importantes que les présidentielles.

Bien entendu la victoire est quasi-certaine. En restant prudent et mobilisé, bien sûr.

Les sondages le prédisent, avec des indices de certitude de choix élevés.
Mais au delà, le socle de Macron, déjà supérieur de 1M de voix au premier tour, va s’additionner avec tout une partie de vote « automatique », de rejet du front national, chez de nombreux électeurs de gauche, chez une France immigrée ou proche de celle-ci, ainsi qu’avec tous ceux qui soutiennent des partis de gouvernement, pour qui la politique économique de LePen parait aléatoire.

Et il y a des contrefeux : si les sondages montrent un resserrement au gré de la campagne, si elle met Macron en difficulté lors du débat par exemple, il y aura une mobilisation supplémentaires de ceux qui s’exonèrent du choix car ils sont sûr qu’il va gagner.

Cependant la campagne actuelle est capitale. Faut-il se concentrer pour gagner le second tour avec le score le plus élevé, ou préparer déjà les législatives?
D’une part cela peut donner une dynamique (mais il ne pourra pas se prévaloir de ce score), car s’il gagne un peu juste il en restera une impression de « mauvaise campagne »; de l’autre il peut y avoir un intérêt à privilégier une tactique plus clivante. Il peut se permettre de gagner avec 58% au lieu de 63%, en essayant de créer de l’adhésion pour lui, du trouble chez les républicains ou au PS, pour viser une majorité aux législatives.

Je pense qu’il ne faut pas rester sur une posture morale, comme il l’a un peu trop fait les premiers jours, ou répondre à la caricature par la caricature. Il faut profiter de son temps d’exposition, pour expliquer et détailler ses mesures, répondre aux attaques. Avec une part plus importante de téléspectateur qui auront une oreille bienveillante, lors du débat, il faut capitaliser pour mobiliser son électorat et l’élargir lors des législatives.

Je pense qu’il faut donc jouer sur les deux tableaux, et oser aller cliver pour décrocher une partie des électeurs de leurs partis d’origine pour les législatives. Ceux qui sont venus par vote utile ou car ils n’aimaient pas leur candidat doivent confirmer aux législatives.

Au delà de la tactique, il y a également un enjeu démocratique : aller vers les classes populaires, les zones rurales, pour éviter une fracture trop grande, réelle et politique, et caricaturale entre deux France. Il faut comprendre le désarroi et proposer des réponses. Le discours d’aujourd’hui à Chattelerault est intéressant de ce point de vue (pas de fermeture d’école en milieu rural, précisions sur le déploiement haut-débit…)

La suite après l’élection sera également importante : investitures, nomination du gouvernement, discours de politique générale, gestion des premiers troubles et plans sociaux, entre deux tours. C’est cela aussi qui amplifiera le réflexe de soutien au Président élu, pour éviter une cohabitation, aux législatives.
On se souvient des législatives de 2007, l’impact de la tva sociale, soulignée entre les deux tours, avec une vague bleue au premier tour, (impression que tout était fait) qui a retourné le second tour, entre 50 et 100 députés sauvés pour la gauche.

 

Car les législatives sont particulièrement ouvertes, complexes à anticiper. Voici quelques projections que j’ai faites à partir du fichier des résultats par circonscription.
(Les circonscriptions des Français de l’étranger ne sont pas prise en compte.)

1/ Première simulation de base : j’ai pris les résultats, auxquels j’ai seulement appliqué une participation différentielle à chaque électorat.

Cela peut correspondre à une situation où chaque force à cristallisé son électorat. Ainsi ceux qui ont voté « tactique » pour Macron resteraient (ou bien seraient compensés par autant qui viendraient soutenir le Président pour éviter une cohabitation). Le PS, durablement affaibli, ne reprendrait pas non plus d’électorat à la France insoumise, et EELV et le PC seraient également étouffés. De même à droite. 

J’ai pris comme hypothèse une participation en diminution de 20 points sur chaque circonscription. (cela correspond à une diminution de votant de 23 à 30% en fonction de la participation au premier tour, voire 68% sur certaines circonscriptions d’outre mer).

En effet lorsque l’abstention augmente, (entre présidentielle et législative par exemple) il a été constaté qu’elle augmente encore plus dans les endroits qui participent moins.

Pour la participation différentielle j’ai pris en compte deux éléments : on constate que certains électorats votent moins aux législatives que d’autres (catégories populaires, jeunes). Par ailleurs j’ai pris en compte le fait que les électorats des vainqueurs se mobilisent plus que ceux qui ont perdus, (notamment face à des partis en crise).

J’ai donc pondéré la baisse globale de participation par électorat (ex : pour le PS, la diminution de votant sur la circonscription est diminuée de 10% du fait de la sociologie, mais est augmentée de 15% du fait d’une moindre mobilisation)

  EM
FN
LR
FI
PS
participation sociologique (age, csp) 0,2 -0,3 0,3 -0,2 0,1
niveau de démobilisation, dynamique 0,25 0,15 -0,1 -0,15 -0,15
         

 

Le résultat est :

moyenne des circonscription :

EM
FN
LR
FI
PS
26,74% 19,65% 20,70% 16,93% 6,15%

Cela donne lieu à 63 triangulaires, et 503 duels.

Voici la présence au second tour :

EM
FN
LR
FI
PS
516 274 276 129 0

Je n’ai pas eu le temps d’aller plus loin dans l’analyse pour l’instant.

Première indication : avec une participation nationale autour de 58%, il y a assez peu de triangulaire.
Cette hypothèse correspond à un ras de marée pour EM, avec un FN également très fort.

 

2/ Deuxième simulation : j’ai simulé des transferts de voix entre les partis, en fonction de plusieurs critères, puis j’ai appliqué la participation différentielle.

Il s’agit d’un premier jet « instinctif ». Le résultat me parait peu probable, donc j’ai effectué une troisième simulation. Mais parfois à trop censurer ses premières analyses, on passe à coté de certaines choses, je présente donc cette hypothèse.

J’ai pris en compte les retour de « vote utiles » portés sur EM et FI sur les autres partis, mais également la volonté d’éviter une cohabitation, qui tempère le premier mouvement.
J’ai également intégré la différence législative/présidentielle : enjeux locaux, moins personnalisé (bénéficie à LR et PS, mais nuit à FI), ainsi que la présence de candidats PC, EELV, divers gauche et divers droite. J’ai également considéré qu’une part des électeurs LR seront cristalisés sur le Front national par le second tour, ceux qui n’accepteront pas que leur parti appelle à voter Macron alors qu’ils se sentent plus proche du FN.

Considérant l’ancrage local, il est à relativiser : les nouvelles limites au cumul des mandats génèrent un renouvellement important, y compris dans les partis existants. Par ailleurs En Marche aura aussi un ancrage, par des députés sortants, ou en choisissant des personnalités qui ont un existence locale.

Cela donne donc :

moyenne des circonscriptions :

EM
FN
LR
FI
PS
25,13% 19,70% 17,13% 9,72% 11,24%

Avec 555 duels et 11 triangulaires. En effet il y a plus d’éparpillement des voix.

Cela donne une présence au second tour :

EM
FN
LR
FI
PS
536 369 186 4 48

Avec ces premières hypothèses, EM et le FN ressortent très forts.
LR est faible, et l’éclatement entre PS, FI, une partie restant sur Macron, et le PC,EELV, le PRG, l’extrême gauche balaye la gauche de la carte.

Cela parait cependant trop favorable à EM, au détriment de LR et de la gauche.

J’ai donc fait tourner une 3eme hypothèses.

3/ 3eme simulation : j’ai augmenté le retour des votes utiles, et diminué le réflexe présidentiel, ainsi que réduit les différences de participation différentielle. C’est en gros l’hypothèse moins favorable à En Marche, si la campagne jusqu’aux législatives n’est pas bonne.

moyenne des circonscriptions :

EM
FN
LR
FI
PS
20,47% 17,09% 21,30% 10,78% 12,09%

La gauche hors EM étant toujours très éclatée, cela entrave fortement son accès au second tour. Une repolarisation plus classique, avec un affaiblissement du FN et de EM par rapport à ses scores de la présidentielle profite logiquement à LR.

EM
FN
LR
FI
PS
357 232 496 21 26

Il n’y a alors aucune triangulaire. En effet le FN est plus haut là où l’abstention est forte, donc où le seuil pour atteindre une triangulaire est élevé.

Cependant cela ne préjuge pas des reports au second tour : EM étant une force centrale, elle peut être difficile à battre au second tour, lorsqu’il y a des réserves, notamment à gauche. En effet le PS et FI se neutralisent, alors qu’ils ont des scores corrects en cumulé dans cette hypothèse.

Donc quelques enseignements si mes calculs et hypothèses sont valables : gauche divisée en mauvaise posture, EM peut avoir une majorité, même absolue, mais une victoire de la droite ne peut pas non plus être exclue, bien que la force du FN pénalisera LR.

Avec les dilemme de ligne, de leaderchip que LR va avoir, et la concurrence du FN, si Macron réussit sa campagne de second tour et ses premières semaines de Président, je pense qu’une majorité forte pour EM est le plus probable, mais peut être pas absolue.

 

Je referrai probablement tourner mon modèle à nouveau dans les prochains jours, peut-être avec de nouvelles hypothèses, ou en tentant des projections de second tour, si j’ai le temps.

 

 

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