Archive for the ‘poèmes, chansons, nouvelles’ category

Révolution (2004)

Mai 5, 2005

Le bonheur qui m’effleure

Ne teint pas la vie en rose,

Fleur plantée dans le cimetière

Qui attend que le ciel l’arrose.

Tant de questions

Aux réponses diverses,

Questions que je déverse,

Sur une douce mélancolie…

Un volet claque,

Ce n’est qu’un fait divers,

Auquel s’accroche ma tendre folie,

S’accroche ma tendre folie…

Des questions qui s’enchaînent

Comme une grande avalanche,

Mots sans joie ni peine,

Millions de tonnes d’une poudre blanche…

Je ne comprends pas toujours

Mon regard,

D’où il vient,

Et ce qu’il voit,

Et pas mieux,

Ce brouillard derrière mes yeux,

Dans ma tête fatiguée

Qui m’empêche de voir,

En moi…

Je colmate cet échec

Qui a explosé en moi,

Echec et mat mon roi

M’a dit la vie

Mais c’était une connerie,

Par la révolution des pensées,

Je naît une deuxième fois,

J’ai mal, j’ai mal

Mal à la tête,

Et c’est normal!…

Vieux ponts et préjugés

Défaits par le fleuve en furie

Tombent dans l’écume

Ne laissent plus passer, merci

D’idées nauséabondes;

L’orage intense vibre dans mon corps,

Des battements de cœur qui grondent,

Des larmes qui, sans mon accord,

Se jettent à contresens…

A l’unisson de mes idées,

Mes membres sont en transe

Des millions d’hommes, des millions de femmes,

Des millions d’âmes, des millions de tempêtes,

Se mettent en mouvement,

Submergeant les châteaux en fête,

Dans les cris et le sang

C’est une insurrection violente

En moi,

Révolution du libre-arbitre

Que je mène enfin,

Brisant la vitre,

Courant au loin,

Je sors de ma prison…

Je colmate cet échec

Qui a explosé en moi,

Echec et mat mon roi

M’a dit la vie

Mais c’était une connerie,

Par la révolution des pensées,

Je naît une deuxième fois,

J’ai mal, j’ai mal

Mal à la tête,

Et c’est normal!…

Dans le cloaque espérance (2004)

avril 5, 2005

La rumeur plane,

Le vent siffle et souffle,

Dans les oreilles des esprits

Que le roi s’essouffle

Que dans ses derniers remords

Il tue les insoumis…

L’attente brûle dans les corps

Souvenir des soirs ardents

Le vent l’emporte vers les marais

Le roi hurle à la mort

Il pleure, pleure le présent

Et hurle sans arrêt…

La foule désespérée

Crève de faim

La foule désemparée

Crève de l’oppression

La foule déterminée

Crève, crève la prison des pensées

La main de fer

La colère de l’enfer,

S’abattent sur la ville,

Les masses malhabiles

Pleurent ce qu’elles détruisent

Détruisent quand même…

Comme un miroir de haine

La révolte exprime sa violence

Frustration incontrôlée

Que le passé entraîne

Une révolution pleine d’impatience

En train de brûler…brûler…

Puis les hommes sortent

De leur tanière honteuse,

Lèvent un regard sombre

Vers une vie plus heureuse,

Oubliant certaines amitiés

Et quelques saluts osés…

L’espoir fait vivre

L’espoir fait sourire

Les pouvoirs d’hier

Les pouvoirs de demain

Les nouveaux héros

Les salops déjà d’hier

Dans la ville apeurée

Où la peste sévit

Des barricades désenchantées

Coupent les artères du palais ;

Le sang coule

Mais la ville revit…

Ployant sous les corps

Pleurant ses morts

Un ordre s’effondre,

Plongeant sous les gravats

A l’affût des remords,

Il pense qu’il reviendra…

Dans le cloaque espérance,

Le chemin est obscur,

Mais d’horreurs en erreurs

A travers les murs

Les hommes avancent

Les insoumis veulent un futur…

Dans le cloaque espérance

Entre sourires et larmes

Le peuple reprend confiance,

Et certains sortent leurs armes,

Pour proclamer leur république ;

Vent de panique…

Dans le cloaque espérance,

Le chemin est obscur,

Mais d’horreurs en erreurs

A travers les murs

Les hommes avancent

Les insoumis veulent un futur…

Les insoumis veulent un futur

Se battent pour un futur…

En moi (2004)

mars 5, 2005

Tu es là

Quelque part,

Je n’y suis pas

Car pour ma part

J’ai peur de toi,

De je ne sais quoi,

De ne pas pouvoir…

Je ne sais pas

Où je suis

Je te suis

Mais n’ose pas

Pas à pas

M’imprégner de toi

Jamais loin,

Où que je sois,

Tu brilles en moi,

D’un feu ancien

Je t’apperçois

Plein d’effroi

Je ne comprends pas…

J’avance

Dans le brouillard

Envie de toi,

Le court chemin

Est trop noir

Mais moins étroit,

Enfin…

.

En moi dans cette marche

Ce n’est pas une femme que je cherche,

C’est une réponse;

Une lame de lumière

Que je forge quand je pense,

Pour vaincre l’éphémère…

Je suis plein d’envie

Mais peur de donner

Un sens à ma vie…

Pour vaincre

Mon monde trop sourd

Je dois trouver,

Une des clefs,

Qui s’avancent

Jour après jour,

Espoir de chance…

Je dois me résoudre

A attendre

Sans les atteindre

Seulement m’étendre

Et éteindre,

Jusqu’à demain

Jusqu’à demain…

En moi dans cette marche

Ce n’est pas une femme que je cherche,

C’est une réponse;

Une lame de lumière

Que je forge quand je pense,

Pour vaincre l’éphémère…

Je suis plein d’envie

Mais peur de donner

Un sens à ma vie…

(trip sans voix +montée douce)

Je trouverais

Bientôt la force,

Cette amorce

D’un nouveau départ

Franchir les remparts

De celui,

Que je ne suis pas…

En moi dans cette marche

Ce n’est pas une femme que je cherche,

C’est une réponse;

Une lame de lumière

Que je forge quand je pense,

Pour vaincre l’éphémère…

Je suis plein d’envie

Mais peur de donner

Un sens à ma vie…

Long John (2004)

février 5, 2005

Existence d’un homme

Croître sans grandir,

Sortir des gonds de l’enfance, sans s’ouvrir

Rester entre deux mondes, accroché à cette porte,

Qu’est ma faiblesse, mon corps

Qu’est la peur de vivre, la peur de la mort…

La boisson m’emporte.

Encore une journée qui passe dehors…

Hors de moi,

Depuis longtemps déjà,

Je trace mon étroit sentier,

Qui tourne en rond, sans rebondir…

J’essuie mes larmes, comme mes échecs,

Payant comptant en jours gâchés ;

Je signe chèques sur chèques

Vide mon compte de tous ses sentiments…

Au pied du glacier, j’attend, mais j’ai peur de l’avalanche…

Toi qui m’écoute, toi qui suis moi,

Toi qui rêve quand je m’endort,

Permet nous de ne pas mourir de froid…

Ce soir, je me demande très fort,

Comment changer mes lois,

Pour pouvoir choisir ma vie, mon ange,

Ce soir j’ai envie que tout s’arrange…

Je suis le futur, je suis le passé,

Mais sans présent, rien n’est plus,

Rien d’autre qu’une impasse,

Un autre moment de plus…

Je vois se lever le jour

Sur une ville endormie

Le ciel est noir, lourd

Ma tête retrouve l’envie,

Détruire et reconstruire…

Je retrouve un goût à tout ça,

Une sensation de dégoût, dégoût,

A boire et déboire ma vie,

Je suis prêt au combat

Retourner dans ma misère

Est mon choix

Je vaincrai ou je partirai…

Les portes de la lumière

Ne sont pas

Comme je le croyais

Dans ces verres ;

Sombrer pour ne pas sombrer

Etait un mauvais choix,

Une absence de choix,

Une absence de choix…

Toi qui m’écoute,

Toi qui suis moi,

Toi qui rêve quand je m’endors

Je pense qu’il est temps

De vivre peu à peu,

Réponds si tu m’entends…

Je pense que je le peux,

Me séparer de toi,

Mon gars,

Liqueur qui emplit mon estomac

Que je bois, trop souvent,

Que je bois trop souvent,

Toi qui suis moi, toi qui suis moi

Long John…

Toi qui suis moi, toi qui suis moi,

Long John…

Je pense qu’il est temps

De vivre peu à peu,

Réponds si tu m’entends…

Je pense que je le peux,

Me séparer de toi,

Long John…

Juste une dernière chose… (2003)

janvier 5, 2005

Juste une dernière chose…

Tu dis que la vie a changée,

Bouche pleine de sourires

Tu parles depuis trop longtemps…

Laisse-moi, laisse-moi

Je suis occupé à souffrir,

Car tes yeux ne mentent pas…

Transparente description

De tes idées obscures,

Ils me hurlent de sang froid

Cette apparente disparition

De celle que j’aime…

Trop, de mystères en toi,

Le mystère c’est plein d’espoirs déçus.

Trop de colère dans ma voix,

Trop de peur dans ta vue

C’est mieux que tu sortes je crois…

Si je pouvais,

je vendrais mon âme

Pour déranger

la marche du temps,

Si je pouvais,

je vendrais mon âme au diable

Mais j’en suis bien incapable,

Je suis innocent

Je ne paierai pas comme un coupable

Je n’aime ni le feu, ni le sang…

J’attendais pas

Cette réponse que tu m’as faite

A une question jamais posée,

Réponse imparfaite

Que t’as opposée

Sans rien proposer d’autre

A mon fragile bien-être

A ma vision délabrée

D’un amour décadent,

Pleine de belles illusions

De souvenirs toujours présents…

Je m’écarte

Un train qui passe

C’est mon bonheur qui déraille

Vaut mieux que je parte

Vaut mieux que tu t’en aille…

(………………………………………………………………………………)

Fragile remontrance,

Le regard triste m’en veut,

Entretient le lourd silence.

Pièce vide de sons, pleine de sens,

Réduite à quatre yeux fâchés,

La chambre attend.

La peur complique le couple,

Nous avons peur de nos propres ombres,

Peur d’avoir peur…

Nous nous sommes trouvés, je t’ai suivi.

Tu m’as montrée une île vierge

Pour y construire mon existence,

Une île aux douces berges,

Qui n’attendait que mes semences.

Même si tu parts,

Je ne serai plus ce que j’étais,

Rien de moins que plein de vide;

Il me resterait une terre triste

Devenant peut-être sèche et aride,

Mais où je pourrais enfouir ton souvenir

Plutôt que de me noyer avec lui…

Je me sent souffrir mais vivre…

Si je pouvais,

je vendrais mon âme

Pour déranger

la marche du temps,

Si je pouvais,

je vendrais mon âme au diable

Mais j’en suis bien incapable,

Je suis innocent

Je ne paierai pas comme un coupable

Je n’aime ni le feu, ni le sang…

Je n’aime ni le feu, ni le sang

Je n’aime ni le feu ni le sang….

La boite (2005)

décembre 5, 2003

La boite

Une boite sur la table. Joliment décorée. C’est pour elle… Cool ! Enfin il y a pensé. Pour leurs retrouvailles, après les vacances, c’est bien.

Pourtant la boite ne s’ouvre pas. Rien ne sort de la boite… Elle regarde, incertaine, son cadeau vide. Contente, certes, mais… Une envie de râler flotte dans sa tête. Devant son air ambigu, on s’explique : « La valeur du contenant, la sincérité du message, remplissent d’eux-mêmes une boite qui serait vide… Elle est pleine d’amour, quoi… »

C’est gentil. Après un mois de retard, une boite vide… C’est gentil, mais… Elle se sent presque déçue. Son imagination avait inventé d’autres cadeaux. C’est pas grave, juste un peu dommage. Des longueurs d’ondes légèrement différentes. De plus en plus, peut-être, elle ne sait pas, ne sait plus. Ce n’est quand même pas une futile histoire de cadeau d’anniversaire qui va remettre en cause son couple.

Lui, en face, est plutôt amusé de son dépit ; le jeune homme offre des excuses légères et son sourire. Ses yeux brillent, c’est un enfant. Elle oublie un peu sa déception. Réconciliés, leurs regards les lient jusqu’au baiser.

« Alors, tu ouvres ? »

A ces mots, la tension qui restait encore dans son cœur retombe. La boite est pleine ! Un vrai cadeau ! Elle exulte doucement. Sa petite joie futile la remplit d’une petite honte piquante, pas désagréable.

Elle se souvient bien maintenant de ses sentiments pour lui… En a t’elle doutés, le temps d’un cadeau ? …

L’ogre a faim (2003)

novembre 5, 2003

Comme disait ma femme, le soir est un ogre. Et l’ogre à faim.

Je vous le dis, ma p’tite dame, n’allez pas dans le bois ces jours

prochains, surtout la nuit. On raconte des choses pas ben belles…

Des histoires d’hommes, de bêtes, d’homme-bête, où les femmes

n’ont pas leurs place…

Heum… Vous êtes au courant de cette rumeur, c’est le

Jeanot qui m’en a parlé, comme quoi la châtelaine aurait disparue?

… Vous n’êtes pas d’ici? Je m’en doutais, on ne vous avais jamais vu.

Ca me fais peur, vous savez. Je suis pas un

mauvais gendre, je ne fuis pas le danger. Mais le malheur…

(Toctoctoc) Ah, tien, vla t’y pas le fils du

teinturier qui vient boire sa goutte. Il perd pas le

nord. La jeunesse n’a plus peur de rien, elle ne voit pas

tout. Elle n’a pas vécue les années sombres.

« Salut garnement, une petite prune? Il parait que tu

le mérite bien. D’ou te viens ce sourire rayonnant?

Comment? ahah, la jeannette? J’aurais pas pensé qu’elle

crut si peu en l’église. Que diras ton père s’il

l’apprend? Oui, t’as bien vrai, il est bien trop occupé

avec la veuve. Bon allez, file, laisse nous bavarder un

peu, plutôt que de nous amuser avec tes gamineries… »

Quelle insouciance…

Comme je vous disais, mieux vaut rester terré

quelque jours. Je le sents. Des gens bizarres rodent.

Si je me permets de vous raconter ces choses, c’est pour vous.

J’éprouve une certaine chaleur pour votre si beau visage, je suis tenté

de vous faire confiance. Vous savez, ma femme est partie depuis

plusieurs années rejoindre ses parents, paix à son âme.

Vous pouvez facilement avoir une chambre gratuite au

village ce soir… La mienne. … Non, ne répondez pas,

je m’excuse…

– Que cherchent les gens qui rodent?

-Ils parlent peu, quelques-uns ont l’air bons, mais je préfère que certains

parmi les autres n’amènent pas leur puanteur ici…

-Certes, mais que veulent-ils?

-J’ai entendu dire qu’ils recherchent un démon, une

enchanteresse qui prendrait la place de ces femmes qui

disparaissent… Mais je ne sais que croire, on raconte que

ce sont des morts, je me méfie d’eux.

-Depuis que je suis revenue en ces mondes, je suis

étonnée chaque jour. L’illusion se construit si facilement,

la peur se nourrit plus d’images que de monstres.

-Je ne comprends pas bien…

-Tout comme la mémoire, la vivacité d’esprit n’est

pas votre fort.

-… Cela n’a pas l’air d’un compliment. Votre bouche parfaite peut-elle donc faire souffrir?

Je n’aime pas les sous-entendu, le monde en est

déjà suffisamment pourvu. On ne sait rien, on croit

tout… Ce pays me courbe le dos, faire suer ma tête à

s’inquiéter me pèse. En existe-t’il d’autres?

– Un dont je reviens il y a peu. C’est – je m’en délecte à chaque instant – comme un reflet à l’inverse, de ce qui vous entoure. N’est-ce pas étrange? Chaque chose prend alors plus d’importance, car elle n’est que la moitié d’elle même, on ne peut la juger que face à son contraire. Là-bas, la vérité prime, le mensonge est impensable, les gens ne possèdent pas cette faculté. Mais depuis mon arrivée, la vérité ne sort plus sans autre choix de ma bouche. Parfois je ment, juste pour voir. Il m’est arrivé de faire bien pire, pour essayer de comprendre.

Mais je n’y arrive pas, monsieur l’hôtelier, je n’y arrive pas…

Il me semble que votre horloge s’est tue, on n’entend plus

son balancement familier, séculier.

-Elle se fait fatiguée, l’humidité la ronge…

-Ce qui vous entoure a bien des torts. De quelle

maladie est morte votre femme?

-Une de ces chose qui traîne. Je ne veux pas mêler

notre bon Dieu à notre malheur, il ne peut pas tout

empêcher.

– Le mensonge vous est facile, je suis presque admirative.

Peut-être ne savez vous vous-même plus ce que vous êtes sensé être le seul à savoir.

Encore une fois, le reflet se trouble, j’ai mal, si mal…

-Vos paroles m’enivrent, elles sont si douces…

Je n’ai point envie de les comprendre, il me suffit de flotter dessus…

-Douces mais tragiques. Fascinant pouvoir que celui-ci. Mais il vous condamne, Firmin.

Mes paroles sont despotiques, elles réduisent les hommes en esclavage.

J’aurais aimé que tu comprenne, au lieu de désirer, mais tu envies plus mon corps que des vérités douloureuses…

-Je devrais pleurer mais je sourie, je ne comprends pas mais saisis ton visage dans mes yeux…

C’est donc toi que tous ces gens recherchent?

-Je ne leur en veux pas, ils sont innocents, c’est tout. Je ne me hais point, ma démarche est saine. J’expérimente pour ne pas me tromper. Je me crois juste. J’ai envouté des hommes par quintaux, j’ai pris leurs place. Vu ce qu’ils éprouvaient, l’amour, la haine, la folie. Des choses merveilleuses à lesquelles je ne pensais pas, des abominations parfois. La nature humaine est si vaste. La châtelaine était horriblement malheureuse, je l’ai donc tuée comme je l’avais été moi-même. Son honorable mari sera puni par elle, je l’y aiderai. J’ai ainsi permis à quelques êtres, femmes, hommes, enfants, de quitter un malheur que je lisais sans fin, pour qu’ils puissent à leur tour vivre dans l’autre monde, et revenir venger leur vie gâchée.

Entre ange et démon, je suis allé plus loin que l’ordre établi, j’ai élargi ma mission. Il faut maintenant que je la termine, avec toi.

-Nous pourrions être heureux, ensemble, je t’en supplie, je t’aime tant.

-Malheureusement tu ne comprends plus rien, mon pouvoir absorbe tes sens. Je suis ta femme, Firmin, tu m’as étranglé avec jouissance il y a longtemps déjà. J’ai essayé de comprendre pourquoi, la responsabilité du monde, de ce mal pervertissant que tu aimes à t’imaginer pour fuir ta folie. Mais le jugement est sans appel. Tes yeux écarquillés me font presque sourire… Prend le grand couteau, derrière toi. Coupe toi un bras, l’un des deux, forcément.

– C’est toi? Je ne sais pas… Me couper un bras est vraiment nécessaire? Je n’arrive pas à couper l’os. Ah, ça y’ est. Tournedieu, je n’ai jamais eu aussi mal. Je vais devoir veiller tard pour éponger le sang qui coule.

-Ne t’inquiète pas pour ça. Ouvre toi le torse, délicatement. Firmin, je suis très heureuse de t’avoir revue, ça fait tellement longtemps que je m’y prépare. L’étranglement est tellement barbare. Pendant des années, j’avais le goût de ma propre mort dans la bouche. J’avais peur de perdre mon pouvoir devant toi, de vomir à ta seule vue. Il va falloir que j’y aille. Tu te tueras comme bon te semble après mon départ.

– Tu as raison, il est temps que je meure. L’autre monde m’attend.

-Tu n’iras nulle part, tu mourras, tout simplement.

Le néant est le prix de ceux qui perdent. Tu as gâché ta

chance de vivre.

-Ainsi, c’est fini? … Je regrette, je ne m’aime pas, je fais sûrement bien de partir… Mais encore une fois, ce que je dis n’a que peu d’importance, ceux qui nous ont créés me rendent le mépris que j’ai montré ,j’ai brisé la création, par plaisir, de nombreuses fois. Je n’étais pas fais pour être créé, à qui la faute?

-Je sais. Ou plutôt je ne sais pas. Meurt bien…

-Oui…

Heureuse désillusion (2002)

juin 5, 2003

Tous les matins, quand mon corps n’était pas encore assez vif pour que l’esprit lui mente, le même sentiment… celui de voir ma vie, comme un long couloir sans fin, sombre, aux multiples portes closes… Une peur moite, abrupte… Mais après quelques secondes, un bâillement, un étirement, tout s’effaçait, je retournais dans mon existence heureuse, grande illusion…. Ca faisait au moins deux ans que c’était pareil. J’ en avais parlé à personne, par peur de passer pour un fou, pour pas risquer de briser la futilité sans risque de ma vie. Les premiers mois, j’avais peur de dormir. Mais je m’étais habitué, comme si à chaque réveil , je devais désinfecter la même plaie chaque jour. Ca faisait parti de moi, une souffrance nécessaire que je m’empressais d’oublier. L’oubli et l’oubli, de ce que j’étais, de ce que j’aurais du voir, comme base de ma vie d’alors… Mais peut-on se cacher à soi-même?

Mes journées étaient de plus en plus terne, sans que jusqu’à récemment, je ne m’en rende compte. Elles étaient à mon image. Le temps, déréglé, tournait en moi sans m’entraîner. Comme si l’aiguille des minutes, tournant de plus en vite, passait sur celle des heures sans la voir, sans l’emmener. Il est 8 heures, et ce sera toujours ainsi. Mais bordel, c’était pourtant que ma « vie et quart », je sortais de l’enfance, cette existence endormie où l’on rêve, je pouvais pas en rester là… Il fallait bien que je vois le jour, que je m’éveille, pour connaître ma « vie et demi », plutôt que ma « demi-mort », puis ma « vie trois-quarts », et enfin, partir sans besoin de me retourner sur des millions de regrets. Sortir du rêve sans se lever, c’est n’être rien.

Je suis tellement heureux de pouvoir dire tout ça aujourd’hui, je me demande même parfois si c’était moi….

Il y a quelques semaines, donc, après un dimanche particulièrement vide, avec des amis vides, dans un endroit insignifiant fortement animé par le néant, je ne faisais rien. C’était déjà beaucoup dans le contexte de l’époque. Une pensée m’est apparue, la première depuis des années, des siècles peut-être… Lentement, comme un grattement, une gène dans ma tête, des mots se gravaient devant mes yeux: »Où suis-je? ». J’ai regardé partout autour de moi, apeuré, mais apparemment rien ne gênait les autres dans leur merde habituelle, agréable, et j’y suis donc retourné moi aussi. J’ai allumé une cigarette… Je la voyais me regarder, se consumer, réduire quelque chose à rien. Tout comme je transformais le temps en ennui, tout comme mes parents avaient utilisés de l’énergie pour me faire… Encore des pensées! Ma panique et la violence de ce que je ressentais m’ont coupé le souffle. Digérer étant devenu trop dur pour mon cerveau choqué, j’ai vomi sur la moquette bleue et crade, et sur le sandwich que j’allais manger. J’ai rejeté le repas de la veille sur le prochain, pour l’empêcher d’entrer. Dans cette masse informe sortie de mon estomac, de mon âme, je voyais comme un reflet de ce que j’étais vraiment… Tout bougeait, les gens se levaient, certains riant, d’autres pleins de dégoût, ne voyant pas que c’était leur miroir qu’ils contemplaient. J’avais pas besoin de parler pour montrer que j’allais mal, et le seul truc que j’avais à leur dire c’est justement que je voulais pas parler, donc autant me taire. Je suis parti, marchant de plus en plus vite, dans un état de plus en plus lointain. Autour de moi, des flashs, des bruits, et un pâle chemin devant moi dans un environnement toujours plus noir, pas après pas. Je suis arrivé chez moi, sans que les voitures qui l’auraient dû n’aient écrasés le zombie errant au milieu de la rue que j’étais. Je me sentais écartelé par des énergies énormes, des explosions, des hurlements de chacun de mes membres… Mes larmes diluaient le sang coulant de mes mains. Les murs m’avaient regardé avec une pitié effroyable, presque une certaine ironie, alors je m’étais acharné.

Je me suis jeté dans mon lit, avant d’y prendre place à nouveau. Car en effet, comme un gros bug, pour un corps se battaient deux conscience que je percevais! Je n’étais plus un, mais deux, sans savoir si j’étais vraiment en fait. Mon désir de vivre était mort, mais heureusement mon envie de mourir n’a pas prise suffisamment de force. Mon corps, sans plus de conscience en lui, était animal, occupé à guérir les blessures qu’une partie de moi s’infligeait à l’autre. Pendant des jours, parfois un, parfois autre, je suis mort vingt fois.

Puis, après une nuit où enfin j’ai dormi sans me battre, une part de moi n’étais plus. Celle de ma conscience qui troublait le plus l’autre a vaincu, survécu… Loin d’une perte, c’était un choix, choix de la vie. Il y avait bien quelque chose au dessus, pour décider, pour me permettre de pouvoir continuer à exister sans être, pendant cette crise… L’impression de m’être sauvagement assassiné ne fut qu’éphémère. J’étais dans un état de félicité, de liberté, de vérité, grandiose… Des frissons me parcourent rien qu’en y repensant. Comme si je me souvenais de ma naissance, enfin j’imagine.

Pourtant, j’étais dans l’immense couloir noir de mes matins. Plutôt que d’apprécier l’illusion d’un vide heureux, j’étais désormais heureux de savoir le vide tel qu’il est. Je n’avais plus d’autres monde, que cette longue allée étroite, très mal éclairée, avec ses portes closes. Pour la première fois, j’ai eu le temps et l’envie d’appuyer sur une poignée… La porte s’est doucement ouverte sur un flot de lumière.

Mes yeux se sont ouverts doucement. J’étais dans un lit blanc, chaud confortable… Rassurant. La pièce, simple, laissait entrer largement de doux rayons de soleil… Sans vraiment saisir où j’étais, entre rêve et réalité, j’étais heureux. Avoir compris, discerné le vide et, par là, un futur différent, un futur, me bouleversait. Je savais que lorsque je regarderais par la fenêtre, les couleurs, les mouvements, les sourires, seraient tels que je ne les avais jamais vu. Pris dans mes pensées, j’ai quand même entendu la porte s’ouvrir. Une femme, la première que je voyais dans ma nouvelle vie, celle là même avec qui je suis aujourd’hui. C’était l’infirmière, employée de l’hôpital psychiatrique. J’ai appris plus tard que c’est un voisin, que j’empêchais de dormir, qui a prévenu les secours. La société m’a soigné, m’a porté dans mon changement. C’est pour son bien, car des individus vides forment une civilisation vide, donc elle s’élève en nous aidant. J’ai été retrouvé hurlant de manière inhumaine, prostré, les yeux vides, plein de sang, de vomis et d’excréments… Aux urgences, je suis tombé dans le coma, pendant un mois, avant le fameux réveil dans cette chambre blanche. Ensuite, j’ai passé dix semaines dans un lieu de repos. J’ai redécouvert ma famille, des connaissances dont je n’avais pas perçu l’intérêt sont devenus des amis, j’ai essayé d’apprendre à voir tout ce qui est beau. Et quand je ne le vois pas, je le crée. J’apprends tous les jours à vivre comme jamais je n’avais su le faire. Aujourd’hui ça va faire quatre mois que j’ai repris la vie normale, reprenant des études anciennement abandonnées, vivant avec ma belle infirmière, militant pour ce en quoi je crois, contre le monde vide, respectant et explorant mes passions…

La folie m’a sauvée, porte ouverte sur un autre monde pour lesquels je suis fait. Certains auraient vu dans cette révélation la main de Dieu, mais pas moi. Maradona m’a bien fait marrer quand il expliquait comme ça l’action impunie de sa main sur le ballon de foot. Je crois plus en l’essence humaine que divine, au hasard qu’au destin. Mais pourtant, je sais pas si j’ai de la chance, s’il le fallait, si je l’ai voulu au fond de moi, de par ma construction, mon enfance, voire mes gènes. C’était l’éveil ou le pourrissement, et j’en ai prit conscience douloureusement, quand le contraste entre mes rêves d’enfant et la réalité affligeante, la médiocrité remarquable, le marasme puant de mon existence, a été trop flagrant. La crise de folie qui a suivie m’a sauvée, m’a fait croire que c’était pas vraiment ma faute, que c’était pas vraiment moi, que j’étais deux… Ca m’a évité la mort…

Je suis conscient que le bonheur est une recherche aux mille réponses, aux deux mille dangers. Mais quelqu’un de vide ne peut être vraiment heureux, alors que quelqu’un de triste n’est pas forcément vide. Je lache mon stylo, il continue à écrire, parle avec moi… Je sais que ce n’est pas vrai, mais j’aime ces séquelles agréables de mes épreuves récentes. L’illusion contrôlée, créée et dominée, est un art. Nos propres rêves, vérités, perceptions, illusions, et leur contraires, forment nos vies, avec ceux des autres, dressent un grand tableaux, noir, parfois merveilleux. Chaque vie est une réalisation, au-delà de tous les arts, création inachevée, travail de tous les moments, œuvre d’un instant parfois…

Larme à la plume. (2003)

Mai 8, 2003

Larme à la plume.

Tendre amie,

Ce soir la plume m’apaise

Elle tremble lorsque la colère,

Pleine de déception,

Crispe ma main…

Petit à petit

Son grattement me met à l’aise,

L’encre couvre la page entière

De belles descriptions,

Sans lendemain…

Peu de bruits,

Au bord de la grande falaise,

Suintant d’un cœur de pierre,

Fatiguée de désillusion,

Une larme vient enfin.

Elle s’enfuit,

Ouvre une apaisante parenthèse

Fait naître une petite rivière

Pleine de passion

Qui ne résout rien…

Belle est la nuit,

Mes paupières humides me pèsent

Après ces quelques bières,

Dormir est ma prochaine décision,

Et c’est très bien…

Sainte nuit d’horreur (2000)

mars 5, 2003

Dans cette maison d’une petite ville provinciale, aucune lumière… Plutôt normal, elle est sensée être déserte. Bien située, surplombant le vieux centre moyenâgeux du bourg, le confortable jardin qui l’entoure lui assure une tranquillité, qui n’a somme toute rien d’exceptionnel dans ce quartier. Ce qui se révèle bien pratique lorsque l’on pratique des trafics illicites… La Lune se lève, pleine. Cette faible clarté permet toutefois d’admirer le paysage tendre et accueillant : le vent qui joue avec les feuilles, menaçant ; les autres maisons, plus modernes, moins belles, entassées plus loin, autour de ce pieu îlot d’apaisement… Vers le nord, après une haie imposante, on peut arriver en quelques minutes de marche seulement, à une route. Cet ancien chemin n’est plus utilisé, en raison de la pente du champ communal qu’il traverse. L’herbe y est haute.
C’est pourtant là que marche un homme, qui a assez vécu pour se juger mur. Kévin X – il ne donne jamais son nom en mission – est anxieux mais ne le montre pas. Il suit un semblant de chemin tracé par de rares passages. Son plan indique que cela mène à une ouverture dans la haie… Effectivement. Il se faufile adroitement à l’ intérieur du parc de la propriété, sans même abîmer son habit – déguisement ? – noir, et fait une courte mais intense prière à son Dieu. Aucun aboiement des chiens, les collègues ont donc bien fait leur travail. Des picotements frais lui coulent le long de la colonne vertébrale, et il se pourrait que Kévin n’ait pas très envie d’entrer… Ce n’est sûrement pas la peur, les hommes de sa qualité sont fiers et repoussent ce sentiment futile, mais peut-être un instinct expérimenté qu’il ne peut pas suivre, car il respecte les ordres… Celui que certains surnomment « le Renard » s’avance vers une fenêtre munie de faux volets en bois, style vingtième siècle. Il sait comment faire pour débrancher la simple alarme thermique de cette maison, qui n’est certainement rien d’autre qu’un petit entrepôt, d’une organisation terroriste rurale. Mais sans le voir vraiment, Kévin entre dans un autre monde, source d’une révolution incroyable, où il mourra peut-être…

D’après ce qu’il sait, la première pièce derrière cette fenêtre est une chambre. Elle se révèle spacieuse et étrange. Il sort une lampe de poche, car la clarté lunaire est trop faible, et de surcroît effrayante. Un bruit, derrière lui ? … Il réussit enfin à allumer le faisceau lumineux, tout en fermant les volets. Quelle pièce étonnante… Kévin se demande un instant s’il ne s’est pas trompé de maison, avant de rejeter cette idée absurde. Cette chambre sensée cacher une cargaison d’armes est plutôt un débarras, un luxueux débarras… De la poussière, sur le sol, les meubles… Des antiquités qui valent leur poids de platine au marché noir : un lit à sommier, un immense miroir, une belle étagère en bois… Egalement un ancien récepteur radio, un lecteur C.D. qui date d’une cinquantaine d’années. Ce devait être une chambre agréable… L’agent secret avance et sursaute en sentant un vieux poster mal accroché au mur qui glisse derrière lui. Cette peur qui rode l’énerve. Il tousse. La saleté qu’il soulève en marchant alourdit l’air. Finalement, il ne s’en rend pas encore vraiment compte, mais tous ce qui l’entoure est anormal. Quelques habits entassés sur le sol, le lit défait… Avant de partir, les derniers habitants n’ont pas fait le ménage ! « Le Renard » sourit en pensant à la tête que fera Binot, son supérieur, lorsqu’il lui rendra son rapport… Mais il ne rendra jamais compte de cette mission à personne. Kévin essaie de rester calme, de ne plus voir ces hallucination de mouvements dans son dos, de se vider de la sensation d’être observé… Que lui arrive-t-il ? Il se sent malade et se persuade que c’est là la cause de son trouble. Plein d’une nouvelle détermination, il va à la porte, vérifie qu’il n’y a pas de système de sécurité, et baisse la poignée…
Stupéfaction totale !!! Ce n’est pas le couloir qu’on lui avait montré sur son numérique ! Certes ce sont les mêmes murs, avec de nombreuses portes de chaques côtés. Mais sur l’image sensée être – et ne pouvant être que – très récente, il n’y avait pas ces milliers de toiles d’araignées, avec leurs répugnantes propriétaires… Kévin, plus qu’intrigué maintenant, réellement inquiet, appelle la station de rigueur qui l’a envoyé sur cette affaire, mais son émetteur ne marche pas… Affolé, cet agent secret sûr et imperturbable décide d’abandonner immédiatement. Il court vers le volet mais n’arrive pas à l’ouvrir… Il tape dedans, arme son « teuj », un propulseur d’énergie, mais n’ose pas tirer et repart dans le couloir. Quel dilemme… Il faudra bien qu’il use de son arme. A puissance modérée, il envoie une vague d’énergie sur les insectes, ce qui lui liberre le passage, mais au bout du troisième tir le teuj s’enraye… Est-ce toujours de la malchance ? Cela ne lui est jamais arrivé dans sa carrière, et ce jour là, dans cette atmosphère terrible pour ses nerfs… Pour la première fois, paniqué par ses sens affolés, il prie… Pourtant, sa devise était jusqu’alors de ne jamais mélanger religion et vie professionnelle. Apaisé un court instant, Kévin frissonne à nouveau… Il se lève en entendant un bruit de pas. Mais ce n’est que son cœur, qui heureusement bat encore. Soulagé, mais surtout énervé de s’être fait peur, il tape dans le mur… … C’est à ce moment qu’il comprend qu’il va vivre un atroce cauchemar… Toutes les parois alentour frémissent sous le coup, et l’agent secret, qui n’est plus ici qu’un homme, ressent dans tout les membres la douleur de la brique qu’il vient de frapper. Loin de la quiétude des lieux inviolés depuis des décennies, ici tout semble pousser à la peur. « Comme dans un film », se dit-il, pensif, désabusé… A nouveau, il entend des pas, où du moins un martèlement qu’il prend comme tel. Il pense devenir fou, ne sait s’il ne l’est pas déjà. Surnaturel, extraordinaire, horrible… Comment qualifier cela ? Kévin attend, n’ose ni ouvrir la porte qui a claquée derrière lui, ni avancer dans le couloir… Mais soudain il n’a plus le choix : cette porte, que justement il regardait vaguement, s’arrache avec une violence inouï de ses gonds, dans un grattement effroyable, dans un terrible grincement, et laisse s’échapper un flot inexplicable – qu’il ne cherche même pas à affronter – d’une peur, mortelle sans aucun doutes… Lui qui a pourtant vu beaucoup de choses difficiles à supporter est ici au bord de la crise de nerfs. Tremblant, « le Renard » rentre dans son terrier, se replie sur lui même. Il laisse passer la vague sordide, affolante… Une atmosphère de mort, des effluves qui le désorientent totalement, comme… … Comme un immense cri de douleur, comme le remords et la souffrance de milliards de personnes… Kévin prie encore, pour lui plus que pour son Dieu.
Soudain, un grognement lui fait lever les yeux. Les yeux révulsés par cette terreur folle, où la folie est un refuge, il craque nerveusement. Lançant un grand cri désespéré, qui l’affole encore lorsque l’écho lui revient, il se jette sur le mur opposé, pour ensuite courir vers un escalier qu’il vient d’apercevoir. Mais en prenant appui contre la paroi, celle-ci lui gobe la main. Il sent son âme qui s’échappe, une sensation glacée dans son avant bras mais surtout une extraordinaire succion. Avec toute l’énergie de la peur panique, il se débat et s’élance vers l’escalier, qui n’est qu’à cinq mètres de lui. Les araignées qui n’ont pas été balayées par les rayons de son teuj se jettent sur lui, et sur sa gauche, deux portes s’arrachent dans un grand flash de noirceur. « Le Renard », avec un remarquable instinct de survie, cour vite et échappe à la mort. Mais la lueur de sa lampe elle même est de plus en plus vacillante, l’énergie étant aspirée par les sombres reflets ambiants. Lorsqu’aux premières marches, la biopuce meurt, vaincue par une volonté plus forte, l’homme n’est plus… Seule la bête vit en lui et le sauve, lui rappellent des souvenirs du fond des temps qui le pressent de se jeter aveuglement dans ce passage possible vers la liberté. Il traverse, totalement fou de terreur, les premiers mètres en colimaçon de l’escalier, sentant sans les voir des dizaines d’insectes lui monter dessus. Une puissante force l’aspire, le déséquilibre, mais il continue, à quatre pattes. Se cognant sans cesse, un liquide qu’il imaginerait rouge s’il était en état de réfléchir lui coule bientôt sur le visage. En tâtonnant, en trébuchant, il arrive à une porte. Il se rue dessus et essaie de l’ouvrir, désespérément. Elle est bloquée ! Il sent sa dernière minute venue, mais alors que le galop lourd et grinçant l’atteint presque, une vapeur d’intelligence agit et il tire sur la poignée au lieu de forcer. Il la passe d’un bond et referme derrière lui…
Kévin, allongé par terre, reprend conscience… Tout est très calme, plus aucun bruit n’est perceptible… Quelle douceur a cette paix subite pour son esprit traumatisé ! Il s’ouvre a nouveau aux sensations extérieures… Toutes les douleurs, les blessures, resurgissent alors violemment de là où la folie les avait casées. Encore a moitié anesthésié par le choc subit, l’homme parvient difficilement à se lever. Lentement, sa respiration se fait plus régulière… Il cherche un interrupteur au mur, et allume. Il a l’impression de sortir d’un horrible cauchemar ! Mais les plaintes de plus en plus vives de son corps lui rappellent la triste vérité… La douce lumière l’apaise un peu. Elle lui fait également voir ses mains rouges de sang. Il se dirige vers ce qu’il reconnaît être la salle de bain… Aucun cadavre dans la baignoire, pas de bruits bizarres… Un miroir l’attend. Il n’est pas beau à voir : taché de sang, la moitié du visage rougeâtre des flots coagulants déversés par de nombreuses plaies peu profondes..! Prenant alors vraiment conscience de son état, Kévin craque nerveusement. Pleurer lui fait mal à la tête, mais quel soulagement… Avec la douleur atroce qui s’amplifie encore, et surtout après les chocs émotionnels et physiques qu’il a subit, la reprise en main de son corps est difficile… Il vomit…
Après s’être nettoyé, ce qui l’a un peu calmé, il met à nouveau son cerveau en marche. Dans quelle abomination est-il tombé ? Nul humain ne peut se battre contre cela… Alors il prie. Mais pourquoi son Dieu ne le protège-t-il pas, lui grand fidèle ? Kévin ne croit pas en l’omniscience de l’être suprême, mais pense que ce dernier peut l’aider… Puis une certaine peur le reprend : est-il en sécurité ? Une seule porte le sépare de l’enfer, mais curieusement il ne songe pas à s’enfuir. Explorer d’abord, avant de s’en aller, mais sans précipitation… « Le Renard » se sent de mieux en mieux, et observe. Ici, à l’étage, qui est en fait le rez-de-chaussée de cette maison construite sur un terrain en pente, le sol est propre… D’ailleurs tout est propre, pas un seul grain de poussière ne gâche cette belle harmonie… Bizarrement, Kévin ne pense même plus aux événements qui viennent de le blesser. Réaction post-traumatique, ou est-ce autre chose ? Hagard, il ne sait pas vraiment quoi faire… La mission qu’il était venue accomplir n’a plus aucun sens, bien sûr. Suivant alors un autre des instincts vitaux du règne animal, il va à la cuisine. Evidemment, elle est prête à le nourrir, mais même ce paradoxe flagrant ne le gène pas le moins du monde… Il mange une part de tarte, et cherche en sifflotant un léger remontant, qu’il ne trouve pas. Se tournant vers un second réfrigérateur, l’ouvrant, il est quand même étonné par sa grande taille et son confort. Totalement heureux, influencé par différentes forces impalpables, il ne se doute pas, ne voit pas la présence pesante et maléfique qui emplit la pièce. Il remarque seulement qu’il a perdu sa montre et que nulle part il n’y en a. Kévin, mais est-ce vraiment toujours lui, veut ouvrir les volets « pour voir dehors ». Mais là… Il force, s’énerve, et lorsque cela cède enfin… C’est comme un réveil pour lui ! Il voit d’immensissimes masses blanches ou noires qui s’affrontent ! A l’infini, au delà de l’espace, du temps, tout n’est plus qu’un mélange de tourments, lancés dans leurs propre destruction. L’ultime paroxysme de la panique s’empare de l’homme, qui referme immédiatement cette fenêtre… L’atmosphère de la pièce a changé. Haletant, écroulé par terre, Kévin a beaucoup de mal à se remettre. Ce qu’il a aperçu travaille en lui, et menace de le faire définitivement sombrer dans une douce folie… Un stress puissant gagne en lui… Que se passe-t-il vraiment ? Il ne peut pas croire à ce qu’il a vu en bas, dehors ! Mais maintenant que « le Renard » est à nouveau aux aguets, il sait que quelque chose est menaçant dans cette cuisine, qui n’est plus tendre et accueillante… C’est là que le grattement de tout à l’heure réapparaît ! Puis, s’amplifiant, un déchirant concert de plaintes arrivant au galop. L’ horrible hurlement devient de plus en plus dangereux. Alors que la lumière vacille, Kévin, blême et jusqu’alors paralysé par la peur, ouvre un tiroir, s’empare d’un couteau de boucher, court vers le seul abri qu’il trouve : le second réfrigérateur, vide, dont il enlève les plaquettes qui l’empêchent d’entrer. La lumière s’est éteinte, et l’immense cri de souffrance qui emplit le crâne de l’homme en déroute frôle l’intolérable. Il se jette dans cette cachette inespérée. Alors qu’il n’est pas encore entièrement dedans, son mollet gauche sent un souffle étrange, chaud, visqueux… Une fois à l’intérieur, dans une sécurité relative, il a froid… Pourtant l’appareil est déconnecté… Non, cela vient du contact qu’a eu sa jambe avec cette chose… Une douleur fugace le paralyse un instant. Et si ces murs devenaient vivants ? Il essaye de contrôler sa peur. Plus aucun bruit n’est perceptible, et Kévin respire à peine… Des pieds crissent sur le parquet… Des pas lents, menaçants, s’approchent, s’approchent… Dans son vieux réfrigérateur, « Le Renard » est pâle, mais étant seul dans le noir, personne ne le sait. Il serre fortement son couteau, replié dans son trou, et attend. Quand la porte commence à trembler violemment, il se tient prêt à tuer une quelconque chose, ou à se tuer si cette chose n’est pas assez matérielle… Mais tout cesse. Ou peut-être que cela n’a jamais eu lieu ? Peut-être cela continue-t-il sans que Kévin ne puisse l’entendre ? Il ne sait pas, ne sais plus… Pendant plusieurs heures, il végète dans une léthargie trouble, se rappelant à peine la situation, il dort ou somnole, parfois, sans pour autant se sentir mieux. Il a de plus en plus de mal à respirer, l’oxygène se faisant rare. Il est terrassé par une terrible nostalgie fataliste, il veut se battre ou mourir, mais ne peux plus rester ici. Il sait en lui qu’il ne sortira pas… Une certitude pesante qui l’abat encore. Est-il fou ? Mais qui resterait sain dans ces conditions ? Ce paisible « frigo » est un caveau acceptable, et s’il meurt ici son âme a quelques chances de s’en sortir. Puis l’homme se rendort, d’un sommeil agité et fou. Sa raison vacille encore sous les coups infligés par des rêves saignants… En s’éveillant, une pensée lui vient à l’esprit : « Les cauchemars attendent ceux qui dorment là où cela ne leur est pas permis. » Qui a dit ça ? … Ah oui, c’est Dracula, soi-disant dans un roman… « La folie aussi, puis la mort… » pense Kévin, dans une période de lucidité.
Soudain, il n’est pas sûr mais semble entendre des voix… humaines ! Alors, en écoutant mieux, il perçoit des bruits oubliés dans la souffrance : des rires, le bruissement des feuilles, le piaillement des oiseaux… Il sent également l’atmosphère plus douce, plus légère, presque… normale !!! Voulant sortir, il pousse, mais la porte ne s’ouvre pas. Il hurle mais ne reçoit aucune réponse. Poussé par l’espoir, mais aussi par la peur de rester coincer là dedans alors qu’il a survécu, il prend son couteau et s’acharne sur la porte, autour de la serrure. Pendant des dizaines de longues minutes, il creuse sans se décourager, avec toujours ces voix comme but. Alors qu’enfin il sent qu’elle va céder, il a peur, peur d’être déçu et de se jeter dans l’horreur. Son cœur bat très fort… et s’arrête presque quand il sort de son abri ! Aucune vie ici… Il voit devant lui, dans la même lumière bleutée qui l’a accueillit dans la chambre, le spectacle du temps figé, comme s’il avait passé vingt ans dans son trou sans que rien ne s’abîme. Une certaine ruine désolante, certes, mais aucun esprit maléfique. Tout resplendit, et le premier soucis du « Renard » est d’ouvrir la fenêtre, les volets… Ce qu’il voit est si beau, si inespéré, si terrible aussi, que Kévin pleure…
Sous un ciel magnifique, dont les nombreux nuages rivalisent d’esthétisme, il voit la petite ville chaleureuse avec pour seul bruit celui des animaux qui la peuplent. Tout est colonisé avec beaucoup de grâce par la verdoyante nature, c’est tellement… tellement splendide, si fort, si intense… Assurément le Paradis sur Terre, mais seul ? Non, de l’imposant et superbe château, souvenir d’un lointain moyen-âge, qui a perdu toute agressivité, s’élèvent quelques légères volutes de fumée… Kévin, qui fut un agent secret européen de ce début de XXI e siècle, venant effectuer une banale mission, a survécu au jugement suprême… Par sa foi, mais surtout par ce qu’il est vraiment, par la victoire en lui de la vie… Il n’est pas seul, des sociétés nouvelles se reconstituent, purgées de toutes entraves, de tout le mal des hommes. L’épreuve fut pour tous terrible, mais il n’y aura d’autre séquelles que l’infini récompense du bonheur.

Par une parole d’éternité… (2003)

février 8, 2003

Par une parole d’éternité…

Quand ça va moins bien,

C ‘est le « je » que j’ écris,

Entre ces quelques phrases où je m’enfuis

A décrire et décrier une vie à réécrire…

Mais quand je me sent mieux,

Alors je regarde le monde.

Est-ce vraiment aller mal,

Qu’être à l’unisson de ce qui sombre ?

Sans pleurer les hommes marchent,

J’ai peur de ces masses qui nous transforment,

Fières de leurs yeux qui se ferment

Sur mille maux qui se forment ;

Chers fils, priez pour vos pères aveugles,

Si vous croyez en leur Dieu et ces sbires,

Qui se mirent avec lui dans son pouvoir.

J’écris le « je » qui déjoue

Les pièges de fleurs trop belles,

Qui mettent en joue quelques âmes rebelles,

Pour sauver la subsistance sacrée

De ces choses – qui sont-elles ?

Clones mentaux d’un fantasme divin,

Contagieux dans leur servitude adulée,

Ces nuages obscurcissent l’humanité.

Je vois leur force,

Et surtout leur faiblesse,

Qui gangrène les maisons qu’ils approchent,

Qui suit le sang, semé par d ‘autres,

Et chevauche le vent, avide de néant

Bel et bien friand de vide.

Alors derrière la montagne,

Mille règles s’inscrivent,

Pour des générations,

Pénètrent par la voix le corps,

D’une tirade absurde qui touche au cœur,

Et ferme les regards déjà meurtris

Par une parole d’éternité…

Pour se nourrir d’une création de haine

Ils chantent l’amour qu’ils n’ont pas eu,

Comme moi j’écris,

Sans plus de cesse ni de sens,

Et leur réalité devient bible.

Mille face à la vérité,

Elle m’égare et s’efface.

Je trace dans le sable mes derniers mots,

C’est la lumière qui m’abandonne

Seul au milieu de la fougue,

De la triste foule qui m’étouffe ;

Au profit d’Allah, c’est le « je » qui s’en va,

Mon combat m’a rendu ivre,

Je succombe à une prière de trop.

Ils pillent le passé et brûlent les livres

S’approchent et m’entraînent

Ma vision s’assèche ;

Je sens encore un peu

En moi cette raison qui s’enflamme,

Lutte avec mon âme,

Et me permet de deviner que je m’effondre ;

Las, je vois leur force

Et surtout ma faiblesse,

Je m’agenouille, prêt à me fondre,

Prêt à suivre le sang, semé par d’autres,

A chevaucher le vent,

Avide de néant,

Et bel et bien friand de vide…

L’incertitude nous lie (2003)

janvier 8, 2003

L’incertitude nous lie…

Dans une barque immense,

Toute ma vie qui flotte,

Je vogue, sans passion ni haine.

Alors que le ciel devient noir

Sur le fond de sable, je t’apperçois,

Déesse de l’infini glissant vers moi.

Elle nous glace, elle nous gêne

Mais avant tout l’incertitude nous lie;

Comme une averse qui menace,

Tant de choses en si court instant…

Deux fantasmes qui se regardent,

Nous sommes vains, l’orage gronde…

Le lac se fige…

Ne trouble plus mon reflet blême.

J’attends la reine, sortir de là…

J’attends la reine.

Menaçant est le temps, qui passe…

Un rond dans l’eau chasse mon rêve.

La déception s’engouffre dans le vide,

Accueille mon sourire défait

Trouble mes yeux…

Un vent brutal paraît…

Je vais, froid et humide,

Où mon radeau m’ammène.

Triste, l’heure tourne.

Les étoiles s’allument,

S’anime alors un sac de remords,

Qui déborde, déborde, déborde…

J’ai faim, d’une fin qui me tourmente;

Je meurs? Non, je m’endors.

Mais un matin cependant,

Le soleil levant,

Beau lever de sommeil,

Un rivage enfin au loin.

Les nuages, toujours plein de puissance

Sont différents pourtant.

Tout a changé,

A moins que ce ne soit que moi…

J’accoste et te vois:

Une pluie violente d’effluves,

Diverses qu’innocemment tu déverses,

Me traine dans tes bras.

Prompte à l’envie,

Ton sourire accroche une flamme.

De glace et de feu

Nos yeux s’éclairent.

L’orage n’est plus là,

Reste le coup de foudre…

Mon âme devient soluble

Mon corps dépendant.

Ce piège m’attends depuis longtemps,

Je succombe sans résister,

Je t’embrasse sans m’enfuir,

Je t’invite à déjeuner…

Interstice. (2002)

Mai 8, 2002

Interstice.

Le jour est terrible ;

La nuit ne le sait pas,

Mais viendra le temps,

Où elle sera libre,

Où la reine sera belle.

Les astres sont joueurs,

La lumière n’est pas à vendre ;

Je regarde dans mes mains

Et lis un de ces livres

Que le soleil m’a fait écrire ;

Cela ne me fait plus rire.

La misère du monde me pèse,

Mais les étoiles se taisent,

Je ne sais plus.

D’une révolution à l’autre,

Les choses retrouvent leur place

Toujours la même,

Mais qui sait,

Ceux qui ont tort depuis toujours

Auront peut-être raison.

La nuit se lève,

L’espoir étend son pouvoir sur le monde…

Un moment de nuit. (2002)

mars 8, 2002

Un moment de nuit.

Fragile remontrance,

Le regard triste m’en veut,

Entretient le lourd silence.

Pièce vide de sons, pleine de sens,

Réduite à quatre yeux fâchés,

La chambre attend.

La peur complique le couple,

Nous avons peur de nos propres ombres,

Peur d’avoir peur…

Parmi les étoiles

Ma rancœur s’étiole,

En quelques mots, le froid retombe…

Tourment de peu de valeur,

Qui s’en retourne dans sa tombe…

Un nuage passe, s’attarde,

L’instant paraît magique.

Nos mains qui s’effleurent font trop de bruit déjà;

Ne brisons pas la beauté du calme de cet endroit.

Le cœur de l’ardeur,

Qui donne du corps à notre amour

Est suffoquant, trop peut-être…

Sortons de ce tableau de maître

Laissons le ciel parfaire cette image.

Derrière un mur, une autre pièce,

Laide et accueillante,

Apte à contenir nos turbulences…

Dès la porte passée,

L’obscurité nous lie…

Tout est humide, et noir.

La nudité de la femme s’exprime,

Diffuse et exquise;

Diffuse et exquise,

La clarté d’un rayon de lune,

Ailleurs, trace les contours…

Nous sommes un moment de nuit,

Sublime…

L’abandon de toute lumière,

Les paupières fermées,

N’empêchent pas les yeux de voir,

De voir la vérité,

De voir du noir.

Mais les ténèbres sont bienveillantes,

Une impression nocturne,

Qui devient réalité,

Distille ses caresses.

Transgressant le silence

L’amour envahit la pièce;

La liqueur de ton corps

Enivre le cœur de l’homme,

Je titube sans tomber…

Sans bruit ni couleur,

Sans dessus-dessous,

Le temps se cache,

Mais ne perd pas son sens.

Hors de nos ténèbres,

Le ciel est cédé au Soleil,

Tout à une fin…

Mais je ne sortirai pas,

Je ne veux pas sortir

Pas tout de suite…

Nous étions un moment de nuit,

Rien d’autre.

Homicide involontaire. (2002)

février 8, 2002

Homicide involontaire.

Noirceur soudaine, succède à la lumière

Je ne peux combattre la nuit qui s’affaisse.

Pourtant ce n’est pas le moment,

Mais Dieu n’est pas en action,

Il pêche au pays des songes…

Noirceur torride, bouche ma vue,

C’est pour mieux te croquer,

Que mes dents sont si longues.

Dieu sommeille,

Peine à réparer la panne…

Noirceur totale, glace mon sang

Qui s’écoule, un dernier flot,

Et bleus et flous, fous mes yeux sortent du temps.

Dieux s’éveille enfin,

Comprend qu’il est bien tard…

Noirceur terrible, crève mon âme

Je ne m’entends plus.

De remords penaud, Dieu se rendort,

Ce n’est la faute de personne,

Par erreur je suis mort…