Archive for the ‘La politique en imaginaire…’ category

La Bataille du second Tour

Mai 1, 2012

La première bataille est passée, étrange, longue, lourde. Durant de longs mois, après l »attentisme, il y a eu des escarmouches, des attaques incessantes, un harcellement, qui ont permis la lente avancée de la gauche. Les obus du bilan, arme ancienne, étaient néamoins toujours efficaces, et la cavalerie du changement a plusieurs fois permis d’enfoncer les lignes. Après la prise de plusieurs villes importantes, acculée, la droite est passée à la contre offensive, fulgurante, massive, reprenant une partie du terrain perdu. Puis tout s’est un peu figé, les réseaux de tranchées se sont ornés de barbelés et d’abris blindés.

Au soir du premier tour, on a pu voir les forces en présence. Le conflit s’est alors élargi, les alliés ont été appelé en renfort de part et d’autre. A gauche, les légions nombreuses rouges et vertes sont venues renforcer les positions, et la progression a repris. Certains territoire encore neutres ont été courtisés, sans se prononcer encore malgré les propositions, les pressions, les risques de démembrement.

La droite a alors utilisé de nouvelles armes, le gaz moutarde, les inondations de tranchées, le mensonge de masse. La puissante et redoutée force bleu marine a été courtisée, sollicitée. Elle ne cèdera pas, son indifférence à la chute de son voisin ne masquant pas sa volonté de recomposition régionale. Tout juste accepte t’elle quelques livraisons d’armes, terribles : des lance-missiles démagogiques, quelques bombardiers xénophobes, homophobes, nationalistes. Celles-ci, payées au prix fort du reniement, permettent à la droite de reprendre quelques régions industrielles, ainsi que les grandes régions des marais, de stopper l’avancée, de refaire naître un faible espoir de ce coté. Mais cela mobilise en face. Des appelés volontaires viennent renforcer les compagnons du rassemblement.

Les oranges, pris entre deux feux, ne peuvent rien faire que sauver ce qui peut l’être. Sonné par le premier round, l’armée dévastée est en déroute. Une partie a désertée. De nombreux mercenaires sont déjà partis, allant aider un camp ou l’autre. Ceux qui restent se tournent de plus en plus vers la gauche, craignant l’alliance de la droite avec les bleus marines. Leur Chef Eternel, scrute l’avenir, ne voyant rien de bon, envisage de se replier quelques années dans les montagnes avant une prochaine bataille. Si la droite est défaite, peut-être pourra t-il voir quelques principautés le rejoindre.

Le dénouement est proche. La gauche tient plusieurs places de ravitaillement, quelques grands axes, ses réseaux de ravitaillement sont en place.  Il faut tenir les places fortes, répondre aux boules puantes de l’adversaire. L’artillerie fume, chauffée à blanc par son intense utilisation.

Depuis le second tour, l’utilisation de l’aviation s’est renforcée, l’impact derrière les lignes est plus grand. Tout le monde est désormais concerné par l’effort de guerre, par les destructions, par les craintes et l’espoir.

Il reste une grande bataille. Si la gauche réussit à traverser le fleuve de manière significative, à en prendre le contrôle, elle l’emportera. Si au contraire elle n’y parvient pas, ses habitants se revolteront, le seuil d’acceptation des sacrifices sera atteint. A priori les régiments sont prêts, les stratégies mises au point, cela devrait passer…

Bientôt le dénouement.

Sur un banc politique, prendre le temps…

juillet 26, 2011

Tout va si vite.

Depuis un moment, j’ai l’impression d’être au volant, départs de vacances, je double, je freine, le paysage change sans cesse, mais je suis  coupé de tout ceci. Dans mon habitacle climatisé, je ne vois que trop tard que tout à changé, l’orage s’est abattu, je ne peux éviter le carambolage.

La route était toute tracée, tout se mettait en place. DSK allait être candidat, sur la base d’un projet de gauche plutôt intéressant, et je pensais m’investir pour le soutenir ; le reste n’était que péripéties.

Il y a eu une première bourasque, avec Fukushima. Moment important, avec des incidences politiques.

Puis la brutale averse, l’ouragan. Toutes les voitures sont retournées : à quelques jours d’être officiellement candidat, DSK se fait piéger, ou se saborde. Tel Zidane en Finale, le coup de boule malheureux répond à l’incitation maligne, et fait perdre son camp. C’est ce que l’on pense tout d’abord.

Le soleil réapparait, la brume s’échappe de l’asphalte. Je m’écarte de cet ensemble figé de métal et de scènes dépassées, le scénario a changé, changeons de DVD. Ou plutôt non, sortons de la route, participons à quelque chose de nouveau. La garrigue humide happe déjà les premiers rayons de soleil, les odeurs sont multiples et apaisantes. Le calme, et le dialogue avec la nature me font du bien.

Un moment de retrait, de respiration politique. Malgré le retrait de DSK, la victoire reste possible, probable, même si ce sera difficile. Que faire ? Au PS, la primaire est lancée. Faut-il choisir, déjà ?

Les deux candidats ont la carrure, l’intelligence, une assise politique. Les deux me satisfont.

Martine Aubry aurait plutôt ma préférence face à François Hollande. J’ai un souvenir mitigé de sa direction du PS durant plusieurs années, même si le referendum européen n’a pas rendu sa tâche facile. Mais rien n’a alors été tranché, le parti s’est plutôt recroquevillé, n’a pas rebondit après le 21 avril 2002. De son côté, Martine Aubry a été choisie sur un projet de rassemblement, et  a réussi à le faire vivre, à remettre le parti au travail, en ordre de marche. Bien sûr l’impérieuse nécessité s’est imposée, tout le monde voulait enfin aller dans la même sens, mais elle était sans doute la bonne personne.

Pour autant je me laisse encore le temps de confirmer mon choix. En effet François Hollande me paraît mieux préparé, ce qui compense son manque d’expérience ministérielle, plus motivé, et il a mieux mis en scène ses soutiens. Le soutien de personnes comme Pierre Moscovici, Didier Migaud, André Vallini ou Aurélie Philippetti me paraît intéressant.

Je m’en remettrai donc à des sujets comme le nucléaire, la lutte contre la délinquance (sur laquelle Manuel Valls dit depuis longtemps des choses intéressantes et structurées), la protection de l’environnement, là où le projet socialiste laisse des marges de manoeuvre, pour trancher.

Il y a donc ce premier vote de la primaire socialiste.

Puis il y a ensuite la campagne elle-même.

Et là encore, mon choix n’est pas fait. J’ajoute en effet à la palette des possibles un vote pour Eva Joly. C’est actuellement la candidate qui m ‘enthousiasme le plus : sa rigueur, son sens de l’éthique, bien sûr sa conscience de la nouvelle société écologique, son parcours.

Pour autant le vote est une alchimie complexe : voter avec son coeur au premier tour n’est possible que si cela ne met pas en péril la présence de la gauche au second tour.

Dans tous les cas il reste de long mois pour analyser et confronter ces candidats, ces programmes… Regardons calmement ce qui peut être fait.

Lorsque l’argent ouvre les possibilités.

novembre 18, 2008

Douce et caline, elle frotte sa tête contre ma main, pour se rassurer dans cet environnement hostile.

A notre inquiétude légère on oppose une urgence peu rassurante.
Mince. Je n’étais pas préparé à ça.

Tout s’accélère, mon attente placide est submergée par la prise de conscience. Mise en marche du mode semi-automatique, une concentration maximum cotoie un flottement de mes pensées, comme si elles voulaient revenir à leur badin ennui.
Une décision à prendre, rapide, décisive. Mettre l’argent ou pas.

Je respire, je saisis le goulot d’étranglement qui s’offre à moi. Pouvoir absolu, de vie ou de mort. Et responsabilité accablante qui va avec.
Nous avions anticipé, avec raison, fixé une limite. Mais cette raison calculatrice vacille face à la réalité crue; face au regard implorant de la condamnée, les larmes sont mon seul jugement.
Ce n’est qu’un chat… On s’était pourtant dit qu’il n’était pas raisonnable de…

Bon.

Finalement, après quelques heures de réflexion, de décision, on décide de le faire. On nous demande, avec bonne volonté, une semaine de salaire. C’est beaucoup, certes, mais c’est aussi peu… Tout dépend de l’échelle. Efficience, efficacité…
En tout cas la conséquence de cet acte peut être décisive, immédiate. Pas de tourments, pas de regrets. C’est ce que nous voulons, tous les éléments pris en compte.

Opération compliquée, diagnostic réservé… On ne sait pas encore, nous avons chacun une intuition inverse. Est-ce que l’échec médical invaliderait la décision prise ?
Ou alors faut-il considérer qu’on a saisi une opportunité, qu’on a ouvert les possibilités, en connaissant le risque ?

Derrière cet exemple se posent de vraies questions : même s’il ne s’agit que d’animaux, le coût de la santé est une torture. Plus largement, certains de nos compatriotes, et plus encore dans d’autres pays, ont à choisir entre la santé et d’autres bien primaires. On ne peut y échapper…

Faut-il s’interroger de manière éthique sur ce cas ? Mettre une telle somme alors qu’on ne les donne pas à des humains en difficulté ? Quelles sont les logiques derrière tout cela ? D’un coté une logique politique et sociale, où on se défausse (et donc en contrepartie on s’engage) sur la société ? De l’autre les choix libres de chacun pour construire sa vie, voire la notion de « famille », vue de manière élargie ?
Quelle est la place des animaux de compagnie dans la société, sans doute plus importante qu’on ne croie… Interrogations bourgeoises de ceux qui n’ont plus faim ?

Il peut bien y avoir, de toute façon, un débat philosophique et politique dans chaque élément de la vie…

Et si le congrès votait pour le mandat unique parlementaire ?

septembre 2, 2008

Avec fougue, Hugues nous incite à signer une pétition.

http://www.pourlemandatunique.net/

Et il a bien raison,

Ainsi, la possibilité existe, si les militants le souhaitent et se mobilisent, d’ un grand boum politique, contre les inerties nombreuses. Ce qui aurait dû arriver progressivement depuis longtemps sera un choc salutaire pour le PS comme pour la démocratie française.

Comme lui je vous engage donc à signer cette pétition : il faut réunir 30 000 signataires membres du PS (si on estime qu’il y a 200 000 membres ce qui est sans doute la fourchette haute) pour imposer un référendum interne sur la question du mandat unique parlementaire.

Il serait temps, voici une proposition qui était dans le programme présidentiel.
Le MJS vient également de se déclarer favorable à ceci.

Cela permet à d’autres d’acceder au pouvoir représentatif, donc c’est un renouvellent, mais aussi un appel d’air salutaire. Cela évite la concentration de pouvoirs nombreux à certains endroits. Enfin, cela met fin à une aberration hypocrite dans certains cas, lorsque certains ont plusieurs fonctions qui chacune exige un engagement complet. Et si on travaille si bien, plutôt que dégager du temps pour un autre mandat, souvent cela serait utile pour la fonction première, ou pour avoir des politiques plus ouverts sur le monde :  moins dans le flux tendu des informations, des décisions, avec un peu plus de temlps de recul, et une culture de l’enrichissement personnel constant).

Rappelons qu’au niveau local la situation est compliquée, et pas encore clarifiée, ce qui est bien dommage.

Si on n’obtient pas cela, on pourrait déjà intégrer les agglo dans le calcul du cumul des mandats, par exemple pour commencer. Et aussi pour le cumul des revenus.

De même au PS, limiter les mandats internes et les mandats d’élus dans les instances nationales ou territoriales. Ainsi, Kader Arif, qui est reconnu comme un bon parlementaire européen, ainsi qu’un secrétaire national aux fédérations méritant, a plus que délaissé la fédé… (et en plus il est maintenant conseiller municipal)

Mais cela n’empêche pas d’agir, et du moins pour l’instant, de rêver : imaginons.

Les 30 000 signatures sont atteintes, un référendum a lieu en même temps que le vote du congrès. Malgré les contortionnements embarassés de certains élus et candidats (même si les principaux, Royal, Delanoë, Moscovici ou Aubry ne cumulent pas abusivement), la victoire est là…

Ceci peut aussi se faire avec plus de douceur, si la disposition est portée par la motion qui devient majoritaire.

Imaginons, des dizaines, des centaines, de partielles déclanchées partout en France. De nombreux parlementaires ont un choix à faire, important, décisif, démocratique. Quelques uns refusent la règle commune et se mettent en marge du parti.

Ce geste fait l’admiration des démocrates en France, et compte tenu de l’impopularité présidentielle, malgré un PS encore faible, il perd très peu des circonscriptions qu’il met en jeu.

C’est vu à juste titre comme une vraie marque de courage, d’audace, d’engagement, de modernité démocratique. Des dizaines de jeunes (mais pas seulement), notamment plus de femmes, des profils plus diversifiés, complètent les assemblées locales et, plus rarement, le parlement.

PS : une bonne analyse universitaire contre le cumul des mandats , lien trouvé sur le site toulousoscopie.

Poussière soulevée par là…

juillet 2, 2008

Le souffle puissant balaye l’horizon. Plus que quelques milimètres.

IMPACT.

Le tourbillon puissant tranche le paysage, l’endroit suffoque, hagard, rien ne subsiste. La démesure fait oublier la répétition, l’habitude, l’acceptation. Toujours cette même surprise. C’est grandiose, étonnant, banal. Question de point de vue.

Une douce complainte, au loin, retombent les pièces d’un nouveau moment.

Paisibles, calmes, tristes et fatigués, se meuvent les grains de poussière, infiniment nombreux dans l’infiniment petit. Moi, je regarde, et me demande si…

Le vent, les contributions, les motions, je tente de cerner le changement, d’y prendre ma part sans y perdre mon âme. (peu de risques à ce niveau, les dieux et les diables m’indiffèrent en moi et m’agacent chez les autres)…

Déjà, on peut distinguer ce qui relève du flou, du mouvement, du sens, du contresens.

J’ai ma préférence, claire, logique. Période intéressante, immense débauche d‘énergies, à la fois vaines et nécessaires.

Je retourne dans mon observation de la poussière, pas pour longtemps.

Scénarios pour la prise du PS

juin 4, 2008

Delanoë, Royal, Moscovici, Aubry, Montebourg, Hamon, Fabius, Dray… Les acteurs sont nombreux et les évènements encore multiples. Les textes seront déterminants si rien ne s’impose d’évidence.

Plusieurs scénarios sont envisageables au PS. Tout est possible aujourd’hui, tout grouille d’espoirs et d’inquiétudes mélées. Je tente d’imaginer les plus extrêmes, entre eux on peut imaginer mille nuances.

Bien sûr je n’exclue pas que même avec une victoire de Ségolène ou de Bertrand, tout puisse bien se passer. Mais voici les tendances que mon analyse perçoit comme probables.

I Une victoire de Royal ou de Delanoë :

Imaginons un duel qui gonfle, les reconstructeurs sont traversés de tensions, leur texte est plus une synthèse molle qu’un projet fort, Moscovici comme la gauche du parti ont un pied dedans un pied dehors, Aubry laisse planer le doute etc.

Delanoë et Royal réussissent à faire prendre la mayonnaise, imposer leur duel comme inévitable, les médias vont dans ce sens, les sondages…

Le duel se tend, confrontation dure mélée de zones d’ombres, de déclarations fluctuantes

1 Au soir du vote, Ségolène Royal, surprise, est devant, incontournable, majoritaire. Elle prend la tête du parti après une synthèse avec Valls et Dray.

Terrible désillusion dans le parti vaincu. De nombreux militants rendent leur carte, Mélanchon a enfin l’ouverture qu’il attendait et préparait, il quitte le PS avec Quilles et Lieneman, ils fondent un parti de la gauche avec une parti du PC et des alters.

Royal battit un mouvement qui la propulsera à la présidentielle, fortes tensions dans les sections, déclarations assassines dans la presse…

Delanoë contacte tout le monde pour préparer le match retour deux ans après, et commence à savonner la pente.

Le match n’est pas terminé, le parti va être bousculé et mis aux ordres, mais il ne va pas aimer.

2 Au soir du vote, surprise, Delanoë l’emporte. Majorité absolue de peu. Les ségolénistes jouent l’apaisement aigri, mais sont très virulents en privé, et dans les sections. Les incidents se multiplient.

Ségolène Royal fait une grande déclaration d’apâisement, tout le monde comprend qu’elle est déjà en campagne pour les présidentielles.

Bertrand tente d’assoir sa majorité sur le PS en faisant une synthèse large, sans les partisans de Ségolène. Il perd en audace ce qu’il gagne en stabilité, en intégrant une partie de la gauche du parti et des reconstructeurs à sa majorité.

Le match n’est pas terminé, le parti va être controlé, endormi, divisé, pour éviter qu’emerge une alternative contre Ségolène.

Mais un autre (100 autres en vérité, bien sûr) scénario est possible.

II Une victoire de reconstructeurs audacieux et conséquents :

Le conflit entre Ségolène et Bertrand perdure. Chacun sent qu’il est allé un peu loin, qu’il a été mal compris autour du libéralisme, et atténue ses propos. Leur image se brouille encore un peu plus, la lassitude monte chez les militants, le cynisme gagne les médias. Ils paraissent moins différents, se marquent de prêt.

La gauche du parti lance l’offensive, s’unit autour de Benoit Hamon, qui malgré ses sympathies pour Martine Aubry joue sa carte, et l’affrontement idéologique plus que de personnes.

Les reconstructeurs poursuivent leurs rencontres, dans toute la France, et suscitent espoirs et critiques.

Après l’indifférence, ils subissent l’ironie de la part des partisans des deux présidentiables proclamés. Enfin vient une critique sévère lorsqu’ils commencent à en avoir peur. Martine Aubry prend sa place dans les médias.


Il y aura plusieurs contributions, exigeantes et audacieuses. Cela débouche sur une motion commune, portée par la maire de Lille. Mais Pierre Moscovici sera le premier secrétaire de cette motion, pour respecter la volonté collective de cette démarche de ne pas présidentialiser.

Quelques Fabiusiens estiment cette entente trop réformiste et rejoignent Hamon ou Delanoë. Des partisans de socialisme et démocratie qui auraient voulus se compter enfin redoutent les rassemblement avec les amis de Montebourg ou les fabiusiens, et rejoignent Valls ou Royal. Mais il y a une belle dynamique militante et médiatique.


Au soir du vote, la motion Aubry-reconstructeurs est majoritaire, grande claque dans de nombreuses fédérations où tous les caciques s’étaient positionnés sur les deux primo-favoris.


Pierre Moscovici prend la tête du PS, sur une ligne qui réaffirme les valeurs de gauche, mais clairement réformiste. Les partisans des battus ne désarment pas mais sont rassurés en paroles et en actes, le parti ne sera pas mis au service d’un présidentiable, mais de tous, même s’ils tenteront parfois de tirer la couverture à eux, cela sera mal vu par les militants. Des conventions de travail nombreuses sont lancées, et tous les courants sont associés.

Il y a bien quelques couacs et des tiraillements, mais le travail avance, les règles de fonctionnement communes sont réaffirmés, des portes paroles thématiques portent la voix du parti, après larges délibérations collectives. Le choix du présidentiable sera choisi plus sereinement, même s’il y aura une bataille, et celui-ci bénéficiera d’un parti plus fort, plus soudé, qui aura travaillé.

Où en sommes nous 3 mois plus tard en septembre ?

L’invasion des signatures menace…

Mai 20, 2008

Le ciel était noir, sombre et menaçant une fois de plus, zébré d’éclairs au loin, déchiré de larges rayons de soleils mouvants… La tension était palpable, quelque chose allait se passer. Insensiblement, une forme d’inquiétude montait en moi… Pourquoi ces bouffées de chaleur ?

Les battements de mon coeur, brutaux, sourds, semblaient rythmer un temps qui ne s’écoulait plus que poisseusement…

Rien, plus un bruit. Le vent ne souffle plus, j’ai une sensation d’étouffement, je regarde derrière mois.

ET LA JE LA VOIS !!! ENORME, la liste des signataires du texte de Delanoë en Haute-Garonne se dresse au dessus de la ville ! Elle nous vient des profondeurs du temps, pleine d’une magie ancienne. Qui pourra lui résister ?

Elle grossit, grossit, jusqu’à obstruer l’horizon tout entier de sa couleur rouge fatiguée, COURAGE, CLARTE, CREATIVITE.

Autour de moi je vois des responsables socialistes locaux qui résistent encore, ils se cachent, ils courent. Mais la chasse aux signatures est lancée. Dans leur grand vaisseau amiral, Kader Arif, Jean-Jacques Mirassou et Pierre Izard incarnent, fiers et impériaux, la rénovation du parti, de ses idées, de ses pratiques, de ses représentants.

Ils lancent leurs filets sur ceux qui passent, leur lançant sans cesse « tu signes ? »

Je suis subjugué par une telle puissance, je me prosterne… avant de me reprendre.

Quelques partisans de Ségolène Royal ont sorti des boucliers « congrès utile et serein », ou des grigris anti-jospins, et se regroupent pour faire face derrière une vieille cannonière anti-apparatchiks, qui a déjà servie lors des primaires socialistes en 2006. Ils n’ont pas dit leur dernier mot.

Les amis de Socialisme et Démocratie et de Rénover Maintenant, en pleine discussion de fond, avec tous ceux qui le veulent bien, sur un nouveau parti socialiste, par delà les courants et le combat des chefs annoncés, avec quelques proches de Martine Aubry ou de Laurent Fabius, laissent passer l’averse, regardent ailleurs, tristes mais confiants tout de même, et continuent de croire que l’on peut allier rénovation des idées, des pratiques, des règles du parti, sans pour autant oublier son histoire, ses valeurs, que l’on peut croire en la politique. Une autre voie, quoi…


Ainsi ils rompent le sortilège, la bulle signataire se dégonfle… Car en fait à quoi sert-elle ?

Bon.

Plus sérieusement, la course aux signatures est lancée.
Les signatures de secrétaires fédéraux ne suffisaient pas.

A quoi cela sert-il ? A montrer que l’on compte, à influencer les proches, à faire basculer une partie des militants, peu politisés, qui aiment la légitimation de leur choix par les élus, à tenter d’imposer une évidence contre le libre choix et le débat, à décider les opportunistes ? C’est un honneur que de se voir demander une signature, faire de notre choix un enjeux…

Cela fait partie d’un certain jeu. D’ailleurs tout le monde le ferra, cela ne me gène pas en soi, c’est légitime aussi. Certaines personnes par leur qualité reconnues peuvent être influenceurs, cela pousse certains à se positionner (ce qui est mieux je trouve que le mutisme ou l’abstention dont on fait preuve par exemple une majorité des jospiniens lors des primaires socialistes), et cela identifie les camps pour les militants…

Mais c’est très tôt, et massif. Presque précipité, cela nous a déjà empéché d’avoir le congrès à Toulouse.

Tous ces gens qui se positionnent sur un pré-texte (un texte non définitif, une ébauche de motion), aux deux sens du mot, le font surtout contre Ségolène Royal et ce qu’elle a pu incarner, ou alors par fidélité ancienne vis à vis de Lionnel Jospin, et sur une volonté de présidentialisation du parti, d’avoir un chef, de gagner un combat de personne et de conception du parti.

Ce qui est un peu génant pour certains, c’est qu’ils auraient pu attendre de voir les différents textes en présence. Certains seront surpris lorsque le livre de Delanoë va sortir…

Partir si tôt, cela augure d’un affrontement dur entre les deux parties.

On va essayer de ne pas tomber dedans, faire le jeu du duel mis en scène par certains journalistes-spectacles, sans être non plus en retrait du débat et de la confrontation.

Pour sauver la France : le complot de l’ouverture… (1)

février 28, 2008


Début février 2007, Eric Besson réunit chez lui une assemblée nombreuse. Parmi celle-ci, de nombreux cadres du parti socialiste, mais aussi des anonymes. Des gens qui comptent, souvent, qu’il a rencontrés lors de ses expériences passées, à Vivendi, dans le monde politique ou les dîners en ville.

1 Eric Besson exècre Nicolas Sarkozy.

Son style cavalier, prétentieux et populiste, sa politique qu’il juge inefficace et dangereuse. Quelques semaines auparavant, il a dirigé l’élaboration d’une critique du sarkozysme, où il qualifie celui-ci de «néoconservateur américain avec un passeport français». Encore s’est-il modéré.

Eric Besson est un visionnaire. Il a lu ce qui allait se passer, et il a peur. En économiste, il pressent les dangers portés par les ambitions contradictoires du chef de la droite. Mais au delà, il s’inquiète pour la cohésion sociale, la stigmatisation de ceux qui galèrent, des banlieues, l’ adoration pour l’argent et la société de consommation que l’on peut déjà déceler chez Nicolas Sarkozy.

Le fondement laïque de la société, l’engagement européen, la réelle prise en compte de la révolution écologique, de la mondialisation et de la financiarisation de l’économie… Tout cela sera balayé par un chef de l’Etat qui veut tous les pouvoirs. Jusqu’ à où ?

Mais Eric Besson a vu aussi, en ce début de campagne, que la gauche est trop faible.

Trop éclaté, mal préparé à cause des années perdues autour des tiraillements européens, des enjeux de personnes et de courants, le PS s’est coupé des idées nouvelles, de l’actualisation permanente de son projet. Il ne dispose pas des outils qui permettront de traduire la complexité du monde en programme, d’imposer l’ordre du jour aux médias. Sur de nombreux points, le PS n’a pas tranché, on ne connaîtra pas les réponses avant la présidentielle, il le sait.

Au delà, le parti a choisi Ségolène Royal. La réconciliation post-référendaire a nécessité une synthèse molle, sur un projet trop rapidement élaboré, fruit de consensus contradictoires. Sans leader, avec des réponses fragmentées, des rancoeurs accumulées, beaucoup auraient pu être candidats par défaut… Ségolène Royal a senti l’opportunité, l’appel du vide, et a tenté avec brio son coup médiatique, fait de propositions iconoclastes et divergentes, de dénigrement du parti pour mieux coller à l’opinion publique, de vraies thématiques innovantes aussi.

Et l’opinion publique a choisi, sans vraiment savoir, mais en espérant beaucoup, face à une droite paradoxale et parfois dure.

Eric Besson n’avait pas fait ce choix là. Il avait des craintes, rapidement confirmées. Après une exposition médiatique formidable, l’attrait de la nouveauté et de la possibilité d’une femme à la tête de l’Etat, les sondages ont lentement déclinés. Elle sera une candidate de transition, qui a apporté de l’innovation, une volonté de rénovation des pratiques et des idées, qui a donc été utile, mais qui ne pouvait pas l’emporter.

Pour le brillant analyste, point besoin de ces études, pour avoir déjà plusieurs mois d’avance. La situation lui paraissait sans issue, et il ne voyait plus de solutions immédiates. La désignation avait eu lieu trop tard. Les débats participatifs, concept intéressant, auraient du avoir lieu pendant la construction du projet. Enfin la candidate n’ayant pas digéré la campagne interne, se privait largement des ressources du parti, l’empêchait de s’organiser face aux attaques, et agaçait l’opinion par certaines déclarations, hésitations…

Eric Besson avait partagé, depuis plusieurs semaines, ses inquiétudes, avec de nombreux camarades. Ils décidèrent de créer un club informel : les Gracques. Ceux-ci, voyant la défaite comme inéluctable, souhaitaient élaborer un plan pour sauver le pays, sans aller contre la démocratie. Pour certains cela passait par une grande alliance contre l’UMP, avec François Bayrou notamment.

Mais Eric Besson savait aussi que cela ne fonctionnerait pas. François Bayrou avait ses ambitions propres. Les militants des partis n’y étaient pas prêts. La réalité du danger Sarkozy, souvent invoquée par le verbe, n’avait pas pénétré le coeur de la société.

(suite)

Pour sauver la France : le complot de l’ouverture… (2)

février 27, 2008

2 Ce jeune dirigeant prometteur eut alors l’audace d’élaborer un plan qui semblait fou.

Début février, ceux qu’il sentait prêt avaient été conviés. Il les avait testés sur leur perception de la situation, sur leur dévouement à la justice sociale. Dans la grande salle, plusieurs dizaines de personnes, qui allaient se lier par un pacte historique.

Ils étaient tous là. Autour de la table, des noms connus : Jacques Séguéla, Carla Bruni, Jacques Attali, Bernard Kouchner, Fadela Amara, Jean-Pierre Jouyet, Martin Hirsch. Quelques contacts avaient été pris avec des partisans de François Bayrou et de Dominique Strauss-Kahn ou de Laurent Fabius.

Eric avait parlé à Lionel au téléphone, qui l’avait encouragé. Ils avaient le même diagnostic.

Mais Besson avait en plus le sentiment impérieux de la nécessité d’agir. Pour cela il était prêt à faire don de sa personne à la France. Il ne serait pas seul. Son esprit machiavélique tendait sa toile, cent fois plus vite que ses adversaires, battu pour l’instant mais pas abattu.

-Première nécessité : le secret absolu. Terrible exigence, les familles, les amis, les journalistes ne sauraient être au courant. Une fuite signifierait la fin immédiate de l’opération.

-Deuxième chose : peser sur les conditions pour qu’elles deviennent favorables. Pour pouvoir infiltrer la machine Sarkozyste, il fallait que la muraille se fendille. Il faudrait agir sur le débat public, mais aussi au plus près, de l’intérieur.

-Troisièmement : Une vision de long terme, planifiée et maîtrisée était nécessaire, sans quoi le sacrifice demandé ne serait pas supportable.

-Enfin, quatrièmement, un peu de chance, avoir choisi les bonnes personnes, les bonnes informations sur l’adversaire

Ce jour, chacun avait travaillé. Ils prêtèrent serment. Ils formaient désormais une famille, qui allait devoir résister à leur environnement proche, à la tentation corruptrice aussi.

Ils avaient décidé d’agir vite. Chacun par son influence souterraine, pour approcher les réseaux du candidat, et pour imposer l’idée de l’ouverture. François Bayrou y étant naturellement enclins, il fallu instiller cela comme une évidence pour tous.

Eric Besson donna lui-même le coup d’envoi public de leur action en quittant le PS.

Le 14 février il quitta avec fracas son poste au PS. Il écrivit rapidement et publiquement une lettre à Nicolas Sarkozy. Bientôt, un livre acerbe et dur renforca la construction de son personnage : le traître, sans honneur mais imbu de sa personne. Bientôt Nicolas Sarkozy ne saura résister à faire appel à lui, pensant réussir là un bon coup, alors qu’il mordait vulgairement à l’hameçon.

D’autres membres du groupe se rapprochèrent discrètement de leur pire ennemi. Cela se passa mieux que prévu encore. Dès avril, Jacques Séguéla organisa un discret dîner, bien avant ceux qui furent révélés à l’automne. Carla et Nicolas sont présents. Son numéro de charme, et quelques artifices chimiques, entraînent l’inévitable : elle aura auprès de lui dès ce moment une place croissante, un rôle considérable. Elle appuie ceux de ses conseillers, infiltrés eux aussi, qui proposent, ou plutôt imposent par leur habileté, le concept de l’ouverture.

Nicolas est en fait assez perméable. Ses conseillers ont un grand pouvoir. C’est un homme d’action, manipulable, mais ensuite borné une fois qu’il a fait sienne une idée. Il faut être là au bon moment.

Son entourage est traversé de luttes violentes pour le contrôle de sa parole. Certains des partisans de Besson purent ainsi planifier l’ouverture politique.

Malheureusement, l’élection confirma les pires craintes de celui-ci : Sarkozy largement élu. Mais son plan était sur les rails, et il n’en sortit pas.

Il fallut oeuvrer finement pour placer le plus possible de ses partisans, et écarter les vrais opportunistes ou renégats. Mais il fut satisfait. En plus de lui même, Martin Hirsch, Fadela Amara, Bernard Kouchner et Jean-Pierre Jouyet étaient de la partie. Carla était en place elle aussi, sacrifice incommensurable, don de son corps et de sa dignité pour le bien commun.

Mais cela ne suffirait pas. Avec l’aide du président Luxembourgois Jean-Claude Junker, l’un de leurs proche, et l’accord de Dominique Strauss-Kahn, ils réussirent à imposer celui-ci à la tête du FMI. La droite n’ayant personne à proposer de ce niveau, cela fut chose relativement aisée.

Conformément à la promesse de campagne que le groupe avait inspiré, Didier Migaud fut désigné à la tête de la commission des finances.

Enfin, Hubert Védrine et Jacques Attali reçurent des missions pleines de potentiel.

(suite)

Pour sauver la France : le complot de l’ouverture… (3)

février 27, 2008

3 Tout était en place. Un objectif : faire de son mandat un calvaire pour Nicolas Sarkozy, limitant ainsi ses capacités de nuisance.

Les premiers mois furent difficiles. Ils durent supporter le déchaînement de leurs amis qui se croyaient trahis, l’incompréhension et la tristesse de leurs proches. Ils ne purent qu’approuver des mesures parfois révoltantes ou fragilisant le pays. Pour ne pas se dévoiler, la discrétion était de mise. Ils durent jouer aux sarkozystes fervents. En permanences, ils continrent leur rage face aux sourires serviles qui défiguraient la cour autour du nouveau roi.

Pour parer à l’urgence, Eric Besson défendit insidieusement devant Borloo la TVA sociale, peu avant que celui-ci n’aille sur un plateau de TV. Fabius avait été prévenu. Cela permis d’établir une première digue au parlement, mais encore bien insuffisante.

Mais leur emprise allait croître lentement. Leur pouvoir de nuisance allait devenir terrible.

En secret, Carla continuait à voir le désormais président, pleine de honte rentrée. Ses exigences contribuèrent à la décision politique de la séparation d’avec Cécilia. Elle le rendait fou. Avec l’aide de quelques autres personnes influentes de la nuit parisienne, elle travailla Nicolas au corps.

Sa volonté de pouvoir, de richesse, d’opulence fut exacerbée. Déshinibé par son entourage, qui lui montrait les bons sondages, « cela ne choque pas les français », « c’est normal pour quelqu’un de ton rang », « regarde dans les autres pays », « cela passera bien dans les classes populaires, les cités : les gens veulent du rêve.. », il s’engouffra dans le yacht de Bolloré, imposa une augmentation de son salaire, afficha sa relation privée et clinquante sans plus de limites, de pudeur, de décence.

Les ministres, eux, commencèrent habillement à instiller la division. Quelques critiques légères sur des mesures phares d’abord, avec Martin Hirsch sur les franchises médicales, ou Fadela sur les tests ADN. Puis de plus en plus, mais toujours de manière discrète.

C’était cependant terrible pour eux. Obligés de sourire face à la morgue de certain députés UMP, de baisser la tête face à tout le sarkozysme, obligés de se taire, de se renier publiquement. Certains voulaient démissionner dès l’été.
« Pas encore, mes amis » répondait invariablement leur mentor.

Certains ont failli craquer, envisageant des manières plus radicales de nuire à cet omniprésident. Carla fut proche du régicide lorsque Nicolas envisagea de lui faire un enfant. Tout mais pas ça. Elle trouva des excuses.

Pourtant, à part quelques conjoints prévenus dès le départ, il n’y eut pas de fuite, le secret était bien gardé. Pour tenir, ils se voyaient souvent, entre gens bien ouverts, chez Bernard au ministère des affaires étrangères. Ils prirent même l’habitude de se réunir dans les dépendances de l’Elysée lorsque Carla y eut porte ouverte. A l’UMP, ils parlaient des diners de l’ouverture, vexés d’en être écartés. On ne parlait jamais du projet, par peur d’être écouté, mais on s’amusait beaucoup.

Les premiers effets de ce harcellement discret se firent sentir à l’UMP. Agacements, jalousies, rancoeurs, face à une politique que les agents de Besson s’attachaient à rendre choquante dans les paroles, mais inefficace dans les faits. Les sondages indiquèrent une érosion de la popularité du Président. Les sourires carnassier de la bande s’aiguisèrent.

La fin de l’Etat de grâce : il était temps d’agir plus fort

Le jeune secrétaire d’Etat à la prospective avait un schéma bien établi. Leur présence, leur action mettait mal à l’aise la majorité, pas toujours de manière consciente. Celle-ci était de plus en plus tentée de surenchérir, en déposant des amendements de plus en plus droitiers qui choquaient enfin l’opinion. Cela faisait partie du jeu. Il fallait souffler sur les braises. De son côté, ses études officielles pour le pouvoir honni avancaient a minima, juste de quoi de pas se faire démissionner.

Après avoir demandé en privé la visite de Kadhafi, Kouchner s’amusa ainsi à exciter Guaino et Boutin, ce qui fut aisé, sur la laïcité. La visite du guide eut un effet désastreux. Et la laïcité commença à travailler l’entourage du Président.

En panique face à sa chute dans les sondages, il tenta de remobiliser l’électorat de droite sur une question très structurante en terme de vote, comme celle de la religion. Mais ses discours illuminés sur la religion, faisant l’apologie du kamikaze, de la politique de civilisation de l’Arabie Saoudite et de son Islam tolérant, remettant en cause la laïcité telle qu’établie en France depuis un siècle, ne mobilisèrent pas les croyants, déçu par l’étalage de sa vie privée, dont Carla abusait sans vergogne.

Bigard, de toute sa vulgarité, soutint involontairement leur oeuvre de décrédibilisation.

Ce Sarkozy Bigot-Bigard allait à juste titre faire mal à la droite.

A l’approche des municipales, il fallait continuer à diviser la droite, et à décrédibiliser l’action du gouvernement. Fadela Amara déclara qu’elle ne voterait pas Sarkozy à la prochaine élection présidentielle. Kouchner et Jouyet se prononcèrent en faveur de Delanoë à Paris.

Didier Migaud critiqua sévèrement la loi de finance pour 2008, et Dominique Strauss-Kahn appela à sanctionner Sarkozy et à une politique de relance au niveau mondial, donnant des leçons à une Christine Lagarde bien loin avec regret de son cabinet d’avocat.

Les agents de l’ouverture se réunirent chez Jacques Ségéla au début de l’année. Quelques phrases discrètes à double sens renseignèrent chacun sur leur mission. Ces allusions fines ne furent pas perçues par Jean-Marie Bockel, qui n’était pas dans le coup, mais qu’ils avaient été contraints d’inviter pour ne pas éveiller les soupçons.

Fadella proposa un plan bien vide à Nicolas Sarkozy pour les banlieues. Il ne put rien en faire. Sa démission, faute de moyen, dans un grand coup d’éclat, sera bientôt un des moments difficiles du gouvernement. D’autres suivront… Le château de carte vacillait enfin, il ne restait plus qu’à souffler.

Ils pouvaient être fier. Il y eut bien quelques ratées, comme le rapport Védrine, qui n’eut pas trop d’impact alors qu’il devait souligner le repositionnement géopolitique de Sarkozy, mais rien de grave.

Plus sérieuse fut l’alerte, fin janvier, lorsque Carla posa nue pour un magazine espagnol. Sa haine la poussait a des légèretés excessives. Les autres membres craignaient pour sa santé mentale.

Elle aurait pu être soupçonnée pour avoir fait ça. Mais même pas, jouer l’ingénue suffit…

Parfois Besson avait honte d’infliger tout cela à l’image de la France. Mais sans tout cela, ce n’est pas une bouffonnerie internationale dont il s’agirait, mais d’un pouvoir narcissique et sans partage.

Dans l’ensemble, le pouvoir était pris à la gorge : les symboles de l’ouverture s’étaient rendus symboliquement indispensables. Ce cancer pour la majorité allait s’étendre aux collectivités locales.

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Pour sauver la France : le complot de l’ouverture… (4)

février 27, 2008

4  A la veille des municipales, l’ouverture fonctionne à plein pour faire tomber la droite.

Eric Besson était très satisfait. Mais concrètement leur stratégie devait apporter des résultats concrets dès mars 2008, aux municipales. Ils allaient tout faire pour que la droite connaisse une défaite cinglante.

Eric Besson lui même déclara ainsi de manière innocente, cinq semaines avant les élections, que l’idée de la TVA sociale n’était pas abandonnée.

Il appela également Michel Roccard : « Michel, c’est le moment de démissionner de la commission sur les enseignants ». Celui-ci s’exécuta immédiatement, prétextant une récupération politique possible.

Mais ce fut surtout Jacques Attali, qui agit en maître.

Il concocta un rapport très volumineux, pensé pour plaire au Président. Il avait pris soin au préalable de se valoriser constamment, et Nicolas Sarkozy s’était même imprudemment lié les mains : « Tout ce que dira la commission, nous le ferrons ».

Jacques et ses amis inclurent donc dans ce rapport quelques pépites farfelues, contradictoires, dogmatiques ou irréalistes que le président ne pourrait accepter, au risque de se dédire. D’autres, nombreuses, qui allaient gêner de nombreuses catégories de la population. Il prit soin d’être particulièrement hautain, et méprisant envers les parlementaires lors de la remise de ce pensum.

En sortant ce rapport toxique pour la droite un mois avant les municipales, il était sûr de son mauvais coup.

Dans ce climat, rendu enfin favorable pour la gauche, qui avait retrouvé en parallèle son envie, et entamait un profond travail de reconstruction, Besson finallisa sa stratégie pour les élections municipales.

Tout d’abord ils placèrent quelques uns d’entre eux dans la compétition, dans des endroits stratégiques, avec pour consigne d’être mauvais, comme Jean-Marie Cavada dans le XIIeme à Paris.

Mais surtout ils avaient réussi à tordre la démocratie. Ils avaient réussi à faire de l’ouverture un des arguments de la droite, alors que cela se retournerait naturellement contre elle. C’est un concept radioactif, dangereux mais insidieux, et dont on ne se débarasse pas facilement.

Partout en France les listes de droites (rarement assumées) sont parties à la recherche de retournements de vestes. Partout ils tentent avec ferveur de distiller de l’incohérence dans leurs équipes, de charmer ceux dont l’adversaire ne veut plus. Dans chaque ville, parce que le président l’a dit, parce que Besson a réussi son coup, n´importe quelle personne qui n´a pas été retenue démocratiquement par son parti, les déçus, ceux qui sont en perte de vitesse, les ex, les médiocres, peuvent trouver ailleurs un nouveau siège.
Les ratés d’en face prennent de la valeur simplement car ils se dédisent! C’est terrible pour la politique. Mais c’est surtout la défaite assurée pour la droite : cela instille rancoeurs et jalousies, remobilise les électeurs du modem contre ceux qui ont rejoint l’UMP, dégrade souvent l’image de la liste…

Ils sont tous des complices involontaires des comploteurs de l’ombre qui ont peu à peu entourés Nicolas Sarkozy pour le défaire avec ses propres armes.

Ainsi, Eric Besson est confiant. Carla Bruni et Jacques Attali ont été ses meilleurs combattants. Cela leur a coûté beaucoup, mais le combat s’annonce bien. Il reste du travail, et une défaite aux municipales pourrait entrainer des changements dans l’entourage du Président. Mais ils sont bien en place, ils sont confiants. Non, la France ne sera pas livrée aux chiens…