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Faire des choix politiques : le réel pour demain avec l’idéal en tête…

avril 8, 2017

Une élection présidentielle, c’est l’occasion de confronter des projets, des programmes, des hommes.

Mais c’est aussi l’occasion de se reposer les questions plus profondes, de quel avenir on souhaite, et quels moyens pour avancer dans la bonne direction. Je ne me sens pas déterminé par une tradition familiale, par un vote évident de classe ou par mon intérêt propre puisque je compte bien voter pour l’intérêt général, pour des valeurs, pour chercher des améliorations.

Quel idéal ?

Si je devais choisir seul l’avenir proche, si j’avais tous les pouvoirs, j’ai bien en tête les éléments d’une société idéale.

Une société beaucoup plus fortement engagée dans une transition et une sobriété énergétique, dans un respect de la nature et de la biodiversité.

Une société de la connaissance partagée, de l’éducation, des savoirs, mais également de la recherche de pointe et des technologies comme moyen d’explorer et de forger le futur. Une société non seulement où les religions ne sont plus des facteurs de conflits ou de dérives, mais au fond si je pouvais vraiment décider de tout, une société sans religions, ni sectes, ni complotistes, ni bêtise crasse.

Une société du loisir, la lecture, la découverte de la nature, le partage et l’échange, le jeu de société, redeviennent les chemins du développement personnel, et cohabitent avec le travail digne et décent.

Une France qui se reconnait dans un espace européen plus large, qui accepterait d’aller vers des compétences et une démocratie partagée. Une France qui prend ses responsabilité à l’international lorsqu’il faut défendre des causes, et notamment sa sécurité, mais en privilégiant un cadre plus large.

Un pays de solidarité, avec moins d’inégalités, sans pauvreté ni salaires ou fortunes exorbitantes, qui accueille et intègre ceux qui ont moins de chance dans d’autres pays, qui retisse des liens intergénérationnels.

Une société de libertés de choix de vie, de possibilité d’entreprendre, d’innover, de se former, changer de vies; avec des entreprises innovantes, citoyennes, rentables, qui se basent sur des agents plus autonomes, mieux formés, qui font vivre une démocratie sociale forte. Une cogestion à l’Allemande, où des syndicats plus forts, moins éclatés, plus responsables, partagent les intérêts globaux de l’entreprise et peuvent influencer sa stratégie.

Une société avec des citoyens forts, une administration efficace, moins d’échelons locaux, une démocratie vivante, avec de la proportionnelle, des élus exemplaires, des associations dynamiques.

Une société sure, qui investit fermement dans la lutte contre l’insécurité, contre les fraudeurs fiscaux, le travail au noir, et se donne les moyens de sa puissance, avec une armée en adéquation avec ses ambitions de protection.

Une gestion saine, une dette maîtrisée qui ne finance pas le fonctionnement, une administration globalement efficace, qui permet une fiscalité raisonnable, ou des services publics de haut niveau reconnus qui justifient le niveau de fiscalité…

 

Mais l’idéal ne fait pas un programme politique

  • Tout d’abord lorsqu’on trace un idéal sans cohérence, plusieurs objectifs sont contradictoires.
    D’ailleurs cela commence à l’intérieur de chacun : les exemples sont infinis. On peut être écologiste pour les enjeux globaux, mais vouloir deux ou trois enfants. De même la plupart des individus souhaitent acquérir un habitat individuel, y compris ceux qui prônent une densification des habitats ou un arrêt de l’étalement urbain. Certains font du sport ou mangent bio pour améliorer leur santé mais fument. Ou prônent une diminution du temps de travail par un partage des richesses et du travail, mais ne demandent pas un temps partiel auquel ils auraient droit…
    C’est pareil pour les idées générales : on peut difficilement proposer des objectifs contradictoires, dans une réalité complexe. Il faut donc faire des choix, des arbitrages, des nuances.

  • Il y a des moyens à mettre en cohérence avec des résultats. Des choix à faire. Imposition des ménage, des hauts revenus, des entreprises, dette… avec des conséquences futures sur la société (pénalisation de l’activité, augmentation des inégalités..) Ainsi, lorsque certains préconisent des dépenses nombreuses, une dette maîtrisée, et une fiscalité raisonnable, il y a un souci…
    Implicitement, cela oblige à sortir du cadre : la dette ne sera pas forcément remboursée. Du coup le cadre se dérobe : les marchés financiers ne prêtent plus. Alors il faut aller plus loin : on créera notre propre monnaie / Cela implique de sortir des traités européens. Une inflation massive est créée, qui plombe les entreprises exportatrices, et le pouvoir d’achat pour les produits importés..
    De même pour les entreprises : on peut les contraindre et les taxer plus, mais avec le risque, si nous dépassons certains points d’équilibre, de dégrader l’activité et l’emploi. Si on est dans une position absolue et volontariste, on pronera donc d’autres règles plus drastiques pour contrer ces effets secondaires (obliger des embauches, limiter les licenciements..) qui entraineront eux mêmes des effets néfastes à contrer…

  • Enfin, la société est complexe, ne réagit pas comme dans un jeu vidéo : les comportements, les anticipations, les structures administratives, les phénomènes de fuite, d’évitement, les impacts internationaux… Le risque à vouloir contraindre le réel est de décevoir, ou de devoir s’enfoncer dans une dérive autoritaire. On le voit avec Trump : au moment de traduire les effets d’estrade, les propositions insurrectionnelles et populistes, des contrepouvoirs, juridiques et politiques, des résistances partisanes ou administratives, des logiques économiques ou une realpolitique internationale se mettent en place et ralentissent ou résonnent les décisions effectives.
    J’aimerai interdire les religions et les cigarettes, mais cela ne se passe pas comme ça.
    J’aimerai créer un revenu universel, en reportant la fiscalité ménage sur les entreprises, j’aimerai décider des actions très volontaristes concernant l’environnement ou la société, mais cela ne se passera pas tel que je peux l’anticiper, et les effets secondaires risques d’être pires que le résultat obtenu…

Souvent, les idées trop brutales, simples, entières, ne marchent pas. Les extrêmes estiment souvent que leur idéologie vaut plus que les faits. La volonté politique, du peuple, du chef s’impose à tout. Finalement le programme politique de LePen ou Mélenchon importe peu, comptent plus leur personne, leur récit, leur incarnation de catégories unifiées mythifiées qu’ils font parler (le peuple, les français..)

Une fois au pouvoir la complexité du réel s’immisce. Et soit cela amène à de la désillusion, soit à des fuites en avant (cela ne fonctionne pas à cause de tel ou tel, cela n’a pas fonctionné car on n’y est pas allé assez fort, ou polarisation de la société sur d’autres sujets pour masquer ces échecs inévitables)

 

Entre cet idéal, proche d’un programme de Mélanchon, et le réel, il y a donc un chemin à tracer. Dans le choix qui nous est proposé à la présidentielle, la première marche qui semble la mieux adaptée est pour moi Macron.

Entre le rêve et le projet, il y a une voie à trouver. Produire avant de redistribuer. Contraindre ou réguler, mais pas seulement dans les textes, en prenant en compte les effets réels sur l’économie.
Ne pas dire comment on pourrait progresser vers ceci, oublier les complexités, les antagonismes internes à cette vision, où encore les éléments qui dans l’application seraient contraires, c’est se tromper et tromper les électeurs.

Entre l’idéal fantasmé et le réel, il faut donc choisir une feuille de route, sans oublier l’un mais en s’ancrant dans l’autre.

L’utopie concrète, la méthode du réformisme pas à pas, voici ma perspective. Promettre un cadre réaliste pour maintenir ou améliorer des droits sociaux, plutôt que promettre une radicale et joyeuse révolution sans bornes, qui peut potentiellement se transformer rapidement en chaos, puis en révolution conservatrice ou autoritaire (de gauche ou de droite) si cela échoue.

Le risque est cependant en étant trop dans le réel, de ne pas croire en ses rêves, d’oublier d’oser le rapport de force. L’ordre établi n’est pas pour autant immuable. Des inégalités sans précédents doivent pouvoir être contestées et questionnées. Mais sans raisonner dans une bulle, dans un texte théorique qui ne fera que chasser les fortunes et les investisseurs ailleurs (les capitaux et les fortunés sont les plus mobiles).

Il faut également penser l’urgence écologique, les bouleversements internationaux, les migrations, les développements en cours, les crise nationalistes ou la chape de plomb d’un retour du religieux qui s’étend, la concurrences dans le cadre d’un capitalisme financiarisé et mondialisé…

On peut penser que l’histoire va vers une diminution du temps de travail du fait du progrès technique. Cependant n’est-ce pas forcer le mouvement que penser que ces mouvements se voient du temps d’une génération ? Une forme d’hubris du pouvoir potentiel, de prétention à voir de son vivant des changements qui relèvent du temps long.

De même concernant un revenu universel. Il y a déjà progressivement des formes de revenus de subsistance, avec les chomages puis RSA, avec des salaires minimum, avec des allocations spécifiques (personnes atteintes de handicap)… Enfin le revenu universel existe pour une part de sa vie, c’est à dire une fois retraités. Quand on voit la difficulté à équilibrer les systèmes de retraites, penser pouvoir l’étendre à l’ensemble de la population parait un projet pour la fin du siècle, lorsqu’il y aura une forme de convergence des économies mondiales, des droits sociaux… Il peut y avoir des dispositifs intermédiaires, avec des impacts massifs en terme de redistribution, et donc de prélèvements nouveaux sur des entreprises ou la TVA., et donc la formule initiale ne pouvait être qu’un produit d’appel.

Ce qui me parait important c’est la notion d’équilibre.
Je suis favorable à des services publics forts, je ne suis pas pour une diminution des impôts et des fonctionnaires par principe. Mais lorsqu’on analyse la situation en France, vu le contexte, les rapports de force, l’analyse concrète de l’économie, il me parait plutôt sain d’envisager un reflux maîtrisé et priorisé de l’intervention publique, du nombre de fonctionnaires, une politique plus favorable à l’activité, aux entreprises, donc plus libérale qui permettent de consolider les filets sociaux et de les adapter à une société plus mobile et lutter contre le chomage. Tout est question de points d’équilibres.
Il est assez inquiétant de voir que Mélenchon et Hamon, et les personnes qui les entourent, connaissent peu l’économie privée.
De même je ne suis pas contre les partis, mais vu l’état du PS, que j’ai connu de l’intérieur, je pense qu’à certains moments, des partis peuvent évoluer ou s’éteindre, se réinventer.

Macron est donc l’instrument, dans un contexte particulier, de la recomposition politique nécessaire. Il y aura ensuite probablement le dépassement de Macron lui-même pour aller vers un nouveau clivage. Je pense que après 5 ans, si ce qui est dit est fait, l’économie française se portera mieux, ce que je n’anticipe pas avec les autres candidats (Olivier Blanchard à cette même analyse pragmatique). Après cet atterissage plus libéral, qui est un rééquilibrage mais est bien loin d’être ultra libéral, je pronerai probablement ensuite, avec Macron ou avec d’autres, pour un renforcement, au niveau européen comme national, des droits sociaux, de la transition écologique, toujours plus d’éducation, de science, de recherche, une politique de santé à renforcer etc.

Le temps long, réaliste, qui ne donne pas toujours la foi du volontarisme, mais qui peut donner l’espoir d’un lendemain qui progresse malgré un contexte difficile.

 

Charlie et conséquences…

janvier 21, 2015

Quand j’ai appris l’attaque je n’y ai pas cru immédiatement. Saisi, interloqué, hébété.

Etat de stupeur et de choc.

Ravagé, dégoutté, bouleversé.

 

La pire de mes craintes, l’oppression physique, l’attaque des intellectuels, des idées, de la France et de la République.
Puis ensuite une policière et une cible juive (une fois encore). Il ne manquait plus qu’un symbole gay à la palette de la haine.
Peur, envie de pleurer, mais pas résigné. Abattu, mais en colère. Je suis allé manifester tout de suite. J’en ai cependant été affecté lourdement pendant plusieurs jours.

 

Une première réaction qu’il fallait de la France attaquée

Le dimanche, formidable mobilisation, quelque chose de très fort. Hollande et Valls ont été exemplaires sur cette semaine. J’ai apprécié le discours de Valls à l’Assemblée, ainsi que celui de Hollande, et notamment sa décision courageuse d’aller manifester, d’appeler à la mobilisation, et l’organisation de la venue de chef d’Etats étrangers.

C’était un risque énorme en terme de sécurité, calculé bien sur, mais c’était un défi, les yeux dans les yeux, aux terroristes en leur offrant la meilleure des cibles, des millions de citoyens dans la rue, dont des chefs d’Etats. S’ils avaient pu frapper à nouveau tout de suite, ils l’auraient fait.

 

Je me suis senti attaqué

D’autant plus que Charlie, auquel je suis abonné, c’est moi. Ils me font rire, et réfléchir.
Par ailleurs, je suis athée, critique, sceptique et cynique vis à vis des religions, et donc laïque militant. Et ce n’est pas seulement la liberté d’expression qui a été attaquée, mais le droit au Blasphème. Ce « prophète » n’est pas le mien. Je me fous qu’il ait existé ou pas, je veux bien lire ce qu’il a bien pu écrire comme tout autre témoignage historique, mais je n’ai ni Dieu ni gourou.

Toute pensée est intéressante, mais par contre je n’ai aucune prescription à recevoir d’un quelconque affabulateur charismatique (je parle là pour toutes les religions), mort il y a des centaines d’années, à qui je n’ai rien demandé. Ni à ses transcripteurs, parfois nés après sa mort, qui ont bien écrit ce qu’ils voulaient, avec leur sagesse, leurs ignorances ou frustrations, leurs archaïsmes.

Si j’ai un regard assez dur sur les religions, c’est surtout sur les comportements qu’elles imposent, ou sur la prétention à la vérité qu’elles peuvent incarner, absolument dangereuse. Mais pas forcément sur l’histoire qu’elles racontent ou sur les explications qu’elles proposent, que l’on peut lire de diverse manière.

D’ailleurs je ne peux pas être aussi dur avec ceux qui croient, que je ne souhaite pas juger individuellement en tant que tel, même si une croyance aveugle me parait toujours inquiétante et absurde. Donc je ne souhaite pas juger en bloc ceux qui croient, car cela échappe à la raison assez largement, et on est dans une nuance infinie de situation.
Ils ont chacun leurs raisons. Certains sont pris passivement dans une tradition, un enseignement, une identité, dont il est difficile de se défaire (de même que d’autres aiment le rugby ou la pétanque parcequ’ils viennent de telle région, de tel milieu…); d’autres sont manipulés lorsque religion et pouvoirs se mélangent… Enfin pour certains il y a une démarche plus active, voire critique, des aspects culturels, presque philosophiques, dans lesquels ils piochent avec liberté ce qu’ils veulent…

 
De la liberté d’expression :

Donc Charlie survivant devaient-ils publier leur Une avec un soi-disant prophète ? Cela ne me pose aucun problème, un moyen de regarder avec mépris, et courage, leurs assaillants. La Une est digne et tendre. Le journal est engagé et satirique, cela n’a pas à changer. Les limites sont celles de la loi et je ne souhaite pas qu’elle change en France. Personne n’est obligé d’acheter et lire le journal.

La soi-disant interdiction de représenter leur prophète s’adresse à ceux qui choisissent de croire en l’Islam, pas aux autres. Imaginez si on devait prendre pour soi les interdictions de toutes les religions et sectes qui existent !!!

Par ailleurs, l’impact international est à relativiser. Souvent ce sont quelques milliers de personnes qui ont défilé, soit manipulés par leur gouvernement, soit plutot en prétexte contre des problèmes intérieurs. Et cela oblige chacun à se positionner. Ainsi le Président du Niger a proclamé que ceci n’était pas son Islam…
Certains évacuent un peu facilement le débat en indiquant que ces actes criminels n’ont rien à voir avec l’Islam, mais il n’y a pas encore une condamnation générale dans l’Islam mondial sunnite, non unifié, du salafisme, de l’intégrisme, du wahabisme. Certains en Arabie Saoudite et au Qatar (et donc en France avec ceux qui les embrassent) jouent d’ailleurs un jeu trouble.

Pareil en France, cette publication a fait réagir, a pu choquer. Mais d’une part cela révèle des soucis internes plus profonds, et c’est donc plutôt salutaire que de les ignorer. Et d’autre part la liberté d’expression n’est pas la liberté de dire des choses qui plaisent à tous.

Comme l’a dit Alain Finkielkraut « la liberté d’expression blesse les Hommes, il y a une douleur de la liberté, c’est ça qu’il faut faire entendre ». Accepter que certains disent ce qu’on ne souhaite pas entendre, que l’on déteste, avec quoi on est radicalement d’accord.

On peut répondre par le mépris, la parole, par la caricature, par les écrits, les manifestations, voire la justice dans certains cas (appel à la haine, diffamation…)

Je poursuivrai prochainement ma réflexion sur l’impact en France, sur être ou n’être pas Charlie, la situation dans nos Banlieu et écoles…

 

Conclusion :

Alors que Charlie Hebdo avait des problèmes financiers, que le journal allait peut être mourir d’une petite mort honteuse, ils ont jeté de l’huile sur les dernières braises en pensant les éteindre. Ils l’ont rendu immortel et héroïque dans une ironie tragique.
Ah les cons ! Ils pensent avoir gagné, mais j’espère que cela entraînera une réaction vigoureuse de la société, des autres journaux, un réveil de ceux qui se sont laissés aller à un peu de complaisance, par ignorance ou bêtise, avec ce fanatisme idéologique.

Autre risque, que les réflexions nécessaires se fassent submerger par les réflexes identitaires et les raccourcis. J’ai donc une pensée pour tous ceux, qui risquent de souffrir de tout ça encore plus. Comme disent les Guigols : 12 morts, 5 Millions de Français musulmans (ou vu comme tel) blessés…

Bref, réalisme sur les vrais dangers qui existent (il y a encore quelques naïfs qui planent un peu sur ces sujets), sécuritaires, ou lié aux dérives sectaires et religieuses radicales, ainsi que sur les risques d’aggravation de stigmatisation et de puants amalgames…

On peut lutter. Impertinence, insolence, solidarité, humour, scepticisme, nuance. De la colère peut aussi naître la création. Je renvoie vers un poême que j’ai écris il y a quelques années lorsque les Talibans avaient fait sauter les bouddahs géant en Afghanistan, sur le basculement dans l’intégrisme.

 

Le réforme territoriale comme moyen de faire les économies nécessaires ?

avril 21, 2014

Cela fait quelques années que je prône une réforme en profondeur des collectivités territoriales.

Voici ce que j’écrivais déjà en 2007.
En 2009 je trouvais que la réforme Fillon-Sarkozy allait dans le bon sens, mais elle a été malheureusement déconstruite en 2013 par la majorité socialiste. Aujourd’hui Manuel Valls propose aux mêmes de déconstruire la déconstruction, et d’aller plus loin encore. Cela illustre les errements du début de mandat de François Hollande, et en partie l’incompréhension des Français sur plusieurs sujets.

Mais en tout cas maintenant sur ce projet, Bravo, même si tout cela est complexe et qu’il faudra passer par dessus pas mal d’oppositions.

Le projet actuel va assez largement dans le sens que je souhaitais, pour la réforme territoriale : renforcement des régions et des interco, suppression de la clause générale de compétence.

Le contexte n’est cependant plus le même. Aujourd’hui cela se mène en parallèle d’un effort d’économie sans précédent, par la diminution des dotations versées aux collectivités.

Est-ce qu’il faut espérer en la réforme territoriale pour obtenir ces économies ?

 

Nous en sommes arrivé à un niveau d’enchevêtrement et de doublons assez impressionnant. Il y avait déjà un nombre de communes invraisemblable, il y a désormais des intercommunalités, des départements, des régions, l’Union européenne… Et l’Etat qui n’a pas toujours su se positionner dans les préfecture : accompagner, contrôler, se dégager de certaines compétences…

Cette grande structure souple et redondante fonctionne bien dans l’ensemble, mais au prix d’une dépense élevée, il y a donc probablement des économies à réaliser.

Parfois en limitant quelques services en doublons, mais plutôt je pense en améliorant l’efficacité des collectivités locales : en concentrant quelques interventions parcellisées, en organisant mieux les compétences, en atteignant des tailles critiques…

Mais n’attendons pas non plus des économies faramineuses. Comme la plupart des réformes, le changement a un coût initial. Il y aura progressivement des économies, des simplifications pour les usagers, mais il n’y a pas de trésor caché. Par exemple la suppression des départements amènera une clarification, une optimisation des moyens. Mais les compétences actuelles (social, développement rural…) sont nécessaires, et devront évidemment être reprises par la région. C’est donc à la marge que seront les économies dans un premier temps.

Se pose donc la question plus largement des économies dans les collectivités territoriales. Après des années de ressource facile, on arrive aujourd’hui à une tension sur les ressources (fiscalité arrivée à un point haut, dotation de l’état en baisse, subventions croisées également…). C’est la conséquence plus générale du changement de modèle économique, avec une croissance durablement faible depuis deux décennies, sans que les dépenses n’aient diminuées.
Certaines villes dans des territoires en difficulté sont déjà engagées dans des programmes ambitieux. Mais ce n’est pas le cas dans la plupart. Par contre depuis plusieurs années les démarches d’efficacité, d’évaluation, de contrôle de gestion, progressent dans les grandes collectivités, souvent bien gérées.

Il y a plusieurs étapes dans les recherches d’économie :

– Dans un premier temps on peut réduire quelques gaspillages, quelques doublons, quelques excès.

– Puis on peut appliquer la technique du rabot : progressivement durcir les objectifs, diminuer les moyens, décaler des programmes. Dans un premier temps, en alliant ceci avec une démarche réfléchie, on peut arriver à faire mieux avec moins.
Mais assez vite on arrive à l’os… J’ai pu constater par des amis qui travaillent dans certaines directions déconcentrées de l’Etat comment est difficile cette période de contraction des moyens à périmètre constant : dégradation des conditions de travail, perte de sens, dévalorisation car rapidement les missions sont affectées…

– au bout d’un moment il faut donc bien passer à une évaluation plus globale, en interrogeant, service par service, compétence par compétence, les missions et le périmètre. Quels investissements sont soutenables ou pas avec l’étude prospective ? Qu’est-ce qui doit être fait ou pas par la collectivité, avec quel niveau d’exigence ? Les moyens affectés déterminent le périmètre. De vrais choix de gestion, et de vrais choix politiques.

 

Je suis donc très favorable à une réforme territoriale, porteuse de plus de lisibilité, et d’efficacité à moyen terme. Mais dans un premier temps, ce n’est pas cela qui générera les économies dont les collectivités ont besoin. Il faudra donc un effort important, comme le fait l’Etat, mais qui ne se limitera pas au coup de rabot et aux décalages, ce serait trop facile, mais à de vrais choix collectivité par collectivité sur les politiques menées.

 

De la liberté d’expression de Dieudonné

janvier 10, 2014

 

Il faudra bien analyser la décision du Conseil d’Etat qui confirme l’ interdiction du spectacle de Dieudonné à Nantes. Selon certains, elle est peut être mal fondée en droit et inopportune, voire dangereuse pour la liberté d’expression.

Me gène la justification par les troubles à l’ordre public, qui fait peser la menace que n’importe quel groupe extrémiste (Civitas, islamistes, ligue défense juive, bonnets rouges etc) arrive à empêcher le déroulement de certaines expressions.
S’il y a un risque de troubles, je préfèrerai que la police soit là pour garantir la liberté d’expression contre les fauteurs de trouble.

Après, si on considère que c’est la reproduction d’une œuvre qui a déjà été proposée, et qu’elle comporte des passages manifestement contraires au droit, c’est différent, c’est comme un livre qui sort, s’il est diffamatoire, ou appelle à la haine raciale, il peut être interdit. On interrompt donc la diffusion d’une œuvre contraire au droit. A voir.

 

Sur le fond, cela ravive le débat autour du « cas Dieudonné », provocateur en chef, défenseur absolu de la liberté d’expression depuis qu’il est attaqué sur certains des thèmes qu’il défend…
Il y a autour de moi, sur le net ou dans les bureaux, des débats passionnés. Quelques-uns, une minorité active, sont des défenseurs du comique et de ses thèses, s’insurgent sur le fond, et quelques défenseurs de la liberté d’expression contestent l’interdiction.

 

Il y a des supporteurs de Dieudonné très différents, entre :

  • ceux qu’il fait rire, qui pensent que son attitude n’est qu’impertinence et provocation, mais qui sont souvent de plus en plus mal à l’aise ;
  • ceux qui adhèrent au personnage et à son humour, mais qui en sont venus à le suivre partiellement sur ses débordements sans proclamer eux-mêmes les idées les plus assumées;
  • il y a enfin ceux qui invoquent  également l’humour, les idées anti-confirmistes, la liberté d’expression, mais plus largement partagent le fonds de commerce qui est de plus en plus passé de l’antisionnisme à l’antisémitisme.

Et d’autres sans doute, c’est ce que j’ai vu autour de moi…

 

 Dieudonné est-il drôle ?

Oui, Dieudonné a beaucoup de charisme et il est drôle. Dans son genre c’est pour beaucoup d’amateur le meilleur de sa génération : mélange de cynisme, de franchise, de violence anti-conventionnelle.

Enfin quelqu’un qui tapait là où il voulait, sans rien s’interdire, avec une belle maîtrise de la provoc, mais aussi une manière d’habiter ses personnages et de jouer avec le public, de créer des codes, de créer une identification jouissive. Avec en prime un peu de réflexion sur des sujets nationaux et internationaux.

 

Progressivement le comique se mue avec talent en militant anti-sionniste, puis dérive très largement vers l’antisémitisme.

Quant il critiquait toutes les communautés ou confessions, jouait de multiple personnages impertinents, j’adorais.

Quand il a commencé à souligner la pesanteur de la morale victimaire liée à la shoa, à critiquer le sionisme vu comme la politique colonialiste d’Israël, et à dire que d’autres tragédies méritaient aussi l’attention, j’avais presque l’impression de lire le monde diplomatique en plus drôle, donc pourquoi pas même si je commençais à sentir que ça pouvait déraper.

Quand le sionnisme a changé de sens dans sa bouche, vu comme « la somme de toutes les actions de toute personnes présumées juives », que son discours public est devenu orienté contre CE sionisme à 80%, qu’il s’est fourvoyé dans des théories fumeuses sur le pouvoir et les complots divers… en compagnie de mecs de plus en plus improbables (Soral, Seba…), on est sorti de l’humour, et même de la provoc.

Ce qui me semble dangereux c’est qu’avec son talent il continue à construire un univers mordant et drôle autour de ces thématiques, il a donc une audience beaucoup plus grande que n’avaient ces idées, et arrive à embarquer beaucoup d’esprit faibles dans son délire.

L’annulation du spectacle de Dieudonné, victoire du sionnisme international ?

En effet selon ses supporteurs radicaux c’est par exemple le fait qu’il y ait des « sionistes » au conseil d’Etat, ou que Manuel Valls a une femme juive, qui expliquent les décisions de cette affaire.

Que leur répondre ?
C’est une interprétation qu’ils choisissent d’affirmer avec certitude parmi des dizaines possible, et certainement pas la principale. On peut aussi penser que le Conseil d’Etat a jugé en droit, même si l’ interprétation peut être contestée. Ou qu’il s’est plié au pouvoir politique. Ou encore juger que ce ne sont pas « les juifs » qui se sont défendus, mais le CE en tant que partie prenante de la société, de même que l’a fait le gouvernement. Ou encore que c’est la décision de plusieurs individus aux raisonnements divers, mais nullement rattachés à un quelconque sionisme international, qu’ils soient juifs ou pas.

 

Le fantasme de l’existence du sionisme comme groupe constitué

C’est explicite dans les déclarations de Dieudonné hors spectacle, plus ou moins sous forme de provocation (les sionnistes, la juiverie internationale, les juifs…), et dans certaines blagues durant ceux-ci, mais également théorisé par les écrits d’Alain Soral, avec qui il avait fondé le parti antisionniste.
Autant inviter le révisionniste Faurisson sur scène était batti comme une pure provocation, autant toutes ses déclarations distillées depuis des années (souvent en dehors des spectacles mais qui mettent en perspective le contenu) font système de pensée…

C’est tellement facile de penser que parceque des gens auraient des caractéristiques communes (lobby juifs ou lobby gay qu’il attaque également) ils n’existeraient plus en tant qu’individu, et ne deviennent que ce caractère… D’ailleurs il choisit lui-même de ne pas clarifier son point de vue pour ne pas perdre une partie de son public hétérogène.

Dans une pensée complexe comme l’est le monde, on intègre l’existence des réseaux, des lobbys, des influences, mais ce ne sont que des éléments parmi d’autres. Il y a aussi de la reproduction sociale et culturelle, la prise en compte de l’individu (tous les juifs ne sont pas croyants, ne se représentent pas en tant que tel, ne se considèrent pas d’abord en tant que juif, ne sont pas d’accord avec d’autres juifs d’un autre bord politique etc).

 

Bref, je ne sais pas s’il faut interdire les spectacles de Dieudonné. Et même mieux, il faudrait l’inviter sur des émissions contradictoires, même s’il a un fort pouvoir d’attraction médiatique, pour lui opposer des arguments sérieux.

Mais sur le fond, c’est pas plus mal que sorte ce qu’est vraiment ce personnage, qui a peu à peu dérivé d’un comique contestataire vers un gourou antisémite.

 

 

La crise politique de la trentaine

avril 26, 2013

Phase 1 : le déni 

Depuis des mois je compte organiser une soirée pour mes 30 ans.
D’abord quelque chose de gros, qu’il faut prévoir plusieurs mois à l’avance, puis une petite soirée … puis rien.
J’ai même dit à ma compagne qui proposait de m’aider à organiser que j’allais m’en occuper, pas de problème…

Encore quelques jours après mon anniversaire, j’avais l’impression que les gens parlaient de quelqu’un d’autre.

Phase 2 : la prise de conscience

Qui a 30 ans ? Moi ? Vraiment ?
A force d’entendre que c’est un cap, un seuil, une étape, j’ai ouvert mes chakras aux questions existencielles :

Qu’est-ce que ma vie aujourd’hui par rapport à ce que j’envisageais à 30 ans quand j’étais jeune ? Vulcanologue, météorologue, ou paleontologue disais-je quand j’avais 10 ans. Plus tard, je voulais être président de la République… Plus tard encore, quand je portais barbe et cheveux longs en écoutant du métal, je me voyais écrivain-chanteur…

Quels rêves puis je encore atteindre ? Que dois-je garder ou changer dans ma vie ?

Dois-je prendre une année sabbatique pour faire le tour du monde ? Reprendre les études ? Acheter une porche et une rollex à crédit ? Prendre 2 amantes et 1 amant ?

Est-ce le moment de me caser, gamin, appart, nouveau gamin, nouvel appart, nouveau gamin, maison ? Profiter d’habiter à Toulouse pour sortir plus ?

Ou alors essayer de convaincre ma compagne d’aller poser nos valises en Ariège, à élever des chèvres et produire du Moulis ?

Après quelques réflexions autistes autour d’une tizane, je me suis dit que finalement entre aujourd’hui et la semaine dernière, rien n’avait changé en fait…

Phase 3 : le rebond

Ma vie est ce qu’elle est, et ce n’est pas si mal. Bien remplie, pleine de belles choses.
Ca n’empêche pas de se poser de bonnes questions, de rêver un peu, voire de réfléchir à comment atteindre ses rêves.

 

Et la politique ?

J’ai exploré les franges de la gauche, du centre à l’extrême gauche. Je me suis construit progressivement. Aujourd’hui, je me sens plus libre, plus indépendant. Quelques marqueurs structurants restent : la conscience écologique, la laïcité et la méfiance envers les religions, l’égalité des chances. S’y sont ajouté également la question de la sécurité et des banlieues.

S’intéresser, s’investir à nouveau un jour.
Je ne suis ni résigné, ni révolutionnaire.

J’ai l’expérience, d’avoir tenté la politique, dans plusieurs partis. Je suis certes un peu désenchanté, je lis mieux les enjeux de pouvoir, les combats qui se jouent en chacun, les jeux de façade.

Pourtant je reste persuadé que la politique est le moyen d’agir et de décider en commun. Les politiques qu’il m’arrive de cotoyer au niveau local sont souvent compétents et intègres, voire réalistes.

30 ans, tout continue.

Quelques réflexions sur le tri

août 10, 2012

Le recyclage est un outil d’une politique plus efficace, plus sobre, moins nuisible à l’environnement.

Cela permet de réutiliser des métaux ou matériaux plutôt que de les extraire à nouveau et de les importer (aluminium par exemple). Par ailleurs c’est une écologie du quotidien, pédagogique, qui montre que nos actes ont des impacts sur la planète, y compris nos actes d’achat, y compris notre manière de considérer nos déchets etc.

Il y a sans doute des débats à avoir sur l’organisation du tri, les méthodes de recyclage choisies etc.
Cependant globalement c’est une politique que je pense utile, avec d’autres visant à diminuer les déchets à la source lorsque c’est possible bien sur.
D’ailleurs certaines initiatives à Toulouse ont été bienvenues (récupération des cartons…).

Je pense cependant qu’il y a encore des mesures simples à mettre en œuvre. 
Je fais partie du bureau d’un club de badminton où nous faisons attention à diminuer et trier nos déchets lors de nos manifestations. Peu de clubs mettent ceci en pratique, alors que c’est souvent assez simple à mettre en place.

Cela me fait encore halluciner que ce ne soit pas un réflexe.

Or cela m’a permis de voir que dans tel gymnase la poubelle bleue était pleine depuis deux ans, mais pas ramassée/plus utilisée, et que dans la plupart des cas il n’y a pas de recyclage mis en place de manière efficace.
En s’y prenant à l’avance, on demande la mise à dispo de poubelles par le Grand Toulouse, etc, mais ce n’est pas simple.
Enfin cela me fait encore râler que de nombreux clubs organisent des tournois sans penser à ceci.

Or pédagogiquement c’est important que lorsqu’il y a des centaines de personnes, jeunes ou adultes, sur un évènement, de montrer que le tri ce n’est pas que à l’école. Sinon les gamins voient que en fait ce qu’on raconte n’est pas mis en pratique, et que cela ne choque personne d’allègrement tout jeter dans la même poubelle.

Quelques propositions suite à ceci :

–         un travail de sensibilisation est à mener sur des intermédiaires de proximité qui ont un rôle important : les gardiens d’équipements publics
–         plus largement, il serait bien d’offrir des formations courtes à tous les gardiens d’immeuble, pour leur montrer l’intérêt du tri, leur faire visiter un centre de tri etc.
–         renouveler des campagne d’information et d’éducation au tri (je n’en ai jamais eu chez moi..)
–         mettre en place des poubelles de tri dans les équipements sportifs et culturels de la ville, et le ramassage hebdomadaire
–         travailler avec les clubs sportifs : ils sont subventionnés par la collectivité, jouent dans des équipements publics, cela me semblerait un minimum qu’ils s’engagent à quelques règles simples de tri des déchets sur les évènements publics qu’ils organisent (charte à signer dans dossier de subvention, courrier de rappel, modif des règlements intérieur des gymnases…), lorsque le tri est mis en place dans le quartier.
–         A moyen terme continuer à travailler sur des poubelles doubles (tri/autre), car lorsqu’il n’y a qu’un des deux (exemple du métro) ce n’est pas efficace.

Voila quelques idées simples, même si certaines le sont moins à la mise en application.
En espérant que cela pourra servir.

 

Bon tri.

Quelle politique de sécurité et de tranquilité pour nos quartiers ?

mars 8, 2012

J’ai toujours pensé que les questions de sécurité et de tranquillité publique étaient très importants.

La gauche a longtemps mal traité la question, notamment là où elle s’exprime de manière plus aigü, dans certaines zones plus sensibles affectées par les difficultés sociales et les problèmes de violences. Peut-être parce qu’elle y est mal implantée, la politisation y est faible et l’abstention forte.
Ce sont pourtant les catégories populaires, et les notions de vivre-ensemble, qui en sont les premières victimes.

Je ne pense pas pour autant qu’une solution trop exclusivement sécuritaire, comme le propose la droite traditionnellement, soit à la hauteur des enjeux, et ne pas les traiter c’est prendre un risque de dislocation sociale et sociétale à terme.

Habitant un quartier dit « sensible », et actif dans une association sportive sur plusieurs autres quartiers, je suis un observateur au quotidien de cette thématique.

Faire un diagnostic sur les quartiers ne peut pas porter seulement sur la question de sécurité, tant les difficultés y sont grandes, les complexités multiples, les opportunités importantes. A Toulouse notamment, la situation s’améliore lentement, il y a une prise de conscience et une volonté politique. Le métro a raccroché le Mirail à la ville, les grandes opérations de restructurations et de rénovations ont été massives et utiles (Bagatelle et La Faourette ont largement et favorablement évolué, et les projets sur Empalot ou Reynerie-Bellefontaine sont intéressants).

Ces interventions radicales ne doivent pas se faire au détriment d’un traitement social et humain. Changer les murs et la voirie ne suffit pas. Il faut, et c’est l’ambition de l’équipe municipale (faire de ces quartiers des quartiers comme les autres à moyen-terme) aussi intervenir sur l’économie, sur l’éducation, sur la culture, le réinvestissement citoyen.

Mais avant tout ceci, et en parallèle, la sécurité est une des conditions premières du déblocage progressif de la situation. Dès que la situation se dégrade, il y a des départs dans les quartiers qui rabotent la mixité sociale. Le commerce et l’activité économique sont sensibles au contexte, et rapidement les votes protestataires se nourissent de cette désespérance.
J’ai encore trop souvent le sentiment que ces lieux de vie ne sont pas de ce point de vue des quartiers comme les autres.
A Bellefontaine les rodéos permanents de quad et de scooter sans casques sont les symptômes d’un sentiment d’impunité.

Certains problèmes ont pu être occultés dans la vision des partis de gauche. Ce que je lis dans les évolutions des programmes des partis de gauche me parait aller dans le bon sens. Cependant certains phénomènes, y compris à Toulouse, me semblent parfois encore sous-estimés : notamment les phénomènes d’économie souterraine et d’emprise pré-mafieuse qui s’installent parfois, les phénomènes communautaristes, la petite délinquance facile et banale lorsque le sentiment d’impunité et la perte de repères se rencontrent…

Inquiétant également, la fascination de certains jeunes enfants pour les kaïds, pour la violence, pour l’argent facile, contre l’école. J’ai vu des jeunes filles de 10 ans organiser des vols dans un supermarché en utilisant leur petit frère de 6 ans…

Outre ces problèmes de criminalités, de traffics, qu’il faut traiter de manière sévère, permanente, afin de réinstaller l’ordre républicain et ne plus laisser des vitrines d’impunité et d’argent facile, il y a la petite délinquance.

Je pense qu’il faut installer des pôles de tranquilité dans les zones les plus difficiles, pour que la mixité puisse s’installer, des activités culturelles, des échanges, ainsi que les activités économiques. Dans la palette de mesure, je pense qu’il ne faut pas être hostile par principe à la videosurveillance : pour sécuriser des sorties de métro, des places commerçante, quelques grands ensembles culturels et sportif, voire des parkings par exemple.

Par ailleurs l’ouverture plus large des commissariats de quartier, éventuellement avec une permanence nocturne tournante, serait bénéfique, ainsi que réintroduire la police municipale dans ces quartiers (encore cette fameuse police de proximité).
Ne pourrait-on pas introduire à certains endroits emblématiques des gardiens de rue ou de place, comme il existe des gardiens de parcs publics ou d’immeubles ?

Une récente enquête de l’ONZUS relève que nombre d’habitants des ZUS insistent sur le non-respect des règles de civilité et de citoyenneté, en matière de circulation sur la voie publique. Cette nuisance sonore entraîne également des accidents matériels, et insécurise notamment les parents de jeunes enfants. Il faut de ce point de vue également retrouver un vivre ensemble, parfois contre certains habitants qui se construisent à un moment donné contre la communauté, dans le narcissisme et la recherche de plaisir personnels, souvent dans l’idolatrie des valeurs marchandes et de consommation.
Contre les rodéos et les petits traffics, on peut sans doute communiquer plus et renforcer l’observatoire de la tranquilité 3101. La sécurité collective passe par une réaction collective, une prise de conscience citoyenne de la majorité contre ces agissements, y compris par le signalement de ces agissements afin qu’une réponse graduée et immédiate puisse être apportée.

L’impunité n’est pas combattue par l’alourdissement des peines,  parfois inapplicables, ni par la seule prison, souvent contreproductive, mais par la certitude de la sanction, adaptée. Tolérance 0 et réponse graduée.

Autour du Grand Projet de Ville, qui transforme nos quartiers, la sécurité et la tranquillité publique sont bien une des préoccupations importantes de chacun, de même que la réappropriation des lieux publics face à des intérêts mafieux.

Je suis bien conscient que les solutions ne sont pas simples, et que beaucoup se joue sur des ambitions plus large. Par ailleurs il ne suffit pas simplement de déplacer les nuisances en s’occupant par segment de chaque lieu. Mais je pense qu’il est important que chaque nuisance soit combattue, il ne doit pas y avoir des lieux où la transgression soit facile, ni de répit laissés à ces enrichissement rapides et ostentatoires qui deviennent des modèles funestes.
Concrètement ce n’est pas simple, mais c’est un objectif de long terme, l’amélioration de ces quartiers qui est en cours doit s’accompagner de cette prise de conscience.

La catastrophe, le futur, le nucléaire, la politique.

mars 18, 2011

La catastrophe

D’un craquement soudain, le Séisme au Japon a libéré une puissance considérable. Contrairement aux ouragans, il n’a pas de nom. Mais les images tournent en boucle, lancinantes, comme une alarme qui pousse à l’évacuation imossible, hypnotisantes, inquiétantes.
On y voit les secousses, les contorsions du sol, mais surtout la vague terrible, fracassant les côtes à plusieurs centaines de km/h, poussant dans l’intérieur des terres des flots immenses et chargés de débris…

L’onde de choc est mondiale. Certes il y a eu de nombreux tremblements de terres meurtriers, des dévastations terribles, mais cette fois-ci, c’est le coeur du monde technologique qui est touché. Des villes entières ne figurent plus que sur les cartes obsolètes, des milliers de corps sont rejetées par la mer pleine de regrets. Des centaines d’usine ne fonctionnent plus, amats de tôles de haute technologie.

Alors que les constructions avaient remarquablement résistées aux secousses, l’homme a été ramené à sa juste mesure, locataire de la nature.

Alors que les centrales nucléaires s’étaient automatiquement arrêtées, l’homme s’est retrouvé surpris par la vague, choqué de perdre le contrôle.

Le futur

D’une certaine manière cet événement, qui aura sans doute une portée matérielle importante mais pas historique, modifie ma vision du 21eme siècle et au-delà.

Le week-end dernier, j’ai un peu voyagé, je voyais plusieurs futurs possibles, entre Amsterdam, la ville cosmopolite, entre une Allemagne écolo et apaisée, ou les deux visages du Japon, technologique et post-apocalyptique…

Ma vision de l’avenir est nourrie par ma passion des littératures de l’imaginaire et notamment de science-fiction. On peut lire dans le dernier numéro du magazine Bifrost qu’une vision anti-progrès est incompatible avec l’intérêt pour la science-fiction. Pourtant, comme l’indique Jean-Pierre Andrevon dans un récent article dans Libération, c’est une réflexion sur les avenirs possibles, ses potentialités et ses dangers.

Entre les vaisseaux à propulsion atomique et les paysages post-apocaliptique, les différents visages du nucléaire sont présents dans ces projections futuristes.

Le nucléaire

J’ai toujours été favorable à cette technologie, fasciné par cette puissance. En France on rattache ceci à notre fierté technologique, à l’indépendance énergétique, à l’emploi. Ce n’est pas qu’une filière industrielle très influente, c’est un facteur d’identité. Pourtant je n’étais pas dans un milieu nucléophile, dans ma famille, dans mon couple. Depuis quelques années je suis déjà plus prudent. Mais le nucléaire faisait toujours partie du pannel de solution contre la dépendance au pétrôle.

Mais l’accident nucléaire en cours me travaille plus profondément encore. Ce n’est pas seulement la réalisation d’une probabilité infime, la malchance absolue, la catastrophe du millénaire…

C’est la catastrophe de plus, dans un des pays les mieux préparés. Bien loin des promesses utilisées pour vendre le nucléaire : la probabilité d’un accident tous les 25 000 ans disait-on.

Chaque énergie, chaque industrie, chaque choix, peut comporter des risques, que l’on accepte. Mais il y a là une dimension supérieure, quelque chose que l’on ne maîtrise pas vraiment : une puissance énorme, la radioactivité, qui modifie l’environnement de manière pérène et dont les modifications génétiques impactent l’environnement et le génome humain… Potentiellement des zones peuvent être durablement irradiées et condamnées.
Enfin il y a la question des déchets, voire de la prolifération (même si le nucléaire militaire est plus complexe)…

Cela demande beaucoup d’exigence, de prudence. Peut-être que c’est une technologie de liaison, sur laquelle on doit encore faire des recherches. Porteuse d’opportunité, peut-être qu’elle peut être maitrisée de manière sûre, mais le doute gagne.
En tout cas tombe le mythe. Plus largement on constate le manque de transparence, le risque, et les conséquences potentiellement terribles…

La politique

Donc je rejoins Dominique Strauss-Kahn, qui indiquait en 2006, « Nous connaissons les difficultés du nucléaire dans un pays comme le nôtre. Pour y répondre, il faut concentre un effort de recherche massif sur les questions de l’énergie propre. La France a fait dans les années 50 le pari du nucléaire et elle a réussi. Elle doit aujourd’hui faire le pari du post-nucléaire et le réussir« .

Politiquement c’est une des questions sur lesquelles je me distinguais des verts. (Restent quelques questions comme la sécurité sur lesquelles je suis plus ferme)

Plus largement cela renforce la crédibilité des écologistes dans le grand public, clairement, ils ne passent plus dans certains milieux pour des passéïstes peureux mais pour ceux qui disent depuis longtemps ce qui a été confirmé par les faits. Ils ne sont plus en retard, mais en avance.

Cela renforce la cohésion de Europe Ecologie sur le sjet (même Nicolas Hulot est maintenant pour une sortie programmée du nucléaire) et les conditions de négociation avec le PS.

Marginalement on peut se demander si cela aura un impact sur les cantonales. Cela peut faire bouger quelques pourcentages, il y aura quelques personnes plus motivées qui signifieront par un vote Europe Ecologie leur avis sur le nucléaire. Dans un contexte de très forte abstention, cela peut se voir, mais cela ne bouleversera sans doute pas les résultats de ces élections locales. (mais cela peut dans quelques cantons disputés permettre aux écologistes de passer devant et les décrocher).

Retraites ambivalentes…

octobre 20, 2010

Ce mouvement nous raconte beaucoup de choses, sur le pays, sa jeunesse, la vision du travail, sa qualité…

Je suis partagé, perplexe.

En quelques mots :

1/ Sur le fond :

– bien sûr une meilleure réforme est possible. Il aurait fallu que l’allongement soit plus progressif, et prévoir des mesures importantes pour mieux organiser sa sortie du travail, avec des mesures de travail anticipé choisi, avec des aides à l’aménagement des postes de travail, à la reconversion en fin de carrière (un prof fatigué passe aux archives à l’éducation nationale, par exemple). Sur ceux qui ont commencé à travailler tôt, il aurait fallu aller plus loin.D’autres ajustements sur les modes de financement étaient possibles.

Il faudrait même une réforme qui aille plus loin, vers un raprochement des régimes publics et privés par exemple (je suis notamment favorable à l’harmonisation des taux de cotisation prévue par ce projet).

– par contre sur les financements alternatifs, je suis septique : pour moi si 40 M d’euros peuvent être levés par de l’imposition (le principe ne me gène pas), nous en aurons besoin ailleurs, pour des politiques de gauche sur la recherche, l’éducation, la justice ou la sécurité. Sans parler de la dépendance par exemple.

Et il y a un contexte international, en dehors de la crise actuelle qui ne fait qu’accélérer les enjeux, que sont les rééquilibrages planétaires en cours, avec quelques décennies tendues je pense, qui nous contraint sur les marges de manœuvre financières. C’est un point « capital »…

Car par ailleurs il n’est pas tout à fait exact de dire que mécaniquement une hausse de la durée d’activité entraîne une augmentation du chômage des jeunes ou des vieux, tant le choc démographique jouera tout de même, et que ce n’est pas ce qui a été constaté dans les autres pays : plus les gens peuvent partir tard, plus ils sont employables longtemps au yeux des entreprises.

– par ailleurs cela fait des décennies que l’on avance péniblement sur ce dossier. Mettre un coup d’arrêt à la réforme (plutôt que de l’amender) est un mauvais signal sur la capacité à réformer le pays, or c’est ce que l’on entend de plus en plus dans certains mots d’ordres actuels, qui ne sont pas forcément ceux de la cfdt ou du PS officiellement.

2/ Sur la forme :

– nous sommes à 18 mois d’une échéance présidentielle, et pour les axes politiques je crois en la mobilisation électorale, représentative ou directe, plutôt qu’au comptage par les sondages et la rue, cela me parait plus sain.

– Les manifestations sont importantes à un moment pour mobiliser l’opinion, politiser le débat, faire naître une conscience collective. Ainsi la mobilisation a permis quelques améliorations du texte, c’est important, et à mettre la question à l’ordre du jour des prochaines élections, mais pour moi il n’y a aucune légitimité à demander le retrait du projet.

– que les jeunes s’impliquent est une bonne chose. Ils peuvent manifester, réfléchir, discuter, et plus tard voter. Par contre je ne trouve pas pertinent le concept de grève au lycée ou à la fac.  J’ai eu cette expérience, c’est un moment exaltant, et parfois de manipulation de la part de syndicats étudiants très « professionnels ». Ah, les blocages votés en AG, de grands moments…

– Donc je ne souhaite pas entrer dans un rapport de force physique, ni dans le blocage du pays, qui est pour moi un abus de pouvoir de ceux qui le pratiquent, que je ne comprend pas et ne soutiens pas.

– Par ailleurs politiquement cela peut bénéficier au gouvernement, j’en suis persuadé au bout d’un moment, en raffermissant sa base électorale notamment centriste, ou sensible à l’ordre. Même si une majorité de l’opinion soutient le mouvement, cela ne fait pas une majorité des électeurs potentiels, car malheureusement certaines catégories de la population votent moins que d’autres.

Donc voila, continuons à réfléchir.

🙂


Notre place dans le nouvel ordre mondial : quelle politique industrielle ?

septembre 12, 2010

Après la très intéressante conférence à laquelle j’ai assisté aujourd’hui, beaucoup de réflexions se sont emboîtées pour en venir sur cette question de fond.

Stéphane Israel, membre de la fondation Terra-Nova, qui a produit récemment une note sur la politique industrielle, est venu exposer. Joël Carreiras était également à la tribune, ainsi qu’un chef local d’une PME internationale dont je n’ai pas noté le nom.
Cette conférence était organisée par Socialisme et Démocratie 31.

Par ailleurs il y a eu plus d’une heure d’échanges avec la salle, très riche.

Voici une forme de compte-rendu, augmenté de mes réflexions personnelles.

I Le diagnostic :

L’industrie est un pillier de l’économie:

L’idée d’économie « post-industrielle », sans usines, ne tient pas sauf dans certains cas de spécialisation particulières. Pour l’intervenant, au contraire il n’y a pas de croissance sans usines. Les services sont souvent des services à l’industrie, et c’est dans ce secteur que se trouvent les qualifications et les rémunérations les plus élevés.

– L’idée d’une politique industrielle serait dépassée, inefficace. Or dans les faits le soutien public à l’industrie paraît toujours essentiel. De manière indirecte (systèmes de formation, réglementations économiques et sociales) ou plus directes : avances ou garanties d’emprunts, grands projets, commandes militaires…

Constat :

Une phase de rééquilibrage mondial, de désoccidentalisation de l’économie est en cours.

Ces dernières décennies, des destructions importantes d »emplois ont eu lieu dans certains secteurs dans tous les pays occidentaux. Plus généralement on assiste à un basculement vers les pays émergents : ce ne sont plus seulement les ateliers du monde, ils passent progressivement à une maîtrise plus complète de la chaîne, de la faible qualification à la haute technologie.

En Europe, la comparaison Allemagne-France est instructive et montre que des améliorations importantes sont possibles lorsqu’une stratégie assumée est mise en oeuvre.

L’Allemagne a conservé une part de l’emploi dans l’industrie bien plus importante que la France. Elle est un champion européen de l’exportation, et bien qu’ayant perdu le titre de 1er exportateur mondial, elle n’a pas perdu d’emplois.

Pour l’instant l’Allemagne profite plutôt du nouvel ordre mondial, en étant un fournisseur important des pays émergents, notamment en machines-outils. Cela soumet la France à une double contrainte : celle des pays émergents sur la compétitivité coût, et celle de l’Allemagne sur les produits plus complexes et qualitatifs.

Par ailleurs là où la France n’a pas vraiment dessiné une politique industrielle cohérente depuis 20 ans, l’Allemagne a pris des décisions fortes pour renforcer sa compétitivité :

soutien d’un tissu local de grosses PME dynamiques à l’exportation, ces entreprises intermédiaires qui manquent à la France qui a souvent privilégié un soutien aux grands groupes. (soutien assuré par les Länder et les banques régionnales) Existence d’un capitalisme patrimonial fort, moins sensible à la financiarisation.

spécialisation de long terme dans le haut de gamme, dans les machines-outils et les services à l’industrie, qui a par ailleurs permis de construire une image de marque du « made in Germany »

Ceci est passé par la mise en place de filières techniques fortes, des filières d’aprentissage d’excellence, technologiques et industrielles. Il y a une valorisation de l’industrie, du travail, de l’usine, voire de l’esprit d’entreprendre, plus forte qu’en France.
Cette importance du technique se retrouve dans les postes de direction, où la progression interne des carrières, y compris vers les postes de direction, est fréquente, là où en France existe un « marché » des cadres supérieurs issus des grandes écoles, voire de cabinets ministériels ou d’entreprises publiques.

– un pacte social renouvelé qui permet d’appliquer des décisions fortes dans une forme de consensus. Le système syndical Allemand, que j’ai déjà eu l’occasion d’étudier, plus massif, plus unis, est dans une relation plus mature avec le patronat. Ainsi les grands objectifs réformistes ont été acceptés, malgré les contraintes fortes que les salariés ont dû accepter. Il y a notamment eu de nombreuses délocalisations « par segments » des approvisionnements, en Europe de l’Est proche, alors que l’assemblage est conservé en Allemagne.

Par ailleurs les Allemands ont accepté un gel des salaires pendant la décennies 2000, qui a relativement diminué le coût du travail.

– Enfin, des décisions politiques fortes ont été prises, depuis le gouvernement Schröder, notamment l’instauration de ce qui est maladroitement appelé  » TVA sociale », qui permet aux importations de participer à la solidarité nationale tout en diminuant le coût du travail pour les exportations, mais également des diminutions de prestations sociales pour diminuer les charges patronales.

Enfin, l’Allemagne a mise en oeuvre, mieux que ses partenaires européens, l’agenda de Lisbonne, en augmentant fortement ses investissements en Recherche et Développement notamment.

Cependant, les compressions salariales en Allemagne ne dureront pas, les salariés veulent légitimement recevoir les fruits de leurs efforts. Par ailleurs ils ont payé la faible consommation intérieure par une croissance molle.

La France a avancé sur certains sujets, sur les pôles de compétitivité, même si trop dispersés par exemple, mais est assez loin de l’Allemagne.

Le passage aux 35 heures est revenus plusieurs fois dans le débat. Cela a pu apparaître comme une solution de court terme contre le chômage. Cela a été financé par des allègements de cotisations sociales (et donc du déficit public) et a permis des gains de productivité importants en refondant les organisations du travail.

Mais une fois ces deux supports progressivement retirés, il reste que les 35h pèsent sur le coût du travail, et sur la philosophie du travail en France, qui est vu plus négativement que dans les autres pays (ceci est d’ailleurs illustré par le débat actuel sur les retraites). En tant que réforme de société cette réforme a permis de dégager du temps libre, mais a également pesé sur la compétitivité des entreprises à moyen terme.
Aujourd’hui la défiscalisation des heures supplémentaires a atténué ce coût, tout en introduisant de nouveaux effets indésirables.

Sur la décennie 2000, le coût du travail en Allemagne a progressé de moins de 3%, contre 17% en France, pour arriver à une situation similaire. Déjà que l’Allemagne est moins exposée à la compétitivité prix, elle renforce sa position, principalement face aux autres pays européens.


En France, la situation particulière de Midi-Pyrénées
:

Notre région a un taux d’industrialisation, et un investissement dans la recherche plus élevé que la moyenne nationale.

L’organisation en clusters, les pôles de compétitivités, les rapprochements entre formation et entrerises, entre recherches publiques et privées, le soutien des collectivités locales, sont plus efficaces qu’ailleurs dans le pays.
La plus grande part de la valeur ajoutée créée à l’exportation en France est issue des industries de Midi-Pyrénées.

Cependant même ici, la situation n’est pas sereine. Même dans les secteurs de pointe, les grands groupes exercent une pression considérable sur leurs co-traitants, qui conduit à des relocalisations en Inde ou au Magreb. Tant que cela est maîtrisé, fait partie d’une stratégie, cela n’est pas dangereux.

Mais l’amélioration de nombreux éléments doit être impulsée.


II/ Quelques solutions à mettre en oeuvre pour une politique industrielle :

Les exemple allemands et de Midi-Pyrénées dessinent quelques solutions à mettre en oeuvre :

– Développer l’enseignement technologique et industriel, favoriser la recherche et développement. Rapprocher le public et le privé, et les enseignements de leurs applications concrètes productives

– Développer la compétitivité « par le haut », politiques territoriales de compétitivité (renforcer les pôles de compétitivité, les clusters, ..)

– Mise en place d’une TVA sociale dans le cadre d’une réforme sociale d’ensemble juste, faire participer tous les revenus.

– Etre attentif à maîtriser le coût du travail,

– Réorganiser un consensus social, pour mettre en oeuvre des politiques de flex-sécurité,

– Rééquilibrer les aspirations, réintroduire , réenseigner le goût d’entreprendre, la prise de risque, la valeur travail

Au-delà, d’autres modifications plus structurelles doivent être impulsées, qui ne dépendent pas que du niveau national :

– Réguler le capitalisme financier : déliquéfier l’économie financière (lier droit de vote des actions et durée de portage, taxer fortement les stocks options qui rendent le manager actionnaire), favoriser les investissements productifs par rapport aux dividendes, voire faire évoluer les règles des SA, créer un type de sociétés plus adaptée, moins sensible à une pression d’un actionnariat instable.

Bien sûr la solution passera par une encore balbutiante régulation régionale et internationale ( reprise en main des normes de comptabilité aujourd’hui largement fixées par des régulateurs privés, pression internationale sur les paradis fiscaux, règlementation de certaines pratiques autour des produits financiers dérivés), le FMI y aura son rôle, comme l’expose DSK, sa tâche est ardue mais importante.

Au niveau Européen, mise en oeuvre de grands projets, nouvelles politiques de la politique de concurrence (qui empêche la construction de champions europés ou limite les aides d’état parfois excessivement)

Une réflexion plus large sur le libre-échange actuel doit cependant être menée, notamment car les règles environnementales et sociales ne sont pas les mêmes dans d’autres régions du monde. (vers un « juste-échange »)Une politique de change plus active pourrait également être envisagée. (question complexe en pratique, évidemment…)

III L’ Analyse du point de vue international suscite cependant des inquiétudes : un déclassement de nos industries, et au delà de nos économies occidentales, est-il inévitable ?

Si notre voisin est certes mieux armé pour la reprise, et pour les décennies à venir concernant son industrie, est-ce que cette résistance de l’industrie allemande n’est pas que temporaire, et destinée à plier face à la montée en régime de l’Inde et de la Chine notamment ?

Ainsi, lorsque la Chine fabriquera elle-même ses machines-outils, ses produits high-tech, la compétitivité prix retrouvera une place essentielle. De références, les industries allemandes deviendront des concurrents parmis d’autres, soumis à un taux de change et à des pratiques concurrentielles défavorables.

Plus largement, autant un marché intérieur, même industriel pourra toujours exister, autant l’exportation deviendra de plus en plus difficile. Notamment si les coûts de transports augmentent.

Sans changement des règles fondamentales du commerce mondial, que sont des taux de change déséquilibrés face aux pays émergents, et un libéralisme excessif que l’Union Européenne est la seule à s’imposer, ma crainte est qu’il y ait une fuite progressive de richesses (dans les créations de richesses et d’emploi, de moins en moins seraient générées par l’Europe) vers les pays émergents. Nos pays vivent sur un stock conséquent qui se réinvestit en permanence  dans l’économie de proximité, dans les services, dans la puissance publique. Il y a une forme d’inertie qui décale la perception du danger. C’est pourquoi il ne faut pas être naïf.

Bien sûr j’ai mis l’accent sur une inquiétude, qui est plus une question qu’une affirmation. Il y a aussi des atouts, des investissements étrangers, des secteurs de pointe et des réussites dans les nouvelles technologies, des services publics performants.

Cependant, si ces inquiétudes sont avérées, je vois 3 scénarios possibles :
si rien n’est fait, les tendances actuelles se prolongent, et il faut s’attendre à 50 ans difficile pour les pays occidentaux non préparés, jusqu’à ce que les pays émergents progressivement soient confrontés aux changements endogènes (généralisations de revendications sociales et sociétales, vieillissement de leurs populations, prises en compte contrainte ou choisie du développement durable)

Si les états occidentaux ne se résignent pas, à l’image de l’Allemagne, et se mobilisent, mais sans que les règles internationales névoluent, ils pourront retarder l’échéance. Au prix d’une  concurrence interne plus forte et de quelques sacrifices, les pays les mieux préparés  connaitront quelques décennies difficiles, mais moins longtemps et moins durement que dans le premier scénario

– Enfin, un scénario de réorganisation maîtrisée du monde passe par des efforts internes, mais aussi une forme de protection : pour contrer le dumping social, fiscal, pour assumer un choix de société éco-responsable, sans doute faut-il accepter de protéger son industrie, de rétablir des équilibres (taux de change, tva communautaire écologique et sociale, renforcement de ces règles au sein de l’OMC…)

De nombreuses solutions existent pour améliorer la politique industrielle, certaines inspirées de ce qui a pu se faire en Allemagne. Cependant, sans une réorientations des règles du jeu international, seront-elles suffisantes ?

Le père Noël a t-il une influence sur la religiosité ?

décembre 29, 2009

Je trouve souvent un peu ridicule le théâtre qui se déroule autour des enfants à Noël, autour de ce fameux père Noël.

Mais cela fait aussi partie d’un rite, d’un folklore, d’une imagerie de fête, qui peut avoir ses qualités.

Pourquoi pas, pour les jeunes enfants, cela évite de leur laisser penser trop tôt que les parents sont des distributeurs automatiques de cadeaux.

Donc je ne suis pas contre la chose, mais parfois on en fait trop.

Plus sérieusement, quel est l’impact de cette croyance sur la faculté de croire des enfants ? 3 possibilités.

Soit, en agissant sur leur personnalités jeunes et maléables, cela favorise leur capacité à croire. Il ne leur paraîtra pas inconcevable ou ubuesque que quelqu’un ou quelque chose influence leur vie depuis un audela ou un en deça fantasmé. Cela peut également être rassurant, on retrouve cette douce sécurité enfantine. Il faut donc faire attention.

Soit cela agit comme un éveil au monde. De même qu’il est bien qu’un enfant tète au sein de sa mère, pour à un moment s’en séparer et bien sentir qu’il existe de manière autonome à elle, il peut être bénéfique de faire croire au père Noël. En effet, vient le moment ou l’on annonce aux enfants que tout ceci n’existe pas. Souvent ils ont commencé à s’en rendre compte par eux-même.

Ils se sont fait avoir une fois, ils ne gobberont donc pas aussi facilement les discours religieux. Ceci agit donc comme un vaccin.

Enfin, cela n’a peut être que peu d’impact, tout est dans la manière de le présenter, et la manière d’apprendre la vérité aux enfants. Sans doute n’est ce donc pas si important, mais pas non plus innocent.

Sans doute que je raconterai cette histoire à mes enfants, une fable comme une autre, mais rapidement je lui montrerai qu’il n’est pas possible que quelquechose agisse ainsi en dehors des hommes. Si les inégalités ne sont pas toutes acceptables, en tous cas ne sont-elles pas inaluctables. (comment justifier la générosité à plusieurs vitesse entre les enfants par un même père noël ?)

… Joyeuses fêtes …

Drapeau, identité, foot et rock and roll

novembre 24, 2009

Qualification de la France pour la coupe du monde.
Une sensation d’amertume, on passe à coté d’un sentiment de liesse et de légèreté partagée. Il n’y a pas de transition, on cède à l’intellectualisation moralisatrice.

Et on a sans doute raison. Joie gachée, éthique bafouée, même si au final, ce n’est qu’une main. Qui sauve une pâle équipe dirigée par un entraineur burlesque.

Bref, ceci sera rapidement oublié.

Le même jour, l’Algérie gagne, et c’est l’explosion. La joie sincère et qui donne le sourire. Parfois un sentiment de provocation,  de défi, de déni, moins agréable. Sans doute que cette manifestation de joie génère plus de voix FN que de nombreux discours. J’ai pu constater en tout cas le malaise que cela procure autour de moi, chez des gens différents, qui ne voteront jamais à droite..

Parmi ces jeunes français qui affichent leur drapeau de coeur, certains se sentent Algériens et Français. D’autres s’en foutent. D’autres, enfin, se sentent un ou l’autre sans conséquence. Certains enfin se sentent anti-Français, chaque blessure à la France, chaque dégradation et irrespect est une marque de fierté. (il y a d’autres causes aux incivilités, bien sûr, celle-ci est marginale)

Comme quand j’étais farouchement anti-américain, plus jeune. Je m’imaginais aller là-bas et dégrader, je me réjouissais des mauvaises statistiques économiques ou des phénomènes météo dévastateurs, je boycottais les marques et films américains…
Cela fait peur…

Alors il faut pas surinterprêter la valse des drapeaux lors des match de foot. A Toulouse on trouve souvent des gens qui souhaitent que l’équipe de France perde car ils préfèrent le rugby, et inversement dans l’autre sens. Encore une définition de l’identité personnelle…

Mais évidemment qu’il y a des tendances de fonds qui se jouent derrière la marseillaise sifflée, le sentiment nationaliste et anti-français de Français de carte depuis plusieurs générations. Ce qui m’inquiète ce n’est pas l’idée de nation en péril, mais derrière, le rejet de ce qui la porte, la république, la société commune…

Et parfois, la gauche ne voit pas ses choses là, sous couvert de bons sentiments.

Alors qu’il faut les voir, les comprendre, englober dans une réflexion plus globale, agir…

Ecolo, la nuit, le jour, mais où ?

septembre 5, 2009

Bien sûr que je suis écolo.

Ni extrémiste, ni retiré de la société, ni barbu ni sale… On n’est plus dans les années 70. 🙂
Non, aujourd’hui on peut être écolo de mille manière différente, c’est plus large, plus souple, mieux partagé.

C’est un des principaux marqueurs de ma personnalité, pas le seul mais il compte. Et ceci politiquement comme dans la vie de tous les jours.

Tout acte est soupesé pour en évaluer l’impact sur l’environnement.

C’est faire naître un mode de vie nouveau pour une société nouvelle. Cela commence forcément par l’individu.

On peut penser que la recherche d’une attitude modèle, car c’est de cela qu’il s’agit, démontre une vision élitaire, la conscience d’avoir un temps d’avance. En tout cas agir sans attendre les autres, oui.
Je suis tout à fait persuadé que cela ne se fera pas tout seul non plus. Et que réellement au bout du compte les changements à opérer sont importants. Pour autant je ne suis ni radicalement anticapitaliste, ni antidémocratique, ni partisan forcené de la décroissance …

J’accepte de payer plus. Je ne me résigne pas à la facilité.
Notamment dans un environnement qui n’est pas encore adapté, cela contraint à un effort permanent, cela ne va pas de soi.

Mais en fait, il me parait inconcevable de faire autrement, la contrainte est devenue inversée.

Je suis parfois chiant, j’insulte les gens, je tente de les culpabiliser, d’expliquer.
Je suis en vigilance permanente. J’étains les lumières et les ordis, la clim, dans le dos des collègues… Bon j’exagère un peu peut-être.

Comme sur d’autres sujets, je suis souvent en colère, déçu, las. Mais aussi émerveillé par les adaptations, les avancées, confiant, attentif.

Tout cela ne relève pas seulement de la raison, il y a un coté sensible, qui me touche, la nature humaine comme la nature tout court sont capables de m’arracher des larmes heureuses comme tristes.

Au quotidien, les détails sont soumis à le même analyse, on regarde ce qu’on achète, moins d’emballages, moins de produits exotiques… Les sachets de thés doivent être emballés dans du papier et non du plastique, je débranche souvent les appareils électriques en veille, je trie scrupuleusement les déchets, allant jusqu’à laver ce qui est sale avant de le mettre au bac (en utillisant le moins d’eau possible bien sûr)

Ce que j’ai du mal à supporter, c’est la désinvolture sur le sujet. Les gens qui n’y pensent pas, qui ne font même pas les gestes immédiats et faciles. Ceux qui laissent la lumière allumée au boulot, qui gaspillent le papier. Encore des détails, mais qui révèlent des habitudes plus profondes.

Exemple  : ceux qui prennent un verre en plastique à chaque fois qu’ils vont boire à la bonbonne… Ca m’énerve. A raison de 4 verres par jour, 200 jours de boulot par an, c’est 800 gobelets gaspillés par personne de manière totalement inutile : ils ne peuvent pas réutiliser, amener un verre de chez eux, remplir une bouteille ? Alors que franchement il y a de l’eau potable dans les toilettes à 10 mètres… C’est une marque de retard de conscience, de paresse intellectuelle , de mépris face au comportement responsable des autres.

Les petits ruisseaux…

Pour autant parfois je me demande si mon excès d’attention n’est pas ridicule : utiliser les deux faces des post-il par exemple, ne jamais jeter au recyclage du papier dont il reste une face, nourrir avec amour les vers de mon composteur d’appartement, diminuer la clim ou le chauffage partout où je passe… 🙂

Mais cela n’est pas le seul élément qui entre en compte pour diriger mes actes, c’en est un, prépondérant, mais parfois je prends quand même ma voiture, je conssens à choisir une solution moins performante écologiquement, mais plus simple ou moins chère. Je ne suis pas un ermite radical, même si le sentiment est radical en moi.

Par ailleurs, j’ai ma propre réflexion sur les sujets. Je n’ai pas de position définitive sur les OGM ou sur le nucléaire. Je crois aux progrès technique, aux progrès de l’éducation, voire parfois à l’adaptation de la nature, à la prise de conscience… Mais je vois aussi que la paresse, le matérialisme, l’égoïsme, les inégalités sociales et géographiques,  sont des freins à une évolution positive. Rien n’est simple.


Et politiquement forcément on se pose des questions.

Le PS est-il à même de porter cet enjeu pour moi ?

Pourquoi pas. Mieux vaut peser dans l’élément majoritaire de la gauche, qui doit lui même devenir écologiste. C’est un corps mouvant en perpétuelle redéfinition.

Mais bon, ça c’est ce que je disais avant…

Aujourd’hui je suis souvent las du PS, et au contraire je vois dans la maturation des Verts des choses intéressantes. La sclérose et le conservatisme des élus d’un côté, le dynamisme et un renouveau en phase avec la société actuelle de l’autre. Les Verts, eux, ne refusent pas l’idée de la taxe carbone, en invoquant des arguments parfois compréhensibles mais contreproductifs ; ils soutiennent la réforme de l’organisation territoriale en cours, à laquelle j’adhère. (le redécoupage peut sans doute être critiqué à la marge, mais c’est un deuxième sujet)

Ce n’est pas toujours aussi caricatural. Je félicite par exemple les fédérations qui ont voté le principe du non cumul des mandats, et la reprise de cette idée par Martine Aubry. Un coup de semonce nécessaire.

De toute façon, la marge est serrée pour le PS, le risque de disparition existe, lente dislocation, perte de sens et d’intérêt, bataille d’élus, carriérisme. Il souffre des maux d’un vieux parti qui se rétracte, qui fait fuir les bonnes volontés, mais auquel s’accrochent ceux qui ont intérêt au maintien des situation en place, des baronnies locales… Sans réaction, le PS ne survivra pas à la montée de concurrence sérieuse sur son terrain électoral, que ce soit sur le plan écologique, que ce soit le front de gauche.

Mais je pense que rien n’est fait, et qu’une recomposition plus large aura lieu. Oui, le PS va changer de forme.

Paradoxalement, au niveau local, il y a parfois de belles choses. Je suis tout à fait satisfait du changement de majorité à la mairie de Toulouse.

Il y a de vrais évolutions, profondes, symboliques autant que concrètes, immédiates comme de plus long terme. On en découvrira progressivement les effets je pense.

Donc tout ceci aboutit à une question…

Dois-je rester au PS, agir pour le changer, pour le verdir, le moderniser, le démocratiser ? Ou penser que l’avenir est ailleurs ?

Je n’ai pas tranché.

Une élection européenne enfin ?

juin 5, 2009

Le grand jour arrive.

Campagne étrange, éteinte, feutrée, couverte par des bruits de crises…

Pourtant je me suis dit en regardant certains débats qu’ils étaient très intéressants, que, débarassés du substrat national et populiste (les chiens écrasés…), on atteignait le fond des choses, les questions essentielles de société, macroéconomiques et géopolitiques.

Parfois les petits enjeux locaux reviennent à l’assaut, et les listes farfelues, superficielles ou ridiculement radicales cotoient les listes sérieuses qui usent de bas artifices…

Bref, les enjeux sont plutôt pour moi les équilibres de demain au Parlement européen.
Même si je conçois qu’il soit encore difficile de comprendre l’utilité réelle du Parlement européen, voire de le déterminer.
Mais c’est ce que nous avons pour nous emparer de l’Europe, c’est un potentiel.

Mais ce ne sont pas les sondages que l’on nous donne et qui sont débattus.

Sur la campagne française, puisque c’est le cadre qui nous est largement imposé (déjà un vote le mêm jour partout serait bienvenu..), j’ai quelques commentaires. Quelques espoirs sur le résultat aussi, ou quelques pronostics même si ces enjeux sont pour moi secondaires par rapport à l’équilibre européen…

Il n’est pas étonnant que la liste Europe Ecologie soit celle qui bénéficie de la meilleure dynamique. Le thême de l’environnement est réellement crédible au niveau des politiques européennes. Ils ont en outre mis l’accent sur l’éthique, et une réelle connaissance de l’Europe, du Parlement, notamment grâce à Daniel Cohn-Bendit.
Ils ont réussi par leur liste la mutation que l’Union doit réussir : dépasser le oui et le non, le débat institutionnel et périphérique, par l’objectif commun de porter une voie écologique européenne forte.

Le modem bénéficie d’un acquis de tradition européiste, mais qui ne suffit pas. Ils ont brouillé leur message avec de la politique nationale, avec une absence de réponses face à la crise, une absence de thèmes forts. L’affirmation de l’Europe ne suffit pas à la faire vivre. La fin de campagne subit également la conséquence d’un Bayrou fatigué, et qui a du mal à trouver un positionnement politique cohérent.

Le PS a été assez peu audible. Sa structure est atteinte, ses militants fatigués, son énergie dilapidée. Pourtant le manifesto et la démarche de rassemblement avec les autres partis européens était importante, nécessaire, intéressante. Mais en présentant des candidats assez peu connus parfois issus de tambouilles internes, sans tête de liste nationale, ou – cela aurait été une incarnation intéressante – sans candidat commun contre Barroso, la dynamique a été difficile à lancer. Martine Aubry a tenu son rôle, ainsi que les candidats qui ont sillonné les campagnes, mais les suites du referendum, du congrès, et la perception dégradée du parti dans l’opinion l’ont étouffé.  Une communication trop centrée sur Sarkozy au départ, une communication nationale peu identifiée (Peillon aurait été un bon porte-parole national) ont également pesé.

A la gauche de la gauche , je pense que Front de gauche a émergé, fait une bonne campagne. Mélanchon se positionne pour plus tard, en recyclant les forces militantes du PC. Il empêche assez largement l’envol du NPA. Celui-ci, après une dynamique forte en début d’année, a finallement été banalisé par la crise, et est pénalisé par une campagne peu mobilisatrice et les concurrences rouges.
Lutte ouvrière est toujours là…

La majorité présidentielle a réussi à faire le clip de la campagne officielle le plus nul. A l’image de sa campagne, qui s’appuie sur le soutien à Sarkozy de son électorat, d’une rente de majorité, et de l’épouvantail malhonnête de la Turquie.. Peu de concurrence à droite, peu d’enjeux pour eux.

La droite dure a du mal à se démarquer, sinon par un antieuropéisme plus virulent…

Ce que j’espère en France (outre des équilibres européens moins favorables aux conservateurs, et une commission plus progressiste) :

-Europe Ecologie devant le Modem
– Le Front de gauche devant le NPA
-un PS au dessus de 20%
-une UMP à moins de 30%

Pronostic national :

– Majorité présidentielle : 27 %
– PS : 19%
– Europe Ecologie : 15%
– Modem : 11%
– Front de gauche : 6%
– NPA : 6%
-FN : 6%

Le grand chambombardement territorial.

février 27, 2009

Du chambardement à prévoir pour les collectivités territoriales.

Plutôt positif tout ça.

Un article intéressant à lire qui résume un peu les propositions :

Statut de métropole
C’est bien, Toulouse a déjà pris de l’avance.

Je me doutais que le fait de passer en Communauté Urbaine entrainerait des changements plus potentiels qu’actuels.

En effet, les compétences en plus, elles pouvaient être choisie par une communauté d’agglomération à son maximum. Ensuite il y a quelques autres différences, mais pas si profondes.

Par contre, on change de catégorie. Et ça, c’est porteur d’évolutions…

Je pense que les communautés urbaines seront par exemple les premières à pouvoir expérimenter la fusion ou au moins une très large intégration-mutualisation, avec les communes. Ou encore à récupérer de nouvelles compétences optionnelles ou expérimentales de la part de l’état, du conseil général…

De même éventuellement une désignation du président au suffrage universel.

Etre au niveau le plus intégré permet d’être en pointe des évolutions et expérimentations règlementaires.

Le concept de « métropole » est un peu différent, il serait imposé règlementairement en  fonction de l’importance des agglomérations plus que sur le statut juridique.C’est plus volontaire, plus logique, presque trop interventionniste. Cela va dans le bon sens, mais peut être que cela va trop vite, c’est imposer des changements importants, cela se fait difficilement sans ou contre les gens.

Mais au final je ne suis pas sûr que cela se fasse ainsi plutôt que comme je l’avais imaginé.

-La fusion des départements du Grand Paris au menu
Bien vu l’ami. Il y a là des enjeux politiques importants, qui ne doivent pas entraver toute réforme.

Le périmètre me parait presque trop important, c’est un concept de super-métropôle, difficile à structurer ensuite.

Il y aurait deux niveaux décentralisés : région et grand paris. Mais ensuite, il faudrait au moins deux niveaux « déconcentrés » dans le GP, non ?

Regard intéressé, inquiet, confiant…

-Pente douce pour l’intercommunalité : éléction des élus communautaires à partir d’un fléchage sur les listes présentées lors des municipales de 2014. Un système inspiré par les modes de scrutins à Paris, Lyon et Marseille « PLM ».

C’est déjà pas mal. J’y ajouterai un bouclage de la carte intercommunale. Les maires s’opposent à l’élection des président d’interco. Mais au moins pour les communautés urbaines, il le faudra.
Cela pose bien sûr la question du rôle des communes, espace démocratique et historique intéressant, mais souvent dépassé aujourd’hui. Ce seront les pôles de proximité des intercommunalités…

-Conseils généraux et régionaux
Les conseils généraux et les conseils régionaux selon ce schéma se transforment en collectivités spécialisées. Les grands équilibres entre ces deux strates ne se trouvent guère modifiés. Est envisagée la fusion, en 2014, des mandats de conseils généraux et de conseils régionaux.

Je pense qu’il faut supprimer la clause générale de compétence pour le département, qui peut avoir vocation à se spécialiser sur le social, et le soutien aux communes rurales par exemple.

Pour la région, c’est plus comlexe.
Je pense que le département peut même devenir un échelon déconcentré de la région. Il n’y aurait plus qu’une élection, sur base départementale, qui élirait une assemblée régionale… Ou alors un sénat régional sur base départementale, et le reste à la proportionnelle pour l’assemblée régionale…

On serait dans la régionalisation, sans pour autant que je ne souhaite un fédéralisme.

Quid des compétences croisées ?

Comme Joël Carreiras dans le magazine de la région, je pense qu’il ne faut pas les suréstimer, ni les interdire complètement. Des chefs de files, des politiques conventionnelles, sont tout à fait possibles.

Par contre, la clause générale de compétence crée parfois un flou, une disparité hétérogène, entre abondance et rareté, certains auront des aides multiples, d’autres seront refusés à chaque fois… En matière culturelle, sociale, sportive…Une certaine centralisation, rationnalisation, mise en cohérence doit pouvoir être trouvée.

En même temps, sujet complexe, plusieurs interlocuteur permet de surmonter des barrières qui peuvent exister pour de mauvaises raison avec une collectivité… Les associations peuvent craindre ce moment de transition… A anticiper pour les communes.

Si les communes se retrouvaient seul appui de proximité pour le sport ou la culture, cela dégagerait des marges pour les autres collectivités, et imposerait une dépense en forte hausse sur ces sujets aux communes-interco.

Beaucoup de choses à faire. Je n’ai pas des idées définitives sur tout. Cela dépend ensuite beaucoup des assemblages règlementaires concrets que l’on trouve.