Archive for the ‘Chroniques de la campagne présidentielle 2007’ category

Amertume de la défaite (7)

janvier 13, 2008

Très déçu. Campagne longue, difficile, changeante.

Le soir des résultats Ségolène, Dray et Bianco pensaient semble t-il que nous avions gagné… Je trouve cette attitude étrange. Ce n’est pas la mienne…

Amertime. Mon deuxième combat perdu après le referendum.

Va t-on sortir nos armes maintenant contre Ségolène ? Certains le ferront. Cela sera facile, vain, insuffisant, je leur laisse. Cela dépend d’elle, aussi…

Pour l’instant sa déception et la mienne sont grandes, terribles, partagées.

Je ne crois pas venue le temps des milices. Je ne pense pas avoir à craindre de Nicolas Sarkozy une remise en cause des libertés fondamentales.

Pourtant je vois dans son projet une vraie vision cohérente, qui pourrait être une douche froide. Je vois en lui la tentation revencharde, une vision souvent simplistes, la récupération des phrases de l’extrême droite par populisme plus que par conviction (espèrons le), une ambition du pouvoir pour lui-même… Il y a toujours des fautifs, des méritants et des victimes contre les autres.

Je suis las… Evidemment il ne sera pas seul, et il se recentrera, mais bon…

Je regrette l’ambition écologiste, pour l’innovation et la recherche, pour une société métissée.

Ségolène Royal pouvait-elle gagner ?

Elle a portée une rénovation du parti. Nombreux sont ceux qui comme moi l’ont rejoint par elle. Une nouvelle manière de faire de la politique sans doute. Mais surtout de nouvelles idées, portant réellement la lutte pour la protection de l’environnement, une nouvelle décentralisation, une fermeté contre l’insécurité… Entre la social-démocratie assumée par DSK et autre chose.

Elle a du trainer aussi, comme un fardeau, le projet socialiste. J’avais voté contre, c’était le fruit d’une synthèse inadéquate entre la motion 1, déjà fourre-tout majoritaire, et les autres courants plus radicaux.

Constamment on a senti ce tiraillement entre le parti orthodoxe et son projet, et les volontés d’audaces, de rénovation et de crédibilité sociale-démocrate. Le tiraillement est devenu hésitation, ajournement, flou, sur les 35h, sur les retraites, sur la fiscalité. Plus largement, la relance de la croissance, souvent évoquée comme solution, n’a pas été mise en scène, expliquée.

Il ne faudra pas omettre la responsabilité structurelle et idéologique du parti et en faire la seule responsable. Il ne faudra pas non plus que certains imputent au seul parti la défaite. Il serait facile d’accuser DSK et ses partisans, boucs- émissaires. Pourtant celui-ci a fait plus de 30 meetings de soutien, et nous sommes nombreux à nous être impliqués. Cela a son doute compté pour passer le premier tour.

Ségolène a annoncé qu’elle assumerait sa responsabilité personnelle dans la victoire comme dans la défaite, voici donc venu le moment de la remercier, et de passer à la suite. Et Bianco, Savary ou Airault peuvent prétendre reprendre le flambeau ségoléno-réformiste.

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Entre deux tours, de l’espoir aux abysses… (6)

janvier 10, 2008

Au soir du premier tour, la joie est intense, nous sommes au second tour.

Cela suffit à notre bonheur. Dans le bureau où je participe au dépouillement, les scores sont très bons, ainsi que plus généralement sur Toulouse, ce qui est de bonne augure pour les législatives et les municipales à venir.

Pourtant rapidement, on s’aperçoit que Sarkozy est loin devant. Rien n’est perdu, mais il faudra une dynamique forte, avec les centristes, l’extrême gauche, les abstentionnistes éventuels.

Dès le soir, nos espoirs sont douchés. Le discours très tardif de notre candidate est calamiteux : hésitant, vide, décousu. Il contraste avec la rapide et forte intervention du futur vainqueur.

Les électeurs de François Bayrou semblent être une des clefs de la victoire. La danse du centre commence, avec improvisations et parfois brio de Ségolène, elle tente, et obtient une réponse ambigüe. Bayrou accepte de débattre, et affirmera qu’il ne voterait pas Sarkozy, avec des propos assez dur.

Pourtant lors du débat Bayrou-Royal, il est sévère avec le projet socialiste, n’hésite pas à le caricaturer, veut marquer sa différence, pour la suite. Il n’appelle pas au vote Royal. Par ses critiques il pousse de nombreux centristes à voter Sarkozy.

C’est à ce moment que j’ai me semble t-il vu un meeting de Ségolène à Toulouse. Moment étrange, rassemblement de 40000 personnes. Sont également présents, François Hollande, qui fait un peu d’humour, Zappatero qui plaide en Espagnol pour la voie social-démocrate…

Ferveur intense, fanatique parfois, qui contraste avec l’élocution difficile de Ségolène. Mais cela fait partie de la mise en scène d’un choix de société, qui est réel, qui transparait difficilement dans les mots, que la candidate a du mal à porter. Le public doit alors se dépasser, surjouer, compenser.
Quelques bons passages, d’autres sont creux, des généralités humanistes et des slogans sympathiques. Elle peine toujours à placer sa voix, à raconter une histoire, à convaincre, à entrainer. Je ressens une impression de crainte, d’ennui, de joie lorsqu’on se dit que c’est tout de même possible, d’affection et de compassion lorsqu’elle rame.

Puis vient l’étape ultime, le débat d’entre deux-tours présidentiel. Les sondages ne sont toujours pas favorables, mais se resserrent un peu. Est-ce que cela peut réellement faire bouger les lignes, les opinions cristallisées par des semaines de débats ? Pas radicalement, mais c’est un élément important qui pourrait nous faire gagner de justesse, même si ce n’est pas le plus probable.

Strssé, impatient, je m’installe devant la télé. Chez moi avec des amis, nous assistons au début catastrophique de la chose. L’histoire des policières violées, trouvée apparemment par Dray, est scabreuse et ridicule. C’est aller chercher un fait divers glauque pour susciter la peur et l’émotion et en faire un argument politique. C’est imputer une anecdote à Sarkozy (en tant qu’ancien ministre de l’intérieur) de manière démago, sans attaquer sa politique sur le fond et sa globalité. Et c’est proposer une réponse mal formulée, le raccompagnement des policières chez elles par d’autres policiers (et pour le retour de ceux-ci on fait comment ?) qui donne l’occasion à Sarkozy de moquer cette « fonction publique pour s’occuper de la fonction publique »

C’est plié. Le reste est meilleur, bon parfois, souvent approximatif, des deux cotés parfois. Elle reprend Sarkozy sur le nucléaire tout en disant une bêtise. Puis vient la « saine colère », là encore largement surjouée, trop longue, et basée sur du mensonge. S’il y a bien une politique qui a progressée sous Chirac, c’est celle en faveur des handicapés, avec la loi de 2005.

Dès le lendemain, je commence à écrire une réaction en prévision de la défaite… Les sondages tombent et vont dans ce sens. On peut passer à autre chose, et préparer notamment la déconstruction-reconstruction du PS…

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La tentation Bayrou m’a à peine effleurée (5)

janvier 9, 2008

Mars 2007

La campagne de Ségolène ne convainc pas totalement, elle fait quelques bonnes prestations télévisées, d’autres sont médiocres (et en meeting c’est pire) Je sens des hésitations, des mesures disparaissent, sont modifiées, elle crée un comité des pontes du PS sans le convoquer jamais. Elle continue à se victimiser, ses fans à l’intérieur du PS deviennent aveuglés et emportés…

Elle est durablement donnée battue par les sondages. Autour de moi cela flanche, Bayrou en profite, il a un style et un verbe nettement supérieur aux deux autres, il prend des positions de centre gauche souvent en visant les sympatisants PS.

Pour ma part, une seule soirée en le voyant à la télévision, j’ai douté, je me suis dit que peut-être il vaudrait mieux voter pour lui, pour battre Sarkozy, pour un électrochoc au PS… Mais ça n’a pas duré, j’étais impliqué dans la campagne, et attaché à certains éléments du programme. Celui de Bayrou était insuffisant, et sa posture poujadiste et anti-politique ne me plaisait pas, ni son attitude narcissique et solitaire.

J’aurais pu voter Voynet sur le fond, mais je n’y ai jamais pensé sérieusement, il fallait d’abord être au second tour. Je continue d’argumenter sur les blogs.

Mettre la nation en avant permet ensuite d’embrayer sur l’Europe, avec le rapport Delors hier, seul projet pour l’Europe face aux autres candidats de la parole.

Sarkozy paye sa droitisation calculée, les incidents de la rue rempail… Cela profite à Bayrou, qui attire de plus en plus d’électeurs de droite, et quelques ministres de l’ump aussi, ainsi que tous les plus libéraux : Fillias, Miguet, Madelin… Il va être en porte à faux avec sa posture de centre gauche.

Bayrou a un programme, mais flou, peu ambitieux, avec quelques mesures peu convaincante au niveau économique ou juridique (les 2 emplois sans charge, polarisation excessive sur la dette, 50% de proportionnelle à l’assemblée, flou sur l’Europe, le mariage homosexuel, l’environnement…)

Il n’a pas les moyens politique de le mettre en oeuvre.

Pire, Bayrou use de poujadisme, le ni-ni, faisant croire que la gauche et la droite c’est pareil, qu’il a participé à ces politiques, et sans dire comment demain mieux pourrait être fait… Il fait semblant de croire à la simplitude de la politique, s ‘imposant en homme providentiel !

La dernière interview de Ségolène à Libération est porteuse d’espoir et d’avenir. Le livre qui sort doit être un élement de tout ceci.

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Enthousiasme de février : tout semble encore possible (4)

janvier 9, 2008

Mi-février 2007

J’ai adhéré au PS, et les positions de la future candidate me plaisaient. Mais par la suite, lors des primaires, j’avais soutenu DSK, sans devenir un antiségoléniste virulent. Les premiers mois de 2007 ont été difficiles, mais malgré des doutes croissants refoulés, je me suis laissé prendre par le combat militant, que je ne regrette pas. Entre les trois candidats principaux, les trois projets, c’était le moins pire.

Après la présentation du programme, avec le groupe R2 auquel j’appartenais, j’écris cette tribune de décryptage pleine d’espoir. Elle reste assez juste, avec des avancées dans le discours, mais aussi les insuffisances relevées en conclusion qui n’ont pas trouvées de réponses.

Que retenons-nous du discours de Ségolène Royal à Villepinte

Que retenir du discours de Ségolène Royal hier ?
Les commentaires sont nombreux. Certains n’ont pas lu le discours, et commentent les commentaires, sans voir les nouveautés des orientations.

Ce fut un discours à plusieurs partitions et plusieurs voix, mêlant notamment le socialisme tendance libérale et social-démocrate, la mise en mouvement de la société et les régulations souples, et le socialisme de la puissance publique, contraignante et interventionniste.
Le projet du parti est toujours là, mais réorienté et enrichi par les propositions originales de la campagne interne, des débats participatifs, des divers travaux.

Nous avions des réserves à propos du projet socialiste. Le programme hier présenté nous convient mieux. Ainsi, nous nous félicitons des principes mieux affirmés :

-de la claire prise en compte de la contrainte de la dette
-de l’absence de hausse de la pression fiscale
-de la volonté de réconcilier les Français avec l’entreprise

-de l’ambition de réformer l’Etat, notamment à travers la régionnalisation
-de la promotion d’un nouveau syndicalisme plus puissant et partenarial.

ou encore de quelques propositions nouvelles, dans le détail : maisons des parents, developpement du soutien aux personnes en situation de handicap, scolarisation dès 3 ans, non cumul des mandats,co-developpement, le president de la commission des finances qui appartiendra à l’opposition, reforme du senat, suppression du 49-3

Zoom sur l’ouverture audacieuse consacrée à la dette, et les passages évoquant l’entreprise et la production de richesses, la réforme de l’Etat et à la décentralisation.

L’esprit et presque la lettre de notre motion et de nos contributions :

« Pour surmonter ces crises, il faut une France Neuve. Voilà ce que vous m’avez dit. Et voilà ce que j’entends mettre en œuvre.
Comment augmenter les bas salaires si les entreprises ferment ? Comment augmenter les petites retraites si les déficits se creusent ? Comment augmenter l’effort pour l’éducation
et la santé lorsque la dette explose ? Telles sont les questions que vous m’avez posées. Mais vous m’avez dit aussi que chaque nouveau droit devait aller de pair avec des devoirs.
Et vous l’avez fait avec une franchise, une lucidité, une volonté de refuser les solutions toutes faites et les fausses promesses des marchands d’illusion, vous l’avez fait avec une
rigueur dont je dois vous dire qu’elles m’obligent. Et c’est pourquoi j’ai décidé de vous parler en premier de notre situation économique et, en particulier, du problème de la dette.
La dette publique est devenue insoutenable. Elle représente 64% du PIB et 18 000 euros par Français. Les intérêts qu’elle génère sont devenus à eux seuls la 2ème dépense du
budget de la Nation. Le déficit des comptes sociaux a triplé. La sécurité sociale est grevée par plus de 80 milliards de déficit cumulé. Notre appareil productif est affaibli. Notre
commerce extérieur affiche un déficit de 30 milliards d’euros. La production industrielle stagne et l’investissement productif des entreprises ne décolle pas. Voilà la France qu’ils
nous laissent. Voilà l’état des lieux au sortir de la période qui s’achève.

Et c’est à vous, c’est à moi, c’est à tous les Français qui, à partir d’aujourd’hui nous rejoindront, qu’il appartient de relever le pays.
Je suis convaincue, par exemple, qu’il faut changer, de toute urgence, notre façon même de concevoir la création de valeurs et de richesses. Je suis convaincue qu’un
développement durable repose aujourd’hui sur trois piliers (économique, social, environnemental) et que la défaillance d’un seul peut faire crouler le tout. Nous sommes la 5e
puissance économique mondiale. Mais nous devons ce rang au travail des Français qui conquièrent des marchés, innovent, prennent des risques et travaillent dur. Et je suis
convaincue que nous ne tiendrons durablement ce rang que si nous recréons notre capacité à mobiliser les compétences, à motiver les salariés et à créer, en fait, ce vrai dialogue
social qui reste, en France, si terriblement archaïque.

L’inventivité des entrepreneurs doit être, reconnue. Mais la dignité du travail doit être respectée et même remise à l’honneur. Avec cette reconnaissance et ce respect, nous réussirons comme l’ont fait ….. Voilà pourquoi je m’engage à tout faire pour que, si je suis élue, un nouvel essor soit donné à la démocratie sociale et au dialogue social constructif qui va avec. Et voilà pourquoi je m’engage, en même temps, à soutenir l’effort des entreprises innovantes et créatrices d’emplois. C’est ce que j’appelle les cercles vertueux.

Je le crois de toute mon âme : nous avons les moyens de relancer la croissance et la machine économique. Je veux réconcilier les Français avec l’entreprise pour sortir la France des
déficits et accomplir des progrès sociaux dont nous avons besoin.
J’en ai pris une claire conscience tout au long de ces semaines passées à écouter et observer : nous sommes un pays d’excellence technologique où pas un jour ne passe sans que
des hommes et des femmes se lancent pour donner corps à un projet créateur d’activité, de valeur et d’emploi. Eh bien, je suis reconnaissante à ces entrepreneurs du risque qu’ils prennent et qui permet de créer, chaque année, les emplois que la mondialisation financière déplace. Je sais gré à ces PME de moins de 250 salariés qui sont plus de 2 millions en France et qui sont nos premières créatrices d’emplois.
Et je m’engage aujourd’hui, devant vous, à tout faire pour soutenir leur effort et pour créer l’environnement dont elles ont besoin et qu’elles méritent.
Je m’engage aussi à faire de la recherche et de l’innovation une des priorités majeures de mon mandat. Je m’engage à augmenter le budget national de recherche-développement de 10 % par an. Sur les 65 milliards d’aide aux entreprises, seuls 5 % sont orientés vers la Recherche et l’innovation, je m’engage à porter cette part à 15%. Par des mesures fiscales, je m’engage à encourager les entreprises à innover et à faciliter, pour cela, leur accès aux financements bancaires. L’Etat soutiendra les pôles de compétitivité qui associent laboratoires et entreprises dans des réseaux d’excellence. Trop de régions attendent aujourd’hui une aide de l’Etat qui ne vient pas ! Eh bien l’Etat, si je suis élue, soutiendra les porteurs de projets, partout où ils se trouveront, en généralisant les Ateliers de la Création.
Je m’engage à ce que les entrepreneurs qui garantissent les emprunts de leur entreprise sur leur patrimoine propre soient sécurisés par un mécanisme de caution mutuelle.

Je veux aussi que l’école et l’entreprise se rapprochent.
Je veux que l’entreprise devienne un lieu familier aux jeunes dès l’enseignement secondaire et jusqu’à l’université. Je le veux parce que vous le voulez. Et vous le voulez parce que l’insertion professionnelle de nos enfants et, donc, leur choix de métier et d’avenir en seront facilités.
Les Français, je l’ai également compris, aspirent à voir l’Etat réformer profondément sa gestion pour dégager des économies et donc des marges d’action.
Sans doute cette réforme sera-t-elle, chez nous, plus difficile à mener qu’ailleurs. Car la France, n’est-ce pas, s’est constituée autour de son Etat central ! Car il fut, cet Etat, partie prenante à sa construction, sa puissance, sa grandeur ! Mais nous devons agir.
Nous avons un Etat qui est devenu beaucoup trop lourd. Nous avons trop de ministères. Nous avons des ministères qui ont, en dix ans, changé huit fois de périmètres et donc de
dénominations avec toutes les dépenses inutiles, toutes les pertes d’efficacité, que cela suppose. Il faut réformer tout cela. Il faut alléger le poids de nos administrations. Il faut les
mettre au service des citoyens alors que, trop souvent, les citoyens ont le sentiment d’être le jouet des administrations. Il faut soulager des administrations centrales qui s’épuisent à gérer des personnels répartis sur le territoire et des crédits de toutes sortes.
Il faut en finir avec cette lourdeur de l’Etat central qui engendre toujours plus de textes législatifs ou réglementaires – et des textes qui, bien souvent, sont à la fois illisibles et inutiles. Les fonctionnaires en sont les premières victimes lorsqu’ils s’épuisent en réunions stériles au lieu de donner l’impulsion et la créativité dont ils sont porteurs et qui sont leur vraie vocation.

Face à cette situation, face à ce gaspillage d’énergie et de substance, je propose :
– de limiter le nombre de ministères,
– d’en finir avec l’inflation réglementaire qui nous caractérise trop souvent
– d’expérimenter à chaque fois pour réformer vraiment
– d’engager une nouvelle étape de la régionalisation, mettant fin à la ruineuse superposition des
compétences. Ce sont les régions qui, par exemple, mettront à niveau les bâtiments et résidences universitaires.
C’est aux régions qu’incombera la tâche de sortir les prisons françaises de l’état honteux où elles se trouvent. Ce sont les régions qui piloteront le service des aides économiques et de la formation professionnelle.
L’Etat, certes, garantira par un fond de  » péréquation  » l’égalité entre les régions qui bénéficieront donc, pour remplir ces nouvelles missions, d’un transfert de ressources. Mais nouvelles missions pour les régions, il y aura. Nouvelles intelligences territoriales, on verra naître. Et tant pis pour ce vieux jacobinisme qui est l’un des démons les plus malins de ce pays ! J’ai la passion du service public. Je sais que les Français sont habités par la même passion. Et, aussi, les fonctionnaires qui ont une conception exigeante de leur mission.

Ensemble, nous allons donner un coup de jeune à cet Etat colbertiste, jacobin, centralisé à l’excès, croulant sous le poids des ans, des bureaucraties inutiles et des réglementations
trop complexes. Ensemble, nous allons mettre l’Etat à l’heure de ce désir d’autonomie, de responsabilité civique et de liberté que j’ai senti monter d’un bout à l’autre de la France. »

Bien sûr; certains passages, ou certaines propositions sont critiquables. Et il y a encore des manques ou des insuffisances : quelle fiscalite ?, quelle réforme des retraites ? quelle politique de sante ? etc… Mais cela va dans le bon sens.

Cela s’ettofera encore jusqu’à la mi-mars sur ces points, participons-y.

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Défense vigoureuse contre les critiques lucides (3)

janvier 9, 2008

Début février également, face aux critiques nombreuses et sévères, je me fends d’une tribune, parue sur un site « débat2007« . Je défends la méhode des débats participatifs, et juge que certaines critiques sont trop précoces, alors que le programme n’est pas encore dévoilé.

La méthode et les propositions de Ségolène : jugeons en connaissance de cause le moment venu.

Souvent certains ont une vision trop sombre du PS et de la campagne. Les critiques concernent la rigidité ou le conservatisme du PS, l’absence de propositions, une campagne illisible ou de communication plus que de fond…

Il y a des critiques légitimes à faire et j’y participe. Pour autant, ne racontons pas n’importons quoi ! A moi de rééquilibrer depuis l’intérieur les états d’âmes des malheureux sympathisants socialistes ou centristes qui seraient attirés par le vote Bayrou, voire Sarkozy. Jugeons en connaissance de cause, et en temps voulu.

Je souhaite éclairer la situation pour dissiper quelques contrevérités que l’on peut entendre ici ou là.

Le PS n’est pas un parti réformateur ?

Contrairement à ce que certains pensent, au PS, il n’y a pas que DSK comme réformateur ! Outre les anciens, Roccard, Badinter, Delors, il y a les amis de DSK, Cambadelis, Carreiras, Le Guen…

Il y a aussi des gens très bien autour de Ségolène Royal : Bianco, Savary, Valls et toute la troupe des « nouvelle voix » qui sont aux commandes.

Enfin, Bockel, est au PS, tout comme Kouchner, Collomb…

Plus largement, une majorité solide du parti. Depuis le congrès du Mans beaucoup de chemin a été parcouru. L’arrivée massive de nouveaux militants change la donne. De plus il n’y a plus d’alliance avec le PC, mais avec les sociaux-libéraux républicains du PRG.

Ségolène Royal qui n’est pas une gauchiste, n’est pas tombé dans des thématiques faciles : anti-américanisme, anti-mondialisation et protectionnisme, antimilitarisme. Elle prône un état efficace et modernisé en luttant contre les gaspillages, contre une politique d’ assistanat, et elle s’est prononcé contre une augmentation de la pression fiscale, mais pas de baisse pour lutter contre le déficit (ce que préconisent le rapport Pébereau et débat 2007); Jean-Louis Bianco a affirmé récemment que la gauche n’allait pas faire une politique de relance de la demande keynésienne en arrivant.

Elle prône une décentralisation, une révolution des politiques de recherche et d’environnement. Une politique favorable aux gisements d’emplois que sont les PME et les associations d’intérêt général (souvent en charge de missions de service public dans le social notamment)

Par ailleurs, la vraie réforme de l’Etat, la régionalisation, se trouve chez Ségolène.

Les débats participatifs ne servent à rien ?

Je pense que c’est au contraire un travail de fond qui a du sens. Il est trop facile de taper sur le PS. Les autres partis ne le font pas. Ce n’est pas la nouvelle méthode, mais une méthode de plus, qui s’ajoute à l’expertise et à la réflexion des comités de campagne.

Il y a une grande diversité de situations. Les débats peuvent être organisés par qui veut : une petite section, en amateur, où il y aura 20 personnes. Deux secrétaire de séance relèvent les diagnostics, les propositions. D’autres débats sont organisés par des sections plus importantes, des fédérations, des comités locaux : alors il peut y avoir plus de monde, la présentation commence par des présentations par plusieurs experts ; il y a un ordre du jour.
Ensuite le staff de campagne et le parti reprennent la main, des synthèses de tous les débats sont faites au niveau fédéral,en retenant ce qui est intéressant. Puis cela remonte aux experts et politiques pour nourrir le programme.

Le mépris envers cette forme de débat ne me semble pas justifié : il ne suffit pas de prendre un débat moins bon que d’autres pour les juger tous, comme le fait Koz. De plus, lorsque Verel propose des débats beaucoup plus encadrés ne correspond pas au but de ceux-ci : ils doivent toucher en masse ceux qui ne sont pas au PS, et ceux qui ne sont pas forcément politisés, qui veulent écouter, s’exprimer. Il faut donc de la souplesse. Sur cinq débats peut-être une idée va t-elle apparaître. C’est pour cela que 5000 débats au moins doivent être organisés.

Souvent certains ont préparé cela avant d’y aller. Il y a des spécialistes en leur domaine : une pharmacienne, une responsable d’association, une aide soignante, un médecin, évoqueront les réformes des politiques de santé à leur niveau : parfois émerge un problème auquel on n’avait pas pensé, voire des débuts de solutions innovantes. Les 3000 débats qui ont eu lieu pour l’instant permettent à des gens qui ne s’expriment pas d’habitude de parler. C’est très important. Cela me semble être une des clefs de la campagne mais aussi d’une reconquête de la politique. Allez dans des villes sinistrées, des banlieues délaissées, des milieux désenchantés : la méfiance voire la haine envers la politique y est extrême, le pessimisme fort ! C’est dangereux et je vois dans ce nouveau dialogue une (petite) partie de la solution. J’étais méfiant mais je vois comment cela se passe : plutôt de bonne qualité, quelques propositions intéressantes qui émergent, mais également la prise en compte des difficultés concrètes, les problèmes de demain.

Le programme du PS n’arrive pas assez vite, contrairement à l’UMP…

Et bien attendons ! Le 3 février les premières lignes, le 11 février les grandes lignes, jusqu’en mars la finition. Il sera bien plus digeste que le projet socialiste auquel je m’étais opposé. Le rythme me semble être le bon, ne nous affolons pas sous le coup de sondages encore virtuels et sous le coup de l’entrée en scène du ministre de l’intérieur. Cela donne tout son sens aux débats, qu’ils puissent avoir un impact.

Nous pourrons alors débattre du fond et des propositions. Déjà, pour l’UMP : si certaines réformes prônées par son programme vont dans le bon sens, il y a dedans tout et n’importe quoi. Nicolas Sarkozy s’est contredit fréquemment, que ce soit au pouvoir (la fin des niches fiscales annoncées), ou dans les discours. Il y a beaucoup de promesses qui ne disent pas toute la complexité que cela implique (travailler plus pour gagner plus…). Des sujets comme une quasi-disparition de l’isf, et parallèlement une forte diminution des droits de succession me paraissent inconciliables (tous les pays ont une taxation sur le patrimoine, d’une manière ou d’une autre) ; ou encore les fortes diminutions d’impôts et des dépenses massives : je crains pour les collectivités locales ou le déficit (Sarkozy, ministre du budget sous Balladur, a montré le pire en la matière).

D’autres sujets me gênent, sur la laïcité, sur sa radicalité souvent simpliste etc…

Comment pourrait-il mettre en place certaines de ses propositions, face aux réalités ? Je n’y crois pas et pense que c’est dangereux. Souvent la gauche réussit mieux à réformer : décentralisation, droits des citoyens face à l’administration, ou encore la LOLF, lancée sous le gouvernement Jospin.

Je voulais rétablir la balance entachée de choses fausses. Chacun choisira le moment venu selon son diagnostic et ses préférences.

Mais attendons un peu, ne vous hâtez pas dans ce qui me paraît être l’illusion Sarkozy.

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Espoirs illusoires (2)

janvier 9, 2008

Début février, sa popularité commence à chuter sensiblement. Il y a eu plusieurs bourdes, le programme se fait attendre, alors que Sarkozy a fait une très bonne entrée en campagne.
Je commence à exprimer quelques craintes, tout en voulant croire au personnage et à la suite. J’écris à des amis ou dans des commentaires :

Pour l’instant il y a une baisse de popularité normale : elle était surévaluée depuis qu’elle avait été choisie par le PS, et avant. Aujourd’hui elle se repositionne un peu à gauche et perd des soutiens à droite. De plus l’effet inverse joue avec Sarkozy maintenant, après sa déclaration et l’effet médiatique que cela provoque, il monte ( en partie au détriment de Ségolène. )

De plus il y a le sentiment que son programme n’est pas clair, que sa campagne est brouillonne. Mais là encore, le programme sera annoncé dans ses grandes lignes le 11 février, et affiné jusqu’au 18 mars. Donc il s’agit de fluctuation temporaires.

Enfin, il y a l’impact des bourdes, hésitations, erreurs, ambiguité, qui joue mais là encore pas énormément je pense, si cette perception s’améliore par la suite.

Sur ces « bourdes » :
-certaines n’en sont pas il me semble : position sur l’Iran, qui était une position assumée; phrase sur la Corse ; et même sur le Québec, position personnelle sur le vif.

– d’autres sont effectivement des légèretés, qui montrent une certaine impréparation et des lacunes : se trompe sur le nombre de sous-marin nucléaire, habillée en blanc en Chine (couleur du deuil…), phrase sur la justice chinoise ( elle a essayée de rectifer le tir en disant qu’elle ne parlait que de la justice commerciale); et cet ovni qu’a été la « bravitude »..

Est-ce que la bravitude ou le Québec n’ont pas été fait exprès ? Cela fait du bruit, casse son image d’élite. Il me semble que c’est son principal objectif : dans un premier temps montrer au peuple qui ne vote plus qu’elle n’est pas comme les autres. Ensuite, le sérieux rerendra le dessus pour convaincre de ses capacités, et notamment pour nous, les gens bien.

Aujourd’hui il me semble qu’on ne cherche plus des gens qui savent tout, mais une vision… Donc je pense que ces bourdes font partie de la construction du personnage. Et ça marche : la droite et une bonne partie des éditorialistes la critiquent avec mépris, alors que jusque là elle était plutôt aimée. Et ça crée un sentiment d’injustice et d’identification. Ainsi le fait qu’Alain Minc se soit prononcé pour Sarkozy par exemple est un signe.

Elle est entourée de gens très biens, sa démarche participative est intéressante et dans tout ça des propositions intéressantes vont sans doute émerger. Elle fait preuve d’une cohérence et d’un certain courage : elle ne cède pas à un antimondialisme protectionniste quand elle va en Chine, elle n’a pas enfourché la thématique facile de l’antiaméricanisme, en interne elle n’a pas eu peur de bousculer les profs et les élus. Elle prone une décentralisation accrue alors que les sondages montrent que les Français y sont plutôt opposés.

En résumé :

-elle n’est ni naïve ni incompétente, bien entourée elle ne pourra que surprendre;

-elle aura un programme et des propositions

-elle a un positionnement et une cohérence, une ligne parfois courageuse


-elle doit incarner physiquement le changement pour porter ce changement face à 50% de la population en opposition face à la politique, aux politiques classiques; mais sans tomber dans l’application d’une politique anti-élite ou démago.
Le fait qu’elle ait demandé à Strauss Kahn de participer sur la fiscalité, ou que Bianco ait dit que la gauche ne pratiquerait pas une politique keynésienne de la demande, parait de bonne augure.

Pour autant je ne suis pas rassuré pour autant : politiquement que va t-elle proposer ? Le compromis en train de se faire devrait me convenir, mais à voir. Et j’attends aussi de voir elle et son équipe mieux préparée sur la fin, capable de (me) convaincre sur ses compétences ou sa manière de diriger des gens compétents.

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Défense laborieuse de Ségolène (1)

janvier 7, 2008

Décembre 2007 : investie par le PS, au sommet de sa popularité, je me range totalement derrière sa candidature malgré quelques agacements. Je fais preuve d’une confiance dont elle ne sera pas totalement à la hauteur. Voici le message que j’envoie alors à un ami.

Effectivement je n’aime pas le style de Ségolène, elle ne s’adresse pas à nous, les « élites urbaines »… Mais je pense que c’est un espoir pour la vie politique, et les idées portées sont pleine d’espoirs , c’est la voie réformiste qui est choisie.

Donc il faut regarder derrière. Elle est entourée de gens très biens, sa démarche participative est intéressante, cela fait participer des milliers de gens, et dans tout ça des propositions intéressantes vont émerger. Elle fait preuve d’une cohérence et d’un certain courage : elle ne cède pas à un antimondialisme protectionniste quand elle va en Chine, elle n’a pas enfourché la thématique facile de l’antiaméricanisme, en interne elle n’a pas eu peur de bousculer les profs et les élus. Elle prone une décentralisation accrue alors que les sondages montrent que les Français y sont plutôt opposés.

Enfin elle n’est pas la naïve incompétente qu’essaie de présenter la droite, ni la catho apolitique que vilipende l’extrême gauche. Son personnage est construit, j’en suis persuadé, elle ne veut pas avoir l’image d’une représentante d’une élite que le peuple de gauche sanctionnerait.

Tout cela dit, on peut aimer ou pas, soutenir ou pas. Mais ne tombons pas dans le piège de l’apparence et du premier degrès.

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Les primaires socialistes accouchent d’une belle victoire (0)

janvier 5, 2008

Les primaires socialistes m’ont amené à me rapprocher de Socialisme et Démocratie, autour de la candidature de Dominique Strauss-Kahn. Sa défaite sévère ne m’enchantait pas, mais je pensais aussi que Ségolène Royal pouvait être une bonne candidate. Je ne faisais pas partie des anti-ségolénistes.

Ma vision était plutôt que DSK valait mieux que Ségolène, mais que dans tous les cas l’enjeux fondamental était la victoire sur les partisans de Laurent Fabius et Jean-Luc Mélenchon. J’avais écris un texte en ce sens pour R2, même si j’aurais un autre argumentaire aujourd’hui.

J’étais donc très satisfait que symboliquement au moins, nous soyons devant eux.

Je pensais que l’esprit de rénovation insufflé par Ségolène pouvait s’allier avec le réformisme de SD, que nous allions être intégré à la campagne, que la candidate allait progressivement se structurer, se construire, et tirer le parti derrière elle.

Je relis avec mélancolie ces mots d’espoirs d’un des ségolénistes du groupe R2, Jean-François Pascal, qui écrivait après la victoire interne de Ségolène Royal :

Qu’il s’agisse du socialisme par la preuve, de la mise en mouvement de la société et des territoires, d’une nouvelle démocratie sociale et délibérative, nous avons fait le pari de la rénovation.
Ce choix, parce qu’il fait écho à la demande sociale, l’a emporté très largement et acquiert ainsi une forte légitimité. Cela fait événement et je crois aux faits qui valident, ou non, les discours.

Je me réjouis également de la bonne tenue de DSK avec lequel j’ai toujours partagé une même conception des régulations économiques et sociales.
Ajoutant cette ligne à celle de Ségolène Royal, je constate que les militants ont plébiscité à une très large majorité le choix d’une gauche réformiste en prise sur le monde d’aujourd’hui, défendant les libertés et la solidarité.

Avec un peu d’humour j’ai presque envie d’écrire que la motion 4 vient de réaliser 82% au Parti Socialiste ! Relisez là et vous y trouverez la trame de ce nouveau parti socialiste qui nait aujourd’hui…

Lorsque l’optimisme confine à la naïveté…

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